Dans une économie où le taux d'échec de projets avant de souffler leur cinquième bougie est très important, la pratique de l'essaimage parait un remède pour asseoir les PME-PMI sur une thérapeutique saine et correcte tout en lui assurant la pérennité. Mais au Maroc, cette pratique demeure méconnue et entravée Rappelons-nous de la charte de partenariat Grandes Entreprises et petites et Moyennes Entreprises, initiée par le Ministre de l'Economie, des Petites et Moyennes Entreprises et de l'Artisanat, chargé des affaires générales du gouvernement (MES MEA), signée à Casablanca en 2001. ce grand thème de politique économique a été conçu comme étant une stratégie remodelée pour la promotion de l'investissement. Une vingtaine de grandes entreprises publiques signataires de la charte s'y sont prêtées volontiers, qu'elles soient publiques ou privées, totalement marocaines ou filiales de grands groupes étrangers. Cette pratique a été une évidence depuis longtemps pour la sous-traitance. La plupart des grandes entreprises sous-traitent 60 à 95% des activités liées à leurs investissements. Cela commence aussi par l'essaimage. Quand un collaborateur crée son entreprise et que celle-ci est soutenue pour un temps par l'entreprise d'origine. Dans cet esprit, plusieurs sont les groupes qui ont joué un rôle important dans l'éclosion de PME –PMI et ont renforcé leur intégration via une relation donneurs d'ordre sous-traitants. Déjà en 2003, on a assisté à la création de plus de 80 nouvelles entreprises en conformité avec la loi. Les questions qui taraudent l'esprit aujourd'hui : pourquoi une telle pratique fort importante, voire primordiale pour l'essor de notre économie s'estompe ? Pourquoi n'a-t-elle pas pris de l'ampleur ? Où en est la charte ? L'objectif est de sensibiliser et de soutenir les entrepreneurs potentiels, en leur livrant des pistes de réflexion à même de les aider à passer à l'action pérenne d'entreprendre. Exception faite à ce qui est pris en charge par des associations d'incubation et d'essaimage, cette dernière pratique est mieux assise dans les habitudes des marocains, mais elle demeure livrée à l'informel. Cette pratique d'essaimage qui s'est toujours retrouvée utilisée dans l'entreprise, est une tradition sociale millénaire par laquelle le maître «lamaâlem» transfère son savoir faire et son expérience à son disciple «Mataâlem» pour le préparer à la prise de la relève productive dans sa propre entité. Les liens de leadership-collaborateur se transforment en rapport patron-protégé. Ce relationnel a toujours contenu en lui un symbolisme particulier. «Lamaâlem» voit toujours en son poulain une version jeune de lui et le poulain voit en son patron un modèle d'aspiration et une projection de son futur. Au-delà de déléguer les tâches en centralisant le pouvoir, et de confier le pouvoir de décision à un collaborateur tout en lui traçant un périmètre de prérogatives, l'essaimage est une pratique beaucoup plus importante. Du fait que le collaborateur crée sa propre entreprise tout en ayant comme appui solide les compétences et un savoir faire acquis dans l'entreprise d'origine, les entreprises dont les leaderships sont des essaimés, sont économiquement viables et génératrices d'une valeur ajoutée plus importante et socialement créatrices d'emplois. Ainsi, l'essaimage s'impose comme une stratégie de gestion de toute carrière flexible et de développement national. L'essaimage facteur de développement Dans la mesure où une idée est ponctuelle tandis que la vision est longtermiste, beaucoup de projet échouent après quelques années, parce que le leadership potentiel démarre son activité sur la base d'une idée non soutenue au lieu d'une vision stratégique. Comment donc assurer à une PME sa pérennité ? 90% des entreprises créées par essaimage, vivent non seulement au-delà de cinq ans, mais connaissent généralement de grands succès sur le marché, et ceci parce que l'entreprise a déjà une bonne maîtrise du secteur avant de se lancer, comme elles ont servi de fournisseurs fidèles ou sous traitants de qualité. Certes, Le Maroc a besoin plus que jamais de structures puissantes et des champions capables de se construire une notoriété nationale et internationale. Mais le chemin qui mène au succès à l'international est si tortueux qu'on ne saurait le fouler sans une forte intégration de la PME-PMI considérée non seulement comme entité de production mais un maillon productif lui assurant réactivité et flexibilité et par conséquent, une rationalisation des coûts. Des grands leaders avouent devoir une grande partie de leur réussite aux PME-PMI dont les leaderships sont des ex-collaborateurs aux seins de leurs groupes. D'après ces mêmes leaders, pour produire aux meilleurs coûts, dans les meilleures conditions de délais et de qualité et donc fonctionner suivant les technologies les plus évoluées, un système de sous-traitance composé de PME PMI essaimant autour de grands groupes d'industriels de tous les bords en quête de partenaires, parait incontournable. Les penseurs en matière de management et organisation soutiennent cette thèse et considèrent que les grandes entreprises ont toujours manifesté des difficultés à gérer l'innovation imposée par un maillon de leur chaîne de production, du fait de la rigidité des structures classiques. D'où la nécessité d'externaliser ce maillon ou de sous-traiter l'activité générée par ce maillon. Mais à qui se confier ? L'essaimage, une opération bloquée Plus l'entrepreneur a une bonne connaissance sur le marché, plus il maîtrise les différents facteurs qui l'influencent,et le succès sera garanti. La connaissance du marché est effectivement capitale, surtout lorsqu'il permet la découverte d'une niche et la formulation d'une offre innovante. De ce fait, une culture de leadership ayant la capacité à former une équipe gagnante et à développer des compétences distinctives est à inculper, et pourquoi pas, démystifier le concept de l'essaimage. A part les opérations d'essaimage pratiquées par des géants vis-à-vis des collaborateurs reconnus par leur qualité d'entreprendre personnelle, peut-on s'atteler sur les mesures incitatives que l'environnement économique peut mettre en avant pour favoriser la réussite et la pérennité de l'opération de l'essaimage. Certes, la charte que les grandes entreprises ont signée et évoquant le concept d'essaimage, demeure floue. Mais le blocage le plus important, est l'absence d'un comportement généreux d'accompagnement et de transformation des collaborateurs dont la compétence, un facteur clé de succès, est conforme au profil de meneur de projet, en leaderships. Ce n'est pas les éléments compétents qui manquent au Maroc mais c'est surtout la mise en place d'un programme d'essaimage bâti sur la capacité à former une équipe gagnante et à développer des compétences distinctives, qui fait grand défaut. Loin de Zoomer sur une compétence source de la comptabilité profil-projet à externaliser ou profil-activité à sous-traiter, les leaderships sont mobilisés par un certain degré d'égoïsme, de sorte que ceux qui ont droit à l'appui, sont les enfants ou les proches du patron. Sachant que l'opération d'essaimage se limite à des appuis tels que l'accompagnement managérial, transfert de savoir faire, jamais ces mêmes appuis ne se transforment en des béquilles financières. Ajoutons un autre facteur de blocage considéré majeur, celui de l'insuffisance des ressources de financement qu'il s'agisse de fonds d'investissement drainés par les capitaux-risqueurs ou de fonds empruntés émanant de la banque. Un directeur d'un fonds d'investissement, élément constitutif de l'ensemble d'un capital risque, déclare que son ambition est de parvenir à financer au moins 80% des projets présentés, mais l'absence de la pertinence d'un business plan, limite l'action de ces institutions.