La question de l'Amazighité n'est pas une revendication culturelle, elle est soluble dans une identité plurielle assumée, pas autrement. herdane, qui n'entend pas raccrocher, a enfourché un ultime cheval de bataille: l'amazighité. Il réclame enfin, lui qui a puisé et épuisé cet électorat, la constitutionalité de la langue amazigh. Seulement c'est trop tard. La question amazigh ne peut plus être résolue par une approche purement culturelle. Le mouvement s'est radicalisé, avec un réel ancrage social. La question identitaire se confond aujourd'hui avec des revendications sociales, politiques, de lutte contre la marginalisation réelle des contrées amazighs. Cette radicalisation du mouvement a bien évidemment sa caricature, elle s'appelle Dgharni, celui qui veut créer un parti amazigh. Caricature, parce qu'il place la lutte au niveau de la période pré-islamique, il se croit en résistance contre Banou Hilal. Logiquement, il en conclut qu'il faut jeter les arabes à la mer et que «l'Islam est entré par l'épée et devra sortir par l'épée». Cette minorité d'activistes, a poussé le bouchon jusqu'à créer des associations d'amitié avec Israël, en s'appuyant sur un fait historique. Les Imazighens ayant cohabité avec les juifs pendant des millénaires et des tribus entières ayant été judaïsées. Cela fait le bonheur des panarabistes et des assimilationnistes. Le mouvement amazigh, est dès lors stigmatisé comme un danger pour l'unité nationale, allié du sionisme contre la «Umma éternelle». Une fantasmagorie répond à une autre. A qui la faute ! Aux pères du nationalisme marocain. Le Dahir berbère a été instrumentalisé pour mobiliser et cimenter ce qui était l'éveil d'une conscience nationale. Aherdane a raison sur ce point, l'utilisation du droit coutumier n'avait rien d'attentatoire à l'Islamité des Amazighs. Le nationalisme marocain a alors déclaré tabou la question et a adopté l'attitude la plus stupide, celle de considérer le Maroc comme un Etat Arabo-Musulman. Stupide, parce qu'elle est à l'origine de la radicalisation actuelle, parce qu'elle nie le pluralisme de notre identité et fait de ce qui constitue une richesse, un facteur d'implosion. Le Maroc est une terre amazigh et une nation à l'identité plurielle. Amazigh, juive, arabe, andalouse, africaine, méditerranéenne. L'Islam, religion dominante, a constitué un facteur d'intégration, mais il n'était pas le seul. Le Maroc est un vieil Etat-Nation, au sens moderne du terme et la Bataille d'Oued Al Makhazine en est l'expression. La perspective politique viable, c'est la consécration constitutionnelle et politique de notre identité plurielle, assumant cette diversité comme une richesse. Cela implique un repositionnement institutionnel d'importance. Bien évidemment, la constitutionnalisation de la langue est un premier pas. Cela signifie dans la foulée, l'usage de cette même langue dans les administrations, ce qui est peut-être un luxe dans les grandes villes, mais une véritable nécessité dans les zones amazighs. Mais ce n'est qu'une partie du dossier. Le Maroc utile et le Maroc inutile sont une réalité renforcée par les choix économiques depuis l'indépendance. L'existence d'une bourgeoisie amazigh ne peut occulter le fait que les régions les plus pauvres, les plus démunies en infrastructures, sont amazighs. Un recentrage des politiques publiques vers ces régions, est une obligation pour assurer la cohésion nationale. Cette vision d'ensemble urgente est nécessaire, pour éviter les glissements actuels. Ainsi, une revendication de discrimination positive pour les nominations, paraît inoffensive. Sauf que derrière, il y a une idée de «communautarisation» très dangereuse et surtout, qui n'a pas lieu d'être. Les amazighs ne sont pas une minorité opprimée. Ils constituent la majorité, et en face, il n'y a pas plus d'Arabes mais simplement des Arabophones. Reconnaître la diversité de notre identité s'impose aussi aux militants amazighs. Ils n'ont aucun droit de vouloir priver les Marocains d'une partie de leur identité. Ce combat est celui de tous les démocrates et de tous les Modernistes. Assumer la diversité de notre identité est un formidable gage d'ouverture, d'arrimage à l'Europe et au pourtour Méditerranéen. C'est surtout le meilleur moyen de renouer le fil de l'histoire et de sortir le Maroc des chimères de la «Umma éternelle, une et indivisible». Le Maroc n'a jamais subi le califat, il n'a pas à en subir les avatars d'une putréfaction maintenue par les illusionnistes intégristes de tous genres.