Azdine El Mountassir Billah fait partie de la race des managers qui gagnent tout en changeant, avec une polyvalence admirable, de métier et de secteur d'activité qu'il imprègne de son propre style, de sa passion pour les challenges et les projets dont la réussite est entièrement mise au crédit des compétences des ressources humaines dans toutes leurs composantes. Pragmatisme, valeur ajoutée et obligation de résultats, sont les traits dominants du nouveau régulateur national indépendant des télécommunications. L'ingénieur expert et spécialiste en télécommunications, originaire de Bejaâd, mais qui aurait pu tout autant devenir sociologue ou historien, deux autres marottes dont les lectures ne le lâchent plus, ressemble à s'y méprendre à une réplique dans le réel de la fiction moraliste filmée au cinéma «Luke, la main froide», ou plutôt «Azdine, la main froide», tellement le personnage dégage une maîtrise de ses forces et faiblesses qui le prédisposent à rebondir aux moindres «échecs» de parcours et dont il tire sa force volontariste pour les transformer en facteurs de succès. Et ce, tellement l'homme avant le dirigeant, n'arrive pas à se départir d'un calme constant en toutes circonstances et quelle que soit l'acuité des situations à affronter. La «main froide», oui, mais le «cœur chaud» encore plus, pour ne pas dire «bouillonnant» même, sans rien laisser transparaître de ses émotions, qui irriguent les veines d'un manager de la nouvelle génération résolument pragmatique et, surtout, chevillé à la réussite collective des projets structurants qu'il a eus à entreprendre pendant 30 années d'une carrière largement bien garnie. Des valeurs fortes enracinées Les Ressources humaines, il y croit dur comme fer et s'en réclame en appuyant son argumentaire avec force conviction : «dans le secteur des services où nous sommes, 100% de ce que nous produisons sort de la tête et des mains des ressources humaines». C'est m^me un credo coriace dans la philosophie managériale du nouveau patron de l'ANRT qui fait sienne entièrement, et sans retenue aucune, la célèbre pensée de Buffon «Il n'est de richesse que d'hommes». Si retenue il y aurait, c'est juste pour préciser que les certitudes d'Azdine El Mountassir Billah, un adepte du management anglo-saxon générateur de valeur ajoutée, qu'il met un ton au-dessus comparé au management latin quelque peu cartésien, sont orientées vers la fédération des synergies collectives humaines pour atteindre les objectifs à travers des réalisation intermédiaires fixées en termes d'obligation de résultats. C'est dire que le Directeur Général de l'ANRT est loin de verser dans le populisme de propagande ou dans un «égalitarisme» démagogique. C'est qu'à ses yeux, il n'y a pas de secret dans la réussite à l'aune des enseignements prodigués par les vertus cardinales d'une éducation rigoureuse que sa famille s'est appliquée à transmettre au jeune adolescent. Des lignes de conduite qu'il tient de ses grands-parents à Oued Zem et que lui ont léguées, en profondeur, ses parents dont la mère Fassie et le père Charkaoui, un juge à la retraite qui a fait de brillantes études, dans les années 40, dans la légendaire Qaraouiyine. Ces valeurs fortes, il ne cesse de s'en référer à tout moment lorsque l'occasion se présente : «mes parents m'ont inculqué l'esprit d'équité et le sens de l'effort que je m'applique à mettre au service d'autrui». Pas de réussite sans un goût prononcé pour le travail assidu et bien fait, voici un autre credo vite adopté qui n'est pas sans lui rappeler la sagesse proverbiale d'un Jean de La Fontaine qui écrivait, dans «Le Laboureur et ses enfants», que «Le travail est un trésor» ou encore «Sans un peu de travail, on n'a jamais de plaisir» dans «Le singe, la guenon et la noix». Si bien qu'il les a aussitôt mis en pratique dans ses études entamées à Fkih Ben Salah et à Casablanca et brillamment achevées à Paris en 1983 en étant lauréat de l'Ecole nationale supérieure des télécommunications. Deux années auparavant, il avait obtenu à Toulouse une maîtrise d'Electronique, Electrotechnique et Automatique à l'université Paul Sabatier. Trois décennies durant, Azdine El Mountassir Billah a capitalisé dans un nombre impressionnant de projets structurants qui ont considérablement enrichi son bagage général et professionnel et affermi son expertise. En conduisant des missions importantes et en occupant des fonctions stratégiques qui l'ont conduit, dans un premier temps, à s'acquitter de ses devoirs de «civiliste» à la RAM entre 1983 Et 1985. Il n'est pas près d'oublier cette compagnie qui a constitué pour lui une «véritable grande école en y découvrant tous les métiers du monde» lorsqu'il y exerçait en qualité d'ingénieur d'études au département informatique. Mais le consulting l'a vite séduit, à la fin de son service civil à la RAM, pour rejoindre les rangs du cabinet français de conseil SEMA Groupe en qualité de Consultant Senior. Pas pour longtemps, car l'homme à la mobilité qui n'a d'égale que son ambition de changement, a basculé dans le monde de la finance en intégrant, en 1982 jusqu'en 1998, la banque CIH où il a officié, tout au long d'une décennie, en qualité de Directeur Central. Les hommes passent, les institutions restent ! Et il n'est pas près d'oublier cette «belle aventure où pendant dix années ma contribution a pesé dans la transformation d'un établissement de crédit classique promu à une vocation de banque universelle». Ce créneau l'attirera, une fois de plus, entre 1998 et 2000 en prenant la direction générale d'Interbank qui fournit des prestations pour le compte d'une dizaine d'institutions financières clientes. Avant de s'embarquer pour l'entreprenariat privé en fondant, autour d'un tour de table regroupant de grandes signatures bancaires à l'instar de la BP, BMCI, SGMB et Crédit du Maroc, la première société marocaine de commerce électronique, Télécommerce où il s'est attaché à promouvoir l'activité du e-business et du paiement sécurisé par Internet. Un des projets réussis qui l'ont le plus marqué : la mise en place du nouveau système de télédéclarations pour le compte de la CNSS qui absorbe, désormais, 700 000 affiliés en ligne. Tout comme Il est fier du succès qu'a connu le grand projet structurant d'accompagnement de la CNSS, la CNOPS et l'ANAM dans la mise en place du nouveau système d'information et d'organisation relatifs à l'AMO ? Pour l'instant, il ne vous touchera pas un mot sur l'avenir de l'ANRT car il fait preuve d'une humilité qui l'honore en assurant qu'il «est en train d'apprendre. On en reparlera dans 6 mois ou dans un an». Sur l'heure, il s'astreint à assurer la «continuité dans le changement» en ne manquant de signaler, au passage, que «la passation a été exhaustive et s'est déroulée dans d'excellentes conditions» tout en rendant hommage à son prédécesseur Mohamed Benchaâboun qui a su mettre en place les tendances lourdes. Et la nomination Royale ? S'il se dit «comblé et heureux» en ce jour historique du 29 février 2008, il n'en demeure pas moins qu'à ses yeux, «cela représente un véritable challenge pour redoubler d'efforts afin de me montrer à la hauteur de la confiance Royale». Une certitude : El Mountassir rend hommage à la clairvoyance d'un Roi visionnaire qui a su poser les fondements solides accélérant le passage de la société «de l'individuel à l'institutionnel. Les hommes passent, les institutions demeurent».