En abritant la 11ème édition du Sommet de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), le Sénégal entend, parvenir, en partenariat avec le Maroc qui préside en permanence l'une de ses instances les plus stratégiques, le Comité Al-Qods Acharif, à un consensus salutaire des 57 Etats membres autour d'une révision de la charte et du lancement d'un programme de coopération bilatérale et multilatérale au double plan économique et scientifique. Les Chefs d'Etat et de gouvernement et les ministres des Affaires étrangères représentant ces derniers se retrouvent les 13 et 14 mars courant dans la capitale sénégalaise pour tenter de raffermir les solidarités arabo-islamiques et de relancer le processus de paix au Proche-Orient tout en condamnant les récents événements dramatiques dans les territoires palestiniens suite aux attaques sauvages de l'armée israélienne. La nouveauté de ce Sommet, auquel le Maroc qui en préside le Comité Al-Qods Acharif entend réitérer ses fermes positions pour la création d'un Etat palestinien indépendant avec pour capitale Al-Qods Acharif tout en réitérant sa condamnation des massacres perpétrés par Tsahal, se traduit par le choix inédit d'une thématique à l'ordre du jour intéressant le partenariat économique et le partage du savoir entre les Etats de la Oummah. C'est un tournant remarquable de l'OCI qui vient de franchir un palier en étendant l'éventail des débats à d'autres questions économiques, sociales, culturelles et scientifiques que les seules et classiques sujets liés aux volets politiques et religieux. Sur ce point, justement, et la charte de l'organisation, qui devrait connaître une révision lors du Sommet dakarois, le stipule expressément : l'OCI n'est pas une organisation strictement religieuse mais son activité englobe, aussi, les domaines politique, économique, social et culturel. D'ailleurs, plusieurs membres à part entière ou au statut d'observateur de l'OCI démontrent cette règle. Des pays comme la Chine, la Russie et l'Inde où existent des communautés musulmanes importantes ont le statut de pays membre observateur. Tandis que d'autres à composantes musulmanes minoritaires, comme la Côte d'Ivoire, la Guyane, l'Ouganda et le Surinam y disposent de leurs pleins droits de membres à part entière. Le rôle du Royaume est majeur dans la genèse de l'OCI en étant un des Etats fondateurs avec la conférence initiale tenue à Rabat en 1969 et en dirigeant l'activité de son Comité permanent Al-Qods piloté par le Souverain marocain. Ce rôle sera rappelé au Sommet de la semaine prochaine à travers le raffermissement des engagements du Maroc dans la préservation des Lieux Saints de l'Islam, la défense de la cause palestinienne et de l'intégrité territoriale des Etats ainsi que la dénonciation du terrorisme sous toutes ses formes pour signifier clairement que notre religion est étrangère aux courants barbares qui s'en réclament à des fins criminelles. Ce rôle actif et influent du Maroc au sein de la Oummah est corroboré par le constat que notre pays est le seul des 57 Etats membres à avoir conduit à deux reprises consécutives les rênes du secrétariat général de l'OCI. D'abord dans la période 1997-2000 avec Azzeddine Laraki et, dans la foulée, en 2001-2004 avec Abdelouahed Belkeziz. Fondée le 25 septembre 1969 à l'initiative de plusieurs dirigeants du monde arabe et musulman qui se sont réunis à Rabat pour dénoncer l'incendie criminelle de la Mosquée Al Aqsa de Jérusalem, ayant son siège dans la ville saoudienne de Djeddah, l'OCI dispose d'une délégation permanente auprès de l'ONU. C'est une organisation inter-gouvernementale destinée à assurer la sauvegarde des Lieux Saints de l'Islam qui soutient la cause palestinienne. Outre ces deux constantes stratégiques, l'OCI se donne comme objectifs énoncés par sa charte de mars 1972 de consolider la solidarité islamique entre ses Etats membres, de renforcer la coopération économique et culturelle entre eux, de promouvoir leur unité d'action au sein des organisations internationales. Séculiers ou laïcs : un même combat L'OCI vise, également, à lutter contre la discrimination raciale et le colonialisme sous toutes ses formes, à œuvrer pour l'instauration d'une paix durable entre les peuples de la Terre, à contribuer à la sécurité mondiale, à encourager la compréhension et la coopération entre les Etats membres et les autres pays, ainsi qu'à défendre la dignité et l'indépendance de tous les Musulmans. La tolérance dans la composition des acteurs de l'Organisation de la Oummah est un facteur important dans la philosophie d'action d'une institution dont le rayonnement n'a pas fini de se répandre sur le globe. Cette tolérance se vérifie par la coexistence, au sein de l'organisation, entre pays membres aussi bien séculiers, à l'instar de la majorité, que laïcs illustrés par les cas de la Syrie, la Tunisie et la Turquie entre autres. En outre, l'éventail de la composition de l'OCI n'est guère restrictif si l'on considère que certain pays membres y sont représentés par des Chrétiens. Parmi les actes historiques majeurs de l'organisation de la Oummah, signalons l'appel d'octobre 2006 connu sous le nom «Document de La Mecque» qui incitait à la fin des violences interconfessionnelles entre chiites et sunnites, à la libération des otages et à la préservation de l'unité de l'Irak. Rappelons aussi que la première conférence OCI s'était tenue en 1970 au niveau des ministres des Affaires étrangères en Arabie Saoudite et que celle de mars 1989 avait condamné les «versets sataniques » publiés par Salman Rushdie. Un palier décisif avait été franchi le 5 août 1990 avec la promulgation par l'organisation de la déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam dans une tentative de les rendre compatibles avec la Chariaâ. Les deux Sommets de l'OCI tenus à Taïf en 1981 et au Koweït en 1987 avaient convenu du projet de création d'une Cour internationale islamique de Justice.