Grosso modo, les différents groupes parlementaires à la Chambre des Représentants sont satisfaits du bilan gouvernemental 2002-2007. Exceptées les critiques virulentes de l'opposition, le passage de Driss Jettou à la tête de l'Exécutif a été fortement applaudi. Juste après le discours prononcé par le Premier ministre Driss Jettou devant la Chambre des Représentants, le mardi 17 juillet, tous les groupes parlementaires se sont mis à préparer leurs réponses. Vendredi, les présidents de groupes, un à un, ont pris la parole en séance plénière afin de donner l'avis de leur groupe et par ricochet de leur parti sur le contenu du discours du Premier ministre. En somme, la majorité, comme l'opposition, a estimé que cette tradition instaurée par le Premier ministre Driss Jettou et consistant à se rendre devant les élus du peuples pour dresser un bilan final, est «louable». C'est cette Chambre qui a voté pour le programme d'investiture du gouvernement, il est donc tout à fait normal d'exposer devant cette même chambre, le bilan des réalisations. C'est ainsi que les partis de la majorité ont commencé par relever l'ensemble des éléments positifs dans l'action du gouvernement depuis sa composition en 2002. A ce titre, Abdelhamid Aouad, président du groupe istiqlalien, a souligné que «le bilan gouvernemental a plusieurs points positifs». Il cite l'exemple des nombreuses lois fondatrices, comme la loi sur les partis politiques, celle ayant trait à la lutte contre le blanchiment d'argent, sans compter l'abolition du monopole public sur le domaine de l'audiovisuel. Sur le plan purement économique, Abdelhamid Aouad a ajouté que la réforme du statut de Bank Al Maghrib est un élément important à inscrire dans l'actif de l'équipe gouvernementale. De même que pour le Plan Azur et la paix sociale. Toutefois, Abdelhamid Aouad a relevé un certain nombre de points négatifs dans le bilan de l'Exécutif. Le président du groupe istiqlalien estime que «le Maroc n'est pas très bien préparé pour l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange avec l'Europe». Autre point négatif : la mise à niveau du secteur productif n'a pas été suffisamment ambitieuse. Abdelhamid Aouad, en bon économiste, tire même la sonnette d'alarme concernant l'impact désastreux de l'application de l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis, notamment sur le secteur agricole. «Une fois que toutes les barrières seront levées, le monde rural vivra un véritable séisme économique et social, notamment dans les zones qui produisent les céréales. La conséquence première sera l'aggravation de l'exode rural». Pour sa part, Abdelkabir Tabih, député USFP et président de la commission de la Justice à la Chambre des représentants, a estimé que «Driss Jettou est le premier chef de l'exécutif qui rend des comptes à la fin de son mandat». En effet, Jettou est venu devant les députés exposer ce, sur quoi il s'est engagé. «C'est une très bonne chose pour la démocratie marocaine», commente Tabih. Réponses des groupes Celui-ci estime que Jettou a été d'un grand courage en reconnaissant clairement devant les parlementaires et à travers, devant tous les Marocains, que le gouvernement n'a pas réussi à atteindre certains objectifs, à cause des contraintes à la fois internes et externes. C'est essentiellement le cas de la facture pétrolière qui a flambé en l'espace de quelques mois et la sécheresse qui a, encore une fois frappé notre pays. «Cette sincérité politique dénote d'un nouveau mode de gestion». Du côté de l'opposition, le PJD a relevé plusieurs points sur lesquels le gouvernement a failli. La situation sociale, le monde agricole, l'assainissement de la Justice, la moralisation de la vie publique, sont des points sur lesquels le groupe PJD a longuement insisté. Si dans le groupe UC-PND on reconnaît que le gouvernement a ouvert de nombreux grands chantiers, on précise toutefois que «bon nombre de projets cités dans le discours-bilan de Driss Jettou ont été initiés et accompagnés par le Souverain lui-même». Abderrahmane Mtioui, président du groupe UC-PND a estimé dans son discours que «beaucoup de promesses n'ont pas été réalisées». A noter, enfin, que des voix au sein de la Chambre des Conseillers se sont levées pour condamner «la marginalisation» de leur chambre. Et pour cause, le Premier ministre ne s'est adressé, mardi dernier, que devant les membres de la Chambre des Représentants, dont la plupart étaient d'ailleurs absents, probablement occupés à préparer la campagne électorale. C'est ainsi que Driss Radi, le président du groupe Constitutionnel à la deuxième chambre a pris la parole lors de la séances des questions orales, quelques minutes après le discours du Premier ministre, pour «dénoncer cette marginalisation». En tout cas, Driss Jettou a un autre rendez-vous avec la première chambre, le lundi matin, pour réagir aux différentes réponses des groupes. Après cela, la session d'avril sera clôturée.