Du 10 au 12 août, l'attention diplomatique du Maroc sera rivée vers la banlieue new-yorkaise où une délégation de hauts responsables marocains rencontrera, pour le deuxième fois en moins de deux mois, des cadres du Polisario. Le tout sous l'égide des Nations Unies. Le deuxième round des négociations entre le Maroc et le Polisario, sous l'égide des Nations Unies a débuté ce vendredi à Manhasset dans les environs de New York. Pendant deux jours, les pourparlers pour une solution politique négociée vont reprendre. Après le départ de Fouad Ali El Himma du gouvernement (où il occupait le poste de ministre délégué à l'Intérieur), la délégation marocaine qui mènera ces négociations, est composée de Chakib Benmoussa, ministre de l'intérieur, Taieb Fassi Fihri, ministre délégué aux affaires étrangères et à la coopération, Khalihenna Ould Errachid, Président du Conseil Royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS), Mohamed Yassine Mansouri, Directeur Général des Etudes et de la Documentation (DGED), Mohamed Saleh Tamek, Wali de la province de Oued Dahab et Maoulainine Khallihenna, Secrétaire général du CORCAS. La délégation est accompagnée d'experts et de hauts responsables originaires des provinces du sud du Royaume. Une nouvelle fois, le Maroc tentera de présenter sa vision pour une solution politique, juste et durable, du conflit artificiel au Sahara. Cette solution, on ne le répètera jamais assez tient en une phrase : l'autonomie des provinces du Sud sous la souveraineté marocaine. SM Mohammed VI l'a souligné dans son dernier discours à l'occasion de la Fête du Trône en réaffirmant «la volonté sincère du Royaume de s'engager dans des négociations responsables, en partant de deux prémisses de base : de prime abord, le Maroc a participé de bonne foi au premier round des négociations, et demeure constamment disposé à négocier, mais uniquement à propos de l'autonomie, toute l'autonomie et rien que l'autonomie». Cette mise au point est importante. Car les séparatistes qui tiennent, coûte que coûte, à l'organisation d'un référendum d'autodétermination, refusent de comprendre que la probabilité de son applicabilité frôle le degré zéro. Ce ne sont pas des paroles en l'air. L'idée d'organiser un référendum, accepté par le Maroc dans un premier temps, et contenue dans le fameux Plan de règlement de Baker a rencontré des difficultés dans l'application de ses principales dispositions, à commencer par l'opération d'identification qui en constitue l'élément essentiel. Et malgré les ajustements successifs qui lui ont été apportés sur le plan technique, ce plan s'est révélé inopérant. Ces difficultés ont été identifiées à maintes reprises par les responsables marocains et onusiens. Mais, bizarrement, l'entêtement algéro-polisarien n'a fait que durcir. Une seule issue, l'autonomie Nous parlons souvent de l'impossibilité de l'application du référendum pour résoudre le problème du Sahara. Mais de quoi s'agit-il au juste ? En fait, ces difficultés ont trait à l'identification des personnes non encore auditionnées par la Minurso, au déroulement de la procédure des recours, au rétablissement dans leur droit de participer au référendum de 7000 postulants marocains déclarés admis et retirés par la suite de la liste provisoire des votants, à la mise en œuvre des résultats du référendum et à l'application du code de conduite à respecter pendant la campagne référendaire. Sans compter l'exigence de concordance des témoignages des Chioukhs (représentant le Maroc et le Polisario) et à la marginalisation du témoignage oral comme moyen de preuve alors même que le Plan de règlement le met sur un pied d'égalité avec les documents espagnols aux fins de l'identification et des recours. À cela s'ajoute un autre problème, il a trait au rapatriement des réfugiés. Face à ces multiples entraves dont le Maroc n'est pas du tout responsable, mais qui sont inhérents au choix même de l'organisation d'un référendum, il ne reste aujourd'hui qu'une seule issue : l'autonomie. Ce n'est pas une faiblesse de la part du Maroc que de faire des concessions. C'est ce que le Polisario ne semble pas comprendre. Et c'est également pour cette raison qu'il rejette en bloc l'idée d'une autonomie. Ses têtes pensantes s'attendent que le Maroc fasse encore plus de concessions. Mieux, ni le Polisario, ni l'Algérie n'ont un intérêt dans le bouclage définitif de ce dossier. Les uns profitent de l'anarchie générale qui règne dans les camps de Tindouf pour trafiquer puis s'en mettre plein les poches. Le tout au détriment du bien-être de centaines de civils sahraouis innocents. Et les autres, les responsables algériens, tentent de régler un conflit psychologique avec le régime marocain en l'empêchant de se concentrer entièrement sur son développement économique et social. Pour revenir au Polisario, notons qu'un courant réformiste au sein du Front, dénommé Khat Chahid, a rendu public deux jours avant le début des négociations à Manhasset, un communiqué dans lequel il affirme que les quatre dirigeants qui se sont rendus à New York, dans le cadre de ce 2ème round de négociations sur le Sahara, «ne représentent pas les populations sahraouies» des camps de Tindouf. Pour Mahjoub Salek, coordinateur du comité exécutif du mouvement Polisario-Khat Chahid, cité par la presse espagnole, l'actuelle direction du front, dirigée par Mohamed Abdelaziz, est «illégitime» du fait de sa décision illégale de reporter jusqu'au mois de décembre le 12ème congrès du front. Et Salek de plaider pour le dialogue comme «voie unique pour la résolution du conflit», rejetant toute la responsabilité sur l'actuelle direction du Polisario qui cherche, selon lui, à «faire perdurer la situation actuelle». Comme on dit en arabe : «Wa Chahida Chahidoune Mine Ahliha» (Le meilleur témoignage est celui des proches).