La BMCI parraine un beau livre intitulé « Tanger » signé Mohamed Métalsi et illustré par Jean-baptiste Leroux. Un livre qui a choisi un bon timing pour parler d'une cité cosmopolite à l'héritage grandiose. La ville des arts, de la culture et de la folie urbaine. Il est de bon ton d'écrire sur Tanger aujourd'hui. De ville marginalisée, livrée à l'anarchie de tout bord, elle vit en ces moments une certaine renaissance. Une seconde vie qui semble avoir éveillé l'intérêt de plusieurs sensibilités. Et un beau livre qui rend compte de l'histoire de cette cité est le bienvenu dans un moment où la mémoire idéelle et visuelle de Tanger se doit d'être réhabilitée. Nous l'avons déjà vu, dans les textes de notre confrère Fouzia Ejjawi (Voir LGM numéro 551) dont un article sur le Tanger de Matisse suivi d'un autre sur le séjour tangérois de Delacroix. Tanger, ville d'art et d'artistes, ville de la nuit, ville des mélanges et des pastiches, ville éparse, multi-faciale, multi-céphale aussi. Tanger et ses ruelles où tout le monde pouvait côtoyer Paul Bowles, William Burroughs, Tennessee Williams, Jack Kerouac, Robert Plant et Jimmy Page, Randy Weston, Mick Jagger et les Stones; Tanger et son Soco où Antonio Fuentes, l'un des plus grands peintres de la ville, ami de Picasso a vécu jusqu'à il y a quelques années. Oui, Tanger, la ville des folies urbaines, est aujourd'hui au centre du monde. Grands chantiers en cours, défis économiques, essor humain et culturel, aura internationale, Tanger est une capitale de la Méditerranée qui s'est positionnée comme un pilier régionale non seulement sur le plan local, mais aussi universel. «Tanger n'est pas comme les autres…» Elle n'a pas eu un destin commun, ni une histoire banale. Ville des contrastes, carrefour des grandes puissances, Tanger s'inscrit en lettres capitales dans les annales de l'Histoire humaine. Cette fête pour l'oeil, tant décrite par Eugène Delacroix qui a foulé son sol en 1832, a connu tant de bouleversements qui ont imprimé leurs richesses à un héritage historique et humain déjà enraciné dans la culture de cette contrée. Il est évident que les villes ont un destin particulier. Le détroit, l'Europe à quelques encablures, la sainte de l'Afrique, une telle position confère à la base à ce site un statut humain très à part. La conscience collective s'en nourrit, l'art et la culture s'en enrichissent et l'impact humain se définit alors en créations. Rien de tel que l'Art pour parler d'une ville. Images, textes, instants poétiques, chroniques sociales, délires urbains, tout prend corps sur le macadam, rend compte du foisonnement à la fois métallique et doux d'une cité qui se refuse à entrer dans un moule. Tanger dépasse le cadre de ses propres attributs. Comme il y a des êtres qui échappent aux compartimentations des genres, Tanger fait partie de ces villes qui ne ressemblent à aucune autre. Identité propre, couleurs et visages humains qui sont autant de paysages à vivre.