Paris n'a pas changé sa position, qualifiée de favorable au Maroc, concernant le conflit du Sahara. Alors que les algériens se réjouissaient d'avoir eu le privilège de recevoir en prime time la visite de Sarkozy, ce dernier n'a pas hésité à bousculer ses hôtes en exprimant clairement la position française vis-à-vis du Sahara. Le Président français qui était sur la passerelle de l'avion qui quittait Alger pour Tunis, dernière étape de son périple au Maghreb, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère?: « Il n'y a pas de changement de la position française. Je l'ai d'ailleurs dit au président Bouteflika ». Pourtant, quelques jours avant la visite de Sarkozy à Alger, la presse algérienne proche des généraux avait tenté de faire pression sur ce dernier. La Lettre de l'Expansion avait ouvert le bal avec un éditorial enflammé, «Alger met une condition préalable à tout rapprochement de sa compagnie nationale Sonatrach avec Gaz de France dans le domaine gazier: que Nicolas Sarkozy rompe avec le soutien constant apporté par Jacques Chirac au Maroc dans le conflit du Sahara Occidental». Nicolas Sarkozy n'aurait pas donné de réponse, ajoute le journal. Normal, puisque Paris a d'ailleurs toujours soutenu l'initiative marocaine d'un projet d'autonomie pour la région du Sahara. Bien avant Sarkozy, et ce, depuis sa première élection à la tête de la France en 1995, Jacques Chirac a toujours soutenu les positions défendues par le Maroc. L'homme est souvent même allé jusqu'à user de toute son influence auprès de partenaires occidentaux de la France pour les pousser à adopter des positions favorables à Rabat sur ce dossier. Ce qui a d'ailleurs systématiquement irrité Alger. La position française serait même en partie à l'origine du report de la signature du Traité d'amitié entre la France et l'Algérie. «Sur le fond du dossier, les français sont pour une solution juste et durable qui préserve la souveraineté marocaine sur le Sahara. Comme ils sont parfaitement convaincus qu'il s'agit là d'un conflit qui ne peut se régler qu'entre le Maroc et l'Algérie», précise un diplomate français qui a requis l'anonymat. En définitive, on oublie trop souvent qu'au delà des relations passionnelles qui lient aussi bien le petit peuple que les grands des deux pays, le pragmatisme de la politique étrangère marocaine est souvent en accord avec la realpolitik qui caractérise la position française sur des dossiers chauds de l'actualité internationale. La presse internationale a ainsi souvent souligné le parti pris de Paris aux côtés du Maroc, notamment dans les instances internationales, que ce soit à l'ONU ou à l'UE. Ceci, alors que les deux pays semblent défendre des positions similaires, notamment sur la question du conflit du Moyen-Orient et celui de l'Irak.