Mustapha Ramid mène le groupe de son parti, le PJD au parlement. Dans un autre temps, l'information aurait sinon suscité de l'émotion du moins de l'intérêt. Rien de tout cela n'a eu lieu, et Ramid est bien dans son costard de chef de file des parlementaires barbus et voilés ! Qu'y faut il voir ? Une restitution d'une autonomie politique, un trait de normalisation ou un simple retour à la normal ? En fait, tout cela et davantage. Rappel : A deux reprises, Mustapha Ramid, qui a l'habitude de ruer dans les brancards, a été mis en touche malgré un vote presque unanime de ses pairs. A l'époque, les pronostics allaient bon train et les analyses parlaient d'un veto tout aussi politique que catégorique de l'administration territoriale d'un homme qui n'a pas la langue dans sa poche. Aussi, ses frères aimaient bien aller dans le sens de cette même administration : «gage politique» dirait-on en catimini, avant de parler d'une décision propre et souveraine. Il a fallu du temps pour que les langues se délient et les responsables à révéler les dessous de l'affaire. Oui, lit-on par ci et par là, la tête, la sienne ne leur revenait pas ! Ou encore, il fallait, à tout prix faire patte blanche, après les épisodes de turbulences et d'incertitude vécus par le parti, après le 16 mai 2003. On lui donnait l'impression qu'il ne mesure pas, à sa juste valeur l'impasse dans lequel se trouvait le parti. Parfois, il poussait le bouchon un peu loin. Exemple, cette interview accordée en juin 2004 à Assahifa. Mustapha Ramid avait estimé que «le statut de Commandeur des croyants du point de vue de l'Islam, ne confère pas à son détenteur des pouvoirs absolus et n'en fait pas une personne irréprochable à laquelle on ne pourrait pas demander de comptes». «L'institution monarchique est héréditaire et (...) ne donne pas à la Oumma la possibilité du choix et du changement», a ajouté Ramid, quelques jours avant la tenue d'un congrès du PJD. On devine l'embarras de ses pairs, et les plus softs parmi eux. Le reconduire, dans cette phase tumultueuse aurait été un signe, voire une déclaration de guerre. Beaucoup d'eau a coulé, depuis. Le parti s'est normalisé, encore plus. La politique du forceps et du doute n'est plus de mise. Mais, aussi et surtout, les élections du 7 septembre ont secoué plusieurs certitudes et garde-fous politiques.Plus personne ne voulait cautionner un état de dépérissement politique comme celui qu'a connu le champs politique ce jour là. Aussi paradoxale que cela paraisse, la désignation de Ramid, sans dégâts collatéraux est plutôt un signe de confiance mutuelle entre l'Etat et ses islamistes ! Au niveau intrinsèquement PJDiste, Avec Mustapha Ramid à la tête du Groupe, c'est à une opposition forte qu'il faut s'attendre. Le spectacle promet, donc. D'autant plus que c'est à l'opposition que revient, désormais la tâche de donner du panache à la chose public dans le pays, animer l'espace publique et, pourquoi pas alimenter le débat et la gestion publique ! Par ce fait, le PJD rassure ses sympathisants qu'il a «récupérés» et un militant et son autonomie décisionnelle !