C'est depuis des lustres que l'on cherche à relooker, restructurer, voire réanimer ce bon vieux championnat du football de «l'Elite». La preuve que les dirigeants seraient animés de bonnes intentions. La preuve aussi que ce sont les premiers à reconnaître que ce n'est toujours pas ça. La fameuse mise à niveau telle qu'elle a été annoncée devait permettre tous les rêves. Mais il y a le facteur temps et tous ces retards et erreurs accumulés. Il y a surtout cette réticence de la part d'intervenants qui ne veulent en aucun cas être bousculés dans leurs vieilles habitudes de dirigeants d'un autre âge, gérant (ou presque) les menues affaires du club, et par là, celles de tout un football. Résultat, on a perdu de longues et précieuses années et cela semble se poursuivre encore. Les poches de résistance n'ont-elles pas eu raison de toute une stratégie qui aurait permis un départ idoine si elle avait été adoptée ? Il y aura tout de même eu quelques louables changements qui ont en plus «le mérite» de ne pas déplaire au lobby de la médiocrité. C'est une bonne chose, en fait, qu'il y ait plus d'argent et que tout le monde puisse en profiter. Et c'est également appréciable de voir quelques protagonistes sortir par moment des parties assez plaisantes. Mais force est de constater que le vrai changement n'est pas pour demain. On a bien peur, par exemple, que ce soit la déception pour ces pelouses tant attendues. La pelouse artificielle dont on a tant chanté les louanges ne semble pas faire l'unanimité. Les critiques fusent de toutes parts. Il faut dire que l'on devrait s'activer pour la généraliser à tous les stades devant servir pour les matchs de «Botola 1». Pour l'heure, les joueurs se mêlent les godasses, se perdant entre le naturel et l'artificiel ou quelque chose d'hybride, entre les deux. Cela n'est pas sans influer sur le niveau. Et pour ce qui est du niveau justement, il n'y pas qu'un certain Michel qui ait dit qu'il laissait à désirer. C'est même un secret de Polichinelle. Il est vrai que ce n'est pas très motivant pour les joueurs d'ici de se sentir irrémédiablement écartés de l'équipe nationale, mais il n'est pas moins vrai que l'équipe nationale se mérite. On ne peut dire d'un Alloudi, par exemple qu'il est le produit d'un autre championnat. L'initiative de l'intérimaire Jamal de convoquer une première liste de locaux ne serait pas pour déplaire, même si l'on pense que la liste finale ne devrait pas trop différer de celle de Michel, Fakher ou Zaki. Notre bon vieux championnat se distingue aussi par une autre «grande» particularité : les entraîneurs y sont limogés beaucoup plus qu'ailleurs. Ce n'est sûrement pas sans influer sur le rendement des joueurs. Et de plus, on ne peut parler d'«école» et encore moins, comme l'a si maladroitement commis une plume distraite, d'«école marocaine». Notre football est ouvert à tous les courants d'air, ceux venant de l'Est, de l'Ouest et même de l'Amérique latine ou d'ailleurs. Pour ce qui est des techniciens nationaux, c'est une sacrée mosaïque : ceux du Heysel, ceux de Moulay Rachid, ou issus de l'Education Nationale, ceux pouvant se prévaloir d'un semestre en Allemagne ou d'un petit mois quelque part en Angleterre, voire d'une dizaine de jours à Claire Fontaine…Et ceux qui n'ont rien, mis à part un sacré culot.