À quelques jours de son arrivée dans la région du Moyen-Orient, d'une part, pour tenter de rapprocher les palestiniens et les israéliens, et de l'autre, ( ce qui est le plus important ), mobiliser les Etats arabes modérés contre la République islamique d'Iran, cette dernière a pris l'initiative, en provoquant trois navires de la flotte américaine dans le détroit d'Hormuz. Est-ce un test de la part de Téhéran ? Ou bien, vise-t-elle à montrer au monde entier que toute tentative de frappe militaire contre elle, aura des conséquences catastrophiques sur les intérêts de tous. Dans les couloirs de la Ligue Arabe, les ministres des Affaires étrangères, venus pour trouver une issue à la crise libanaise, et pour définir des points communs qui devraient faire avancer le processus de paix israélo-palestinien lors des réunions prévues entre leurs chefs d'Etat et le président américain, n'avaient qu'une seule obsession : L'Iran restera-t-elle les bras croisés face aux menaces formulées par ce dernier à la veille de sa tournée moyen-orientale ? Surtout, après que celui-ci ait déclaré que «son déplacement vise, en premier lieu, à contrecarrer son influence dans la région». Il est déterminé à réaliser son «rêve» dans le temps perdu, et, par là, mettre la communauté internationale devant le fait accompli. En focalisant sur cet éventuel danger, (la frappe de l'Iran), les ministres arabes des Affaires étrangères, notamment des pays concernés, étaient, semble-t-il, au courant des risques que pourrait engendrer cette tournée de George Bush. Lui, qui sait mieux que quiconque, que l'Etat hébreu n'avait aucunement l'intention de faire des concessions sur les sujets portant sur le statut final. Ce, malgré les récentes déclarations d'Ehud Olmert selon lesquelles il laissait entendre que le retrait aux frontières de1967 est désormais faisable et que «donner» la partie Est d'Al-Qods est aujourd'hui une nécessité pour arriver à instaurer la paix entre les deux peuples. Pour le Premier ministre, ministre des Affaires étrangères qataris, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al-Thani, qui rentrait de Damas dans le cadre d'une intermédiation concernant le dossier libanais, les chefs arabes des pays visités par le président américain, à savoir, l'Egypte, la Jordanie, l'Arabie Saoudite, le Koweit, le Bahrein et le Qatar, doivent convaincre ce dernier d'éviter d'accroître ses pressions et ses menaces vis-à-vis des Iraniens. Car leurs dirigeants, toutes tendances confondues, ont fait savoir à leurs voisins, qu'ils ont les moyens suffisants pour «saboter» la tournée de Bush si celui-ci poursuivait son agressivité et, se pliait aux revendications de Tel- Aviv, portant sur la nécessité d'attaquer les sites nucléaires iraniens. Dans ce même contexte, Mourched Al-Thaoura, Ayatollah Ali Khameneï est monté au créneau pour souligner que la République islamique n'a aucun intérêt, à l'heure actuelle, de normaliser ses relations avec les Etats-Unis. Tous les indices qui se rassemblent, à l'occasion de la tournée de Georges Bush dans la région, montrent que la tension a tendance à s'installer. De ce fait, il ne faut pas exclure, ni la montée des attentats contre les troupes américaines en Irak, ni contre les intérêts de Washington et ses ressortissants. La dernière carte C'est ce que craignent les services de renseignements des pays arabes dits « modérés ». Surtout qu'il est très facile de faire porter le chapeau à Al-Qaïda, notamment après qu'Oussama ben Laden ait appelé, il y a quelques jours, à intensifier les attaques contre les Américains lors de la présence de leur président dans la région. Au Caire, le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Abou al-Ghaith devenu la bête noire des Israéliens après l'ouverture du point de passage de Rafah aux pèlerins palestiniens), a indiqué à La Gazette du Maroc, que les responsables israéliens, déploieront des efforts considérables pour pousser Bush à donner son feu vert pour frapper l'Iran. Car cette dernière s'apprête à attaquer Israël, et ouvrir le front avec le Liban à travers Hezbollah, doté désormais de missiles à longue portée. Malgré sa préoccupation, le Secrétaire général de La Ligue Arabe, nous disait que la visite de Bush constitue le dernier effort pour rapprocher les points de vue entre israéliens et Palestiniens, avant la fin de son mandat qui expirera dans un an et deux semaines. D'autant que l'année 2008 sera celle de la lutte pour le pouvoir aux Etats-Unis, et que de ce fait, les médias américains seront beaucoup plus préocupés par la course à la Maison-Blanche qui a démarré dans les deux Etats les plus importants, que par les rencontres effectuées avec Ehud Olmert et Mahmoud Abbas. Et parce que la nouvelle administration aura besoin de plus de temps pour mettre en place ses hommes et définir ses politiques, l'année 2009 sera une année perdue. Ainsi, George Bush est déterminé à réduire le fossé entre Israéliens et Palestiniens lors de sa dernière tournée dans la région. Le président américain estime que les divergences sont atténuées, pour preuve, Olmert n'aurait jamais osé parler du retrait aux frontières de1967, de l'Etat palestinien, encore moins de rendre l'Est d'Al-Qods, en dépit de trouver une solution des grandes colonies proches de la ligne verte. Cela, dans le cadre de l'échange des territoires. L'administration Bush, avec ses faucons, font aujourd'hui des pressions sans précédent sur les deux parties, afin de faire les concessions nécessaires à l'aboutissement du processus de paix et mettre, d'une façon définitive, un terme au conflit. Si la démarche américaine dans le temps perdu portait ses fruits, il serait alors possible de préparer le terrain pour frapper l'Iran. C'est ce que pensent certains dirigeants israéliens, comme le ministre de la Défense, Ehud Barak. Ce dernier ne cesse de répéter que la stabilité de la région du Moyen-Orient doit forcément passer par la neutralisation du régime iranien, et, pourquoi pas, par sa destitution. Barak peine pour convaincre les modérés de l'équipe de Bush, que tant que le pouvoir actuel à Téhéran soutient l'Irak, les territoires palestiniens, le Liban et même l'Afghanistan, ne connaîtront jamais la stabilité. Mais, cette frange de l'administration américaine continue à considérer que l'année 2008 pourrait être celle d'une solution du problème existant entre l'Iran et les Etats-Unis. Dans ce cadre, elle rappelle que la république islamique a adressé, à la fin de l'année dernière, des messages positifs à l'égard de Washington. Et que si ces initiatives sont prises au sérieux, beaucoup de dossiers compliqués trouveront des issues qui arrangeraient tout le monde. Washington a remarqué que les Iraniens ont essayé d'ouvrir des portes pour des ententes en Irak et en Afghanistan. L'ambassadeur américain à Baghdad, Ryan Krocker, joue aujourd'hui l'artisan de cette ouverture. Ce, en plus, des efforts déployés par le roi Abdallah ben Abdelaziz, qui a invité le président iranien à effectuer le Haj et aussi les qataris qui l'avaient invité, quelques semaines auparavant, à participer au sommet du CCG (Conseil de coopération du Golfe) tenu à Doha. Les «provocations» de la marine iranienne dans le détroit d'Hormuz, démenties par le gouvernement iranien, pourraient servir d'alibi pour les Israéliens, afin de faire pression sur George Bush et, par là, le contraindre à accepter l'idée d'une frappe militaire sans fixer la date ? Tout est possible, sauf si les chefs d'Etats arabes, à qui le président américain rendra visite après son escale israélienne, arrivent à le convaincre d'éviter une telle aventure. Dans tous les cas de figure, la mise en scène du détroit d'Hormuz porte un double message . Ce sont d'abord les intérêts stratégiques des Etats-Unis qui seront en jeu si Bush franchissait les lignes rouges. Ensuite, l'Occident verra le prix du baril dépasser les 200 $.