C'est une vive indignation officielle et populaire que la visite du Roi d'Espagne aux deux présides occupés de Sebta et Mellilia a provoquée au Maroc. La visite a été qualifiée d'inadmissible et inopportune par Abbas El Fassi, provoquant ainsi une vive tension diplomatique entre Rabat et Madrid. En réaction à la visite de Juan Carlos Roi d'Espagne aux deux villes occupées de Sebta et Mellilia, la chambre des représentants a tenu lundi 5 octobre une séance plénière consacrée à cette question marquée par l'intervention d'Abbas El Fassi et des chefs de groupes parlementaires. En effet le Premier ministre avait affirmé lors de cette séance, que la visite du Roi d'Espagne dans les présides occupés de Sebta et Mellilia est inadmissible et inopportune, tout en affirmant que le Maroc continuera à mobiliser ses capacités et ses moyens propres pour récupérer les deux villes occupées et les îles avoisinantes. Le Premier ministre avait affirmé que la visite «heurte les sentiments de l'ensemble du peuple marocain, et ne changera rien à la réalité, qui se concrétise dans l'appartenance historique, géographique et juridique, des deux villes et des îles méditerranéennes au Maroc, ainsi qu'au droit inaliénable, légitime et indiscutable du Maroc de réintégrer ses terres à sa souveraineté». En effet, le gouvernement avait réaffirmé, lors de sa réunion le jeudi 1er novembre, que «l'amitié entre le Maroc et l'Espagne, qui s'est considérablement renforcée ces dernières années, ne peut occulter le fait qu'un différend fondamental est toujours de mise entre les deux pays» et «que le Maroc, qui érige la coopération entre les deux pays en pilier de sa politique extérieure, rappelle que cette coopération constitue un élément essentiel pour assurer la stabilité dans la région méditerranéenne, et que ceci implique l'adhésion à un processus de règlement équitable et définitif de l'occupation espagnole». Le Maroc a affirmé officiellement qu'il existe des lignes rouges relatives à l'intégrité territoriale du Maroc qui ne sauraient être transgressées et que l'Espagne devrait prendre conscience que l'ère de la colonisation est définitivement révolue selon les termes de Abbas El Fassi. Depuis l'adhésion de l'Espagne à la communauté européenne en 1986, le Maroc a toujours émis ses réserves dans tous les traités et conventions conclus avec l'Union européenne, pour garantir la préservation de la position légale du Maroc à l'égard de la question de Sebta et Mellilia. En gage de bonne foi, feu Hassan II avait appelé à la création d'une cellule de réflexion en 1987 pour se pencher sur la question des enclaves, la même proposition a été réaffirmée par le Roi Mohammed VI en vue de mettre un terme à l'occupation espagnole des villes de Sebta et Melillia et des îles méditerranéennes. Les positions du Maroc revendiquant les deux présides occupés et les îles situées sur le littoral méditerranéen, ne datent pas d'aujourd'hui. Le 13 décembre 1960, devant la session de l'Assemblée Générale des Nations Unies, à l'occasion de la discussion de la déclaration universelle de décolonisation, le Maroc avait appelé à mettre un terme à la présence espagnole coloniale dans les villes de Sebta et Mellilia occupées. La visite du souverain espagnol a été interprétée par les officiels Marocains, comme une atteinte au texte et à l'esprit du traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage conclu entre les deux pays en 1991 et qui stipule «l'encouragement d'un processus visant à mettre en place un système de dialogue et de coopération écartant définitivement toute velléité de lutte et de confrontation dans l'ensemble de la région méditerranéenne et particulièrement dans son sud-ouest». Pour sa part, la Chambre des Conseillers a vigoureusement dénoncé, lundi 5 novembre, la visite du roi Juan Carlos I d'Espagne aux deux villes marocaines occupées de Sebta et Mellilia.