L'appui aux efforts des agriculteurs, en matière de semences certifiées, vient de recevoir un coup de pouce déterminant de la part des pouvoirs publics. Les problèmes d'approvisionnement en semences (récurrents chaque année, à cette période) connaitraient-ils une solution appropriée ? Les professionnels du secteur agricole l'espèrent du moins. Et le gouvernement y oeuvre, pour sa part. En témoignent les positions, cette semaine, prises par deux poids lourds du cabinet El Fassi, en l'occurrence Aziz Akhannouch et Salaheddine Mezouar, respectivement ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime et ministre des Finances. «Les réformes relatives au domaine des semences interviennent suite à la flambée des prix des céréales sur le marché intérieur, dûe à la hausse des cours de ces produits au niveau international. Ces réformes visent à assurer l'approvisionnement du marché en semences certifiées et à améliorer les conditions de leur commercialisation, afin que les agriculteurs puissent les acquérir à des prix abordables», a déclaré en substance M. Akhannouch. «Cette convention est la deuxième en son genre signée avec le ministère de l'Agriculture en l'espace de cinq mois. Nous considérons que cette initiative est positive puisqu'elle s'inscrit dans les mesures préventives pour anticiper les éventuelles contraintes de la future saison agricole», précise, quant à lui, M. Mezouar, faisant allusion à l'accord conclu, en début de semaine, entre le gouvernement et les deux plus importantes ONG qui opèrent dans ce secteur, l'AMSP (Association Marocaine des Semences et Plants) et l'AMMS (Association Marocaine des Multiplicateurs de Semences). Une superficie de 20.000 ha traités Les professionnels et les pouvoirs publics ont, en effet, signé un accord visant à éviter les problèmes récurrents d'approvisionnement en semences céréalières ; un arrêté qui porte sur le renforcement du programme de multiplication de semences au niveau des zones irriguées, pour atteindre 20.000 ha au lieu des 14.000 ha traités habituellement et matérialiser la mise en place d'un nouveau système de soutien à l'ensemble de la filière semencière dans le Royaume. Les importations agricoles impactées Il faut préciser que le mécanisme du nouveau système de soutien à la filière semencière s'articule notamment sur l'instauration d'un prix incitateur, en se référant aux prix du marché des céréales communes, majoré d'une prime de multiplication de 15%. Le montant de subvention unitaire proposé au titre de la campagne agricole 2008-2009 sera de 115 DH le quintal pour les semences certifiées de céréales d'automne; semences que les experts classent dans les catégories dites G3, G4, R1 et R2. Il faut également souligner que le montant global requis par ce soutien apporté par l'Etat à la filière se chiffre à plus de 125 millions de DH. Cet apport sera financé par le FDA (Fonds de Développement Agricole). Le système, expliquent les professionnels qui suivent le dossier, est également porté par le principe de la mise en place d'un soutien normatif qui puisse encourager l'utilisation de semences certifiées et de «maintenir leurs prix de vente à des niveaux abordables en comparaison avec ceux des céréales communes», confie-t-on auprès des deux ONG engagées dans ce programme. Pour soutenir efficacement la mise en marche de ce programme dédié à la sécurisation de l'approvisionnement en semences céréalières, le ministère de l'Agriculture a initié une démarche d'encadrement en faveur des multiplicateurs en vue d'améliorer la productivité et la qualité des semences. Une campagne de sensibilisation a d'ailleurs été lancée dans ce sens afin d'améliorer le taux d'utilisation des semences certifiées. En matière d'irrigation, il s'agit de souligner que la priorité a évidemment été donnée aux parcelles destinées à la multiplication. Pour mémoire, les importations du Royaume en termes de céréales (blé, maïs et orge) ont pratiquement doublé de volumes en ce qui concerne la période de janvier à novembre 2007, atteignant environ 12,45 milliards de DH alors que le niveau s'établissait à seulement 4,8 milliards de DH, au titre de la saison précédente. Ces achats de céréales ont naturellement impacté l'accroissement global des importations, et ce, à hauteur de 18,5%, lesquelles ont atteint, à la fin de 2007, un montant de 233,30 millions de DH. Commentant cette tendance, Abderrahim Benyassine, chef de la Division des Céréales, Légumineuses et Fourrages au ministère de l'Agriculture, explique que «le nouveau système d'approvisionnement en semences céréalières certifiées, au titre de la campagne agricole 2008-2009, est de nature à donner plus de souplesse aux sociétés semencières dans la détermination des prix de vente en maintenant un différentiel raisonnable». A préciser que le Comité permanent des Semences et des Plants, regroupant les professionnels et l'Administration, procédera au suivi rapproché de l'évolution de la campagne agricole et de la situation du marché des céréales dans le but de proposer toute mesure supplémentaire nécessaire, si l'évolution de la campagne le requiert.