On a beau dire que l'entrée en lice des sociétés privées des transports en commun allait résoudre les problèmes du secteur et accorder à l'usager une dignité dans ses nombreux trajets, mais la réalité est autre. Plus de 15.000 taxis tous calibres confondus, des centaines de bus et, parallèlement, des centaines de transporteurs informels : Honda, charrettes, mobylettes… Et la crise ne fait que s'accentuer. Des queues interminables jonchent les boulevards près des stations des grands taxis. Des bus qui rappellent, malgré les cahiers des charges, la sardinisation des années 70. Pourtant, les transports en commun devraient s'améliorer et offrir une certaine aisance aux usagers, contribuables pour la plupart, par-dessus le marché. Laissons de côté les irrécupérables ; ceux qui n'ont pas le sou pour prendre un bus et voyageons avec ceux qui paient. Grands taxis comme bus, le carnet de route n'est point rose. A sept, chauffeur compris, dans un véhicule prévu initialement pour cinq personnes. Quant à l'état du véhicule, il suffit de savoir que les Mercedes 240 ont fait leur temps et que, entre autres, les odeurs des fuites du gasoil humées à l'intérieur du véhicule sont cancérigènes. Les casses opérées par les supporters à la fin de chaque Derby, l'affaissement des chaussées et la médiocrité de l'entretien, ont fait des autobus des tacots roulant. Préférant mieux effectuer sa pénible pérégrination, une autre catégorie d'usagers opte pour les petits taxis, comme s'ils cherchaient à être borgnes dans un monde d'aveugles. Rechercher le meilleur Pour la plupart, il n'y a que les prix qui sont flambants... Beaucoup de chauffeurs ignorent complètement le plan de la ville. Certains ne savent même pas où se trouve la gare Casa-voyageurs. La gravité de la délivrance des permis de confiance va jusqu'à l'octroyer à des récidivistes et des repris de justice qui n'ont ni foi ni loi. Les commissariats de police regorgent de plaintes dans ce sens, tout comme les bureaux des taxis débordent de réclamations. Il suffit de demander à une demoiselle respectable qu'on prend pour une pute, ou une vieille dame à qui l'on fait faire le tour de plusieurs ruelles pour qu'elle paie plus. Justement, pourquoi l'usager, avec toute la sincérité du chauffeur, doit-il payer plus sur les trajets aux heures de pointe ? Les bouchons font frémir les compteurs. D'où la nécessité de créer des couloirs réservés aux taxis, aux bus et aux ambulances. Pas un seul n'existe sur les artères de la métropole, capitale économique et sœur jumelle de plusieurs grandes métropoles. C'est un grand tort du schéma-directeur de la circulation à Casablanca. Il faut dire que le Conseil de la ville a fait revenir le couloir des deux roues sur le boulevard d'Anfa. Avant, il existait bien sur le Bd Roudani au Mâarif. Mais il est malheureux de constater que ce couloir réservé est occupé par les automobilistes. Les deux roues se retrouvent près de la ligne médiane à gauche des allées. Le tramway s'impose plus que jamais et un nouveau concept des grands taxis doit être trouvé, quitte à imposer des véhicules à huit places pour que les taximen syndiqués trouvent leur compte. Si cela ne tient qu'à leurs proches ! Mais qu'on nous épargne ce spectacle honteux.