Dynamique de rapprochement maroco-américain Les Etats-Unis et le Maroc se sont donné rendez-vous avant la fin de l'année en cours pour mettre en place un accord de libre-échange. Sont-ils dans les temps ? Les politiques des deux pays affichent un intérêt grandissant pour la concrétisation de ce projet. Pour preuve, Washington vient de désigner les cols blancs qui vont mener les négociations sur les termes de cet accord. Rabat jette le pont économique vers Washington. L'heure est en effet aux alliances économiques stratégiques et grands espaces régionaux d'échanges commerciaux. De par le monde, vendre tout, mais vendre surtout, devient la préoccupation majeure des nations et de leurs gouvernements. Même cette Amérique, dont s'est moqué Jerzy Kosinski dans son célèbre roman “being there”, n'est plus repliée sur elle-même. Elle s'est ouverte aux autres pays. Bien plus. Aujourd'hui, elle va vers eux. Témoigne en cela l'acharnement de ses politiques pour jeter les bases de partenariats gagnants avec les pays nord-africains. Le premier sur la liste est le Maroc, comme l'a déclaré Samuel Bodman, secrétaire adjoint au département américain au commerce, lors de sa dernière visite au Maroc au mois de septembre 2002: “dans une tournée qui m'a mené en Egypte, en Tunisie et en Algérie, le Maroc est le seul pays parmi ceux-ci avec qui nous avons un projet d'accord de libre-échange en cours”. Sur la bonne voie. La volonté est grandissante des politiques des deux rives de l'Atlantique de voir naître incessamment une zone de libre-échange. Et les nouvelles qui nous arrivent du pays de l'oncle Sam ne cessent de conforter l'idée de voir se concrétiser, dans un proche avenir, ce projet des plus attendus. Le président Bush avait lui-même annoncé, le 23 avril 2002, à l'occasion de la visite de S.M le Roi Mohammed VI aux Etats-Unis, qu'un accord-cadre sera mis en place avant la fin de l'année en cours. Dans cet ordre des choses, Washington vient de désigner les cols blancs qui vont mener le bal des négociations sur les termes de cet accord de libre-échange. On apprend ainsi que des études entreprises par la commission américaine pour le commerce international, concernant l'impact de l'accord de libre-échange sur certaines industries américaines, sont en cours de finalisation. Il s'agit, entre autres, du secteur de l'agroalimentaire. Les opérateurs marocains avaient, en effet, déclaré à l'unisson lors de la visite de Samuel Bodman, leur souhait de pouvoir vendre des produits agricoles sans droits commerciaux aux Etas-Unis, et voir éliminer les mesures antidumping. Un appel auquel les autorités américaines ne sont pas, et c'est l'avis de nombreux observateurs avertis, prêtes à répondre. Pour les plus pessimistes, Samuel Bodman n'avait-il pas précisé : “lors des négociations, les deux parties plancheront sur les segments de produits qui seront concernés par l'accord et chacune des deux parties sera obligée de faire des concessions ”. De l'autre côté, l'équipe marocaine qui sera chargée de mener les pourparlers n'est pas encore désignée. La conjoncture politique du pays y est pour quelque chose. C'est le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, connu depuis seulement jeudi dernier, qui doit conduire le bal. L'enjeu est de taille. D'abord pour le Maroc, parce que l'histoire des faits économiques est là pour nous rappeler que le développement d'économies monstres, aujourd'hui, est passé essentiellement par le marché américain. Un marché de plus de 220 millions de consommateurs. À titre d'exemple, les dragons du sud-est asiatique. Ceux-ci ont consacré, à différentes périodes de leur marche vers le développement, plus de la moitié de leurs exportations à ce marché. S'ajoutent à cela, les délocalisations des industries américaines dont ils ont pu bénéficier. L'on sait que le Maroc est un pays en voie de développement dont la majorité des produits à l'exportation ne peuvent rivaliser avec, et pour n'en citer que ceux-là, ceux des dragons. Mais l'on sait aussi, et c'est l'essentiel que les Etats-Unis sont un pays qui met à la disposition de ses partenaires tout une kyrielle d'aides au développement, notamment les aides financières. Le Maroc sera amené à profiter pleinement de cette manne pour développer ses industries naissantes, notamment celles se rattachant aux nouvelles technologies de l'information. Du côté des responsables américains, on se dit intéressés essentiellement par le marché marocain des services et par la main-d'œuvre opérante dans les secteurs des nouvelles technologies. Les mastodontes américains des logiciels et des technologies de l'information voient le Maroc comme la prochaine base de leurs industries pour les pays de l'Afrique francophone ainsi que pour le monde