En recevant le chef du polisario avec les honneurs réservés aux chefs d'Etat, Alger réaffirme son hostilité à l'égard du Maroc alors qu'il y a quelques jours, le président algérien annonçait dans une lettre à Kofi Annan que son pays adoptait une position de neutralité vis-à-vis du Sahara. Alvaro de Soto, le nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, a reporté la tournée qu'il devait effectuer dans la région jusqu'à la première semaine de septembre. Selon des sources onusiennes citées par l'agence Europa press, le représentant personnel de Kofi Annan entamera sa tournée par une visite au Maroc où il aura des entretiens avec les responsables marocains avant de se rendre à Tindouf pour se réunir avec les séparatistes du polisario. Les mêmes sources n'ont pas confirmé si le programme de la tournée prévoit des entretiens avec les responsables algériens. De Soto, qui vient d'être nommé à ce poste après la démission de son prédécesseur James Baker, n'a pas encore eu de contact direct avec les parties concernées par la question du Sahara marocain. Par ailleurs, il s'était entretenu, le 15 juillet dernier, avec le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. Une réunion qui avait été consacrée à étudier conjointement la meilleure formule pour trouver une solution à ce conflit artificiel. Rappelons que le représentant du secrétaire général de l'ONU avait reporté sa tournée dans la région, prévue initialement pour la dernière semaine de juillet, alléguant des conditions climatiques défavorables. En attendant la visite du nouveau représentant onusien, l'Algérie et les séparatistes de Tindouf se sont mobilisés dans une sorte de campagne diplomatique et médiatique visant à obtenir le soutien des pays membres du Conseil de sécurité pour l'adoption de la voie de solution proposée par James Baker avant sa démission. La visite effectuée par le dirigeant des séparatistes à Alger est d'ailleurs une mascarade qui fait partie d'un scénario visant à réitérer le soutien de l'Algérie aux polisariens de Mohamed Abdelaziz qui a été reçu en tant que chef d'Etat. Le pouvoir algérien est allé même jusqu'à organiser un ridicule dîner en l'honneur de l'invité. Dans une allocution prononcée à cette occasion, le chef du gouvernement algérien, Ahmed Ouyahia, a exprimé le soutien de l'Algérie au polisario et à son dirigeant, Mohamed Abdelaziz. Ce dernier a, de son côté, profité de son séjour à Alger pour multiplier les déclarations à la presse algérienne où il répète les mêmes supercheries de ces trente dernières années. Dans un entretien au quotidien algérien El Watan, Mohamed Abdelaziz a réitéré la même position exprimée par le président algérien dans la lettre qu'il a adressée, la semaine dernière au secrétaire général de l'ONU, à savoir l'attachement des polisariens au plan de règlement dit de Baker. « Ce plan est un tout et ne peut être discuté à nouveau. Si on l'ouvre, il n'en restera rien, il deviendra autre chose. Nous sommes fermes pour la mise en application du plan Baker sans changement », a déclaré le chef des polisariens. Il s'agit-là d'une réponse aux propositions faites par certains pays faisant partie du "Club des amis du Sahara", d'introduire des modifications sur ledit plan afin de le rendre applicable. Rappelons que le Maroc rejette unanimement ce plan obsolète et inapplicable et propose une solution politique basée sur le principe d'une autonomie élargie dans les provinces du Sud sous la souveraineté du Royaume. Une position qui bénéficie du soutien notamment de la France et de l'Espagne. Deux pays que Mohamed Abdelaziz n'a pas hésité à fustiger dans ses déclarations à la presse algérienne. Il a ainsi déclaré qu'il était "indigné par rapport à la position de la France" qui soutient la vision marocaine et a estimé la position espagnole comme étant "empreinte de confusion". « Un jour les Espagnols disent oui au plan Baker mais ajusté, et un autre jour ils se disent favorables à un dialogue algéro-marocain. L'Espagne fait un pas en avant et deux pas en arrière. Nous ne sommes pas tranquilles sur sa position, mais sommes très confiants dans la société civile espagnole qui a démontré qu'elle est pour l'autodétermination du peuple sahraoui», a-t-il expliqué. Enfin, il faut dire que la soi-disant visite officielle effectuée par Abdelaziz à Alger et sa médiatisation ont pour objectif de faire pression sur l'opinion publique des pays qui soutiennent la position légitime du Maroc sur la question de son intégrité territoriale.