Pour Rachid Nini, partir à l'encontre de la vérité, se heurte à la difficulté d'enterrer définitivement dans la trappe de l'histoire, l'héritage des «Tabous». Pour couronner le tout, le journaliste est pris dans une spirale de difficultés qui lui rendent la tache ardue. Il est très audacieux de soutenir que la presse constitue l'outil le plus efficace pour relever les réalités et dévoiler les vérités. C'est ainsi que Rachid Nini, Directeur de la publication du journal «Al Massaa», a démarré son allocution lors d'une conférence de presse tenue à Casablanca le 31 mars. Pour le staff dirigeant de ce quotidien arabophone, cette sortie ne doit pas s'apparenter à une campagne de collecte, une occasion pour tendre la main et ramasser les 600 millions de centimes dont Al Massaa doit s'acquitter, mais plutôt un évènement provoqué, pour tirer la sonnette d'alarme et dire que la liberté d'expression et la presse indépendante sont visées. Taoufik Bouachrine, rédacteur en chef, a intervenu, pour tirer au clair les causes de cette pénalité lourde. D'après lui, ce n'est pas la diffamation portant atteinte à un juge, suite à son apparition dans la cérémonie organisée par les «homosexuels» à Ksar Lakbir, qui a poussé le juge Mr El Alaoui à faire tomber le verdict de 600 millions de centimes à l'encontre d'Al Massaa, qui fait vivre 150 personnes et par conséquent 150 familles. Si ce journal est condamné à mort, c'est à cause du miroir dont-il dispose et qui reflète les imperfections de tout un système qui se veut démocratique, rehaussé au niveau des pays de droit. Apparemment, les patrons de ce quotidien sont amplement choqués, du fait que l'action en justice soit intentée auprès du tribunal de Rabat au lieu de Ksar Lakbir, comme ils étaient surpris par le verdict. Rachid Nini pose la question : Quelle est cette diffamation qui nécessite de débourser 600 millions centimes ? Il est clair que «gratter» cette lourde somme le moyen le plus sûr pour condamner à mort Al Massaa ! Vu la situation financière actuelle difficile de tous les supports de presse en matière de vente et de publicité, quel journal se permettrait de s'acquitter d'une telle pénalité ? La vérité est en face ! Le journaliste est pris dans une spirale de difficultés qui biaisent sa perception de la réalité amère et entravent ses possibilités pour refléter les grandes vérités. Khalid Al Jamaï, journaliste qui a répondu présent pour soutenir ses confrères d'Al Massaa, confirme que le journaliste est un prisonnier en liberté provisoire, dans la mesure où la censure n'est pas le fait d'interdire de dire, mais plutôt d'obliger de dire. Or, cette attitude jette le journaliste dans le filet de la soumission, laissant de côté ses propres traits de caractère. Une telle déclaration suscite la réaction de Rachid Nini, qui n'a pas dissimulé son inquiétude, non pas pour s'acquitter des 600 millions de centimes, très critiqués par le journal français le Monde et les ONG internationaux, mais plutôt pour l'avenir de la liberté d'expression au Maroc. Selon lui, une chose est sûre, on traîne encore en matière de liberté d'expression mal conçue dès l'origine et dont les actuelles ramifications demeurent non seulement controversées, mais balaient également l'idée que la presse joue le rôle de l'oeil veillant sur le bien être de l'individu en soulignant en rouge les pratiques malsaines portant atteinte à l'Homme au Maroc. Est-ce dire alors que les autorités sont en train de rater le coche de la démocratie ? Certainement, car même si l'on ne peut nier qu'elles paraissaient parfois avoir la bonne volonté de faire de la presse un outil de transparence, elles ont du mal à enterrer définitivement dans la trappe de l'histoire, l'héritage des années de plomb en matière de presse. Et lorsqu'il est difficile de se défaire des imperfections du passé, cela pose problème !