Bien qu'efficientes, les institutions actuelles présentent des lacunes, sur cette question le rapport de la CNUCED sur «l'examen de la politique de l'investissement au Maroc» préconise plusieurs pistes. Il commence d'abord par noter les atouts et les faiblesses de la direction des investissements (DI), du temps qu'elle était sous la coupe du Ministère des finances. Parmi les atouts, on peut citer : • La DI est une structure administrative efficace pour le traitement des Investissements étrangers directs (IED), elle a réussi à attirer des investissements importants notamment plusieurs projets gagnés face à la concurrence internationale. • Les hauts fonctionnaires sont techniquement au point et font preuve d'un grand professionnalisme. • La structure transversale est logique et bien adaptée. • La DI entretient des relations «d'influence» avec le gouvernement. Le chapelet des faiblesses est autrement plus impressionnant. • La DI réagit plus qu'elle n'anticipe parce qu'elle considère qu'elle n'a pas de vocation commerciale. • Il n'y a pas d'évaluations de performances, ce qui laisse entendre qu'il n'y a pas d'objectif d'efficacité. • Ses locaux sont ceux d'une administration, sans salle d'attente ni signalisation. • Son site Internet est «constamment en construction» et ses documents de promotion sont rudimentaires. -Elle se limite aux marchés traditionnels (France, Espagne, Italie). • Elle ne cible pas ses prospects sur la base de propositions. • Elle a raté le coche en Allemagne par exemple. • Elle n'a aucun programme de suivi des investissements réalisés. • Enfin, elle manque de fonds. La comparaison avec les agences de promotion de l'investissement de la région tourne au désavantage de notre Direction des investissements. Elle dispose de peu de personnel, d'un faible budget et surtout d'aucune autonomie. Son seul avantage est que près du tiers de son personnel jouit d'une expérience probante dans le privé. Le rapport envisage plusieurs modes de fonctionnement. D'abord, celui d'une agence de droit privé avec un système de récupération des coûts qui dépend des investissements attirés. Le moyen de lui donner une large autonomie et de la sanctionner, positivement ou négativement par rapport à ses résultats. Seulement ce changement de statut entraîne la perte de l'expérience accumulée et le risque d'oubli de l'intérêt général. Le second choix est celui d'un établissement d'économie mixte en assurerait la continuité tout en intégrant des modes de gestion privée. L'expérience mondiale dans ce domaine est négative, le privé se retirant souvent après quelques années. Le troisième choix, celui qui a la préférence du rapport consiste à créer une agence de promotion, totalement financée par l'Etat mais autonome dans sa gestion bien que relevant de la primature ce qui lui laisserait la possibilité d'influencer les politiques publiques. Le rapport insiste sur le fait que l'articulation des relations entre l'agence et son autorité de tutelle doit «donner à l'API l'autonomie fonctionnelle nécessaire pour cibler et attirer les IED, tout en garantissant que les besoins des Investisseurs trouvent une réponse politique». Le rapport propose aussi d'en finir avec le chevauchement entre la DI et les centres régionaux d'investissement en donnant à l'agence à naître le rôle d'instance et de coordination, ce qui est un problème politique à régler. La nouvelle agence devrait abandonner la vocation généraliste actuelle pour une mission précise axée sur la réalisation d'objectifs d'efficacité particuliers. Elle devra être dotée de moyens plus conséquents, au moins 3 fois le budget actuel et être assurée de l'accès aux centres de décision. Cette proposition faisait son chemin et l'on parlait à la fin de l'ère Jettou de cette perspective. L'agence autonomie était même annoncée comme imminente, avant que Sa Majesté Le Roi ne place la direction des investissements sous la houlette du Ministre de l'industrie Monsieur Chami. Depuis, l'on ne sait s'il s'agit d'une étape vers l'autonomie ou juste d'une plus grande cohérence institutionnelle. Les experts de la CNUCED lient eux l'efficacité à l'autonomie et surtout au renforcement de la crédibilité vis-à-vis du secteur privé, par plusieurs ajustements, en particulier, un Conseil d'administration avec des représentants du privé et un Conseil consultatif distinct composé des investisseurs installés au Maroc. Commander des rapports c'est bien, s'en inspirer c'est mieux, ne pas communiquer dessus, c'est idiot.