Trois partis de gauche ont décidé de créer un front commun pour attaquer les élections législatives sur des bases solides. L'objectif est de mettre sur pied un grand pôle de gauche au sein du prochain Parlement. Un pôle qui sera amené à «peser» ! A quelques jours seulement du lancement de la campagne électorale pour les élections législatives du 7 septembre 2007, trois partis politiques de gauche ont décidé de présenter aux électeurs, un programme politique commun et des listes électorales communes. Le 31 juillet à Rabat, le Parti de l'Avant-garde démocratique socialiste (PADS), le Congrès National Ittihadi (CNI) et le Parti socialiste Unifié (PSU) ont exposé, lors d'une conférence de presse, les grandes lignes de leur programme politique et électoral, fruit d'une alliance qui date de quelques mois déjà. «Nous souhaitons à travers cette démarche, améliorer notre positionnement au sein de la Chambre des Représentants», a déclaré à La Gazette du Maroc, Mohamed Moujadid, secrétaire général du Parti socialiste Unifié. Et d'ajouter «Nous espérons ouvrir de nouveaux horizons pour les citoyens marocains». En effet, lors de la conférence de presse, les trois secrétaires généraux, respectivement Mohamed Moujahid (PSU), Ahmed Benjelloun (PADS) et Abdessalam El Aziz (CNI), ont expliqué que cette alliance est avant tout une alliance politique stratégique et à long terme, avant qu'elle ne soit une alliance conjoncturelle pour les élections législatives. Au sein de la Chambre des Représentants, et par la suite dans la Chambre des Conseillers, les trois partis de gauche ont pour objectif principal, à travers la construction de cette alliance, de mettre sur pied un véritable pôle de gauche. Et ce, pour redonner confiance en l'action politique auprès de toutes les classes sociales et essentiellement les plus défavorisées d'entre elles. Et pour cause, l'idée principale du programme politique et électoral de l'alliance PSU-CNI-PADS, suppose que n'importe quel développement social doit avoir comme préalable une profonde réforme politique. Celle-ci consiste à moraliser la vie publique, à imposer une réelle séparation des pouvoirs (notamment le judiciaire qui doit jouir d'une entière indépendance de l'appareil exécutif), sans compter que la décision politique au Maroc doit directement émaner des urnes. Fusion Bien évidemment, cette alliance de gauche a développé dans son programme un grand nombre d'idées et de réformes. C'est le cas de la régionalisation et le respect du sacro-saint principe d'impunité et de contrôle de l'action politique de manière générale et celle qui a trait à la gestion des deniers publics plus particulièrement. A la question de savoir si cette «alliance» peut éventuellement déboucher sur une réelle «fusion», Mohamed Moujahid a estimé que «la question de la fusion n'est pas à l'ordre du jour des discussions entre les trois formations politiques». Toutefois, ajoute-t-il, «c'est un début salutaire vers la constitution d'un grand parti socialiste au Maroc. Car, c'est une nécessité pour notre pays». Pour ce qui est du nombre de sièges que l'Alliance espère remporter, Mohamed Moujahid est catégorique : «Pour nous, la présence au Parlement doit être d'abord qualitatif. Le quantitatif n'est pas un souci pour nous». Pour revenir au programme, l'alliance propose une réforme politique, constitutionnelle et judiciaire, garantissant la séparation, l'équilibre et l'efficacité des pouvoirs, le renforcement du rôle des instances représentatives, la consécration du pluralisme politique et de l'alternance au pouvoir, l'adaptation de la législation nationale au droit international et la moralisation de la vie publique. Dans le domaine de la justice, l'alliance plaide pour une réforme qui assurerait une célérité dans l'exécution des actes judiciaires et associerait la société civile à la protection de la justice. Sur le plan social, l'alliance propose une fusion de fonds à caractère social, la création d'un cadre institutionnel pour garantir la vie digne aux personnes âgées et aux personnes à besoins spécifiques. En économie, l'alliance préconise la réhabilitation du rôle de l'Etat en tant qu'acteur stratégique dans la politique de développement et la pratique d'une politique de maîtrise du déficit financier. Au volet de l'éducation et de la formation, l'Alliance propose l'instauration d'audits périodiques des performances des institutions d'enseignement, l'affectation de 3 % du PIB à la recherche scientifique et l'amélioration des programmes scolaires destinés aux enfants des ressortissants marocains à l'étranger, afin de renforcer leur identité marocaine basée sur l'ouverture, la diversité et la pluralité. Dans le domaine de la santé, l'alliance souligne la nécessité d'augmenter le budget du ministère de la santé et d'élaborer une «carte de la santé». Au chapitre des droits humains, le programme propose la promulgation de deux loi-cadres relatives à la lutte contre la violence à l'égard des femmes et à l'égalité.