Le marché monétaire continue de faire face à ses difficultés. La question se pose de savoir si les Banques Centrales disposent des bons outils pour intervenir. Non seulement, il n'y a aucun saint pour se vouer, disait Woody Allen, mais on est aussi à la recherche d'un plombier le week-end». C'est dans une situation comparable que se trouvent les marchés financiers aujourd'hui. La plomberie fuit de partout et nul ne semble avoir une solution, pas même les banques centrales, les omnipotents du marché. Le problème vient de la réticence des banquiers à se prêter entre eux, en particulier sur une durée supérieure à trois mois. A l'origine de ce problème, il y a en partie, les incertitudes au sujet des crédits hypothécaires américains. Cependant, il y a aussi un réel besoin des banques de sécuriser leur situation bilantielle face à d'éventuels retraits subits de capitaux. Le résultat, est que les banques sont prêtes à payer beaucoup plus pour emprunter que d'habitude, en comparaison, notamment, aux trésors publics. Selon Goldman Sachs, la prime de risque entre les bons du Trésor américains et les taux interbancaires, surnommée le «Ted spread», est à son plus haut niveau depuis 20 ans. Et comme tout problème de plomberie, les conséquences peuvent être graves, parce que quand les banques payent plus pour emprunter, elles répercutent le coût du crédit aux consommateurs et aux entreprises. Le 5 septembre, la Banque d'Angleterre a pris le taureau par les cornes en s'attaquant au demi-point de pourcentage d'écart existant entre le taux au jour le jour (jj) et le taux directeur. La banque a promis d'injecter plus d'argent dans le marché, dès que nécessaire, pour réduire les taux jj. Les critiques affirment que la Banque d'Angleterre a perdu beaucoup de temps. La Banque Centrale Européenne (BCE) et la Réserve Fédérale (Fed) américaine ont pris des initiatives similaires le mois dernier, et la BCE en a fait davantage encore le 6 septembre. Mais l'absence d'action de la Banque d'Angleterre fait partie d'une hésitation de sa part à ne pas voler au secours des spéculateurs, qui ne font que subir les conséquences de leurs erreurs. La banque a expliqué clairement qu'elle ne cherchait pas à réduire les taux de crédit sur trois mois, qui sont le plus gros problème des marchés. Une banque peut être solvable aujourd'hui, mais qui peut dire ce qu'il en sera en décembre ? Peut-être que les banques centrales ne peuvent-elles pas, d'elles-mêmes, résoudre le problème ? Elles ont promis de prêter à toute banque ayant un besoin de financement via des mécanismes tels que l'escompte officiel de la Réserve fédérale. Mais les banques sont naturellement peu disposées à afficher des signes de désespoir. Emprunter auprès de la Banque centrale, en pleine crise de liquidité, est synonyme pour un écolier d'accepter d'imprimer sur son uniforme «cognez-moi». Même une réduction des taux d'intérêts officiels, attendue aux Etats-Unis vers la fin de ce mois, ne pourrait pas résoudre le blocage. Le problème principal est que les banques ont fait des promesses qu'elles n'espéraient pas pouvoir honorer. Ces «garanties de circonstance» requièrent des banques qu'elles se substituent à leurs clients, quant ces derniers font face à des difficultés de trésorerie ailleurs. Beaucoup de ces garanties sont devenues subitement exigibles. Selon Dealogic, plus de 380 millions de dollars de prêts et d'obligations couverts par des crédits de signatures, sont arrivés à échéance, à présent que les banquiers de Wall Street sont de retour de vacances. La rapidité avec laquelle le marché s'est détérioré est en grande partie à l'origine du problème. Les banques avaient fait des prêts à courts termes ou des crédits relais aux acquéreurs des fonds d'investissement au début de cette année. Elles avaient la conviction que rien ne pouvait mal tourner en si peu de temps. Mais elles ont eu tort. Aujourd'hui, elles s'attendent à supporter une grande partie des dettes et à les passer définitivement dans le compte «pertes pour créances irrécouvrables». Comment peut-on estimer une perte? L'une des méthodes consiste à se référer au prix de revente d'un emprunt sur le marché secondaire. Une autre consiste à se référer au financement des acquisitions des entreprises endettées par First Data, une société de conseil en reprise d'entreprise. Cette méthode a déjà été remise à une date ultérieure. Les banques essayeront encore de constituer un consortium d'acquisition de prêt pour bientôt. Les investisseurs ne semblent pas disposer à payer plus de 94 à 95% par valeur pour les 14 milliards de dollars de prêts dans le lot. Cela annulerait la commission des banques dans la transaction et les laissera avec une de plus de 3 à 4%. Un banquier impliqué dans la transaction affirme que sa faisabilité reste incertaine: «Nous ne savons toujours pas si une avalanche tombera ou pas sur nos têtes». Les banques voudraient bien limiter les dégâts ou bien au moins avoir de meilleures conditions. Mais, cela semble presque impossible. Elles avaient choisi de faire autrement, quand tout allait bien. Auparavant, plusieurs transactions comprenaient une clause en cas de changement défavorable qui annule le financement, si des perturbations majeures survenaient dans le marché. Ces clauses auraient été très utiles aujourd'hui, mais les banques n'y ont plus recours.