Le Parti du Progrès et du Socialisme, (PPS) a présenté le 3 juillet, les grandes lignes de son programme électoral. Ce dernier est clairement ambitieux, mais il a également le mérite d'être pragmatique. D'emblée, le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) recherche la confiance des électeurs, en choisissant pour slogan de son programme électoral, l'expression en arabe dialectal : «Ândna El Kelma» (nous tenons notre parole). Le PPS a ainsi préparé une batterie de mesures concernant pratiquement tous les secteurs, qu'ils soient politiques, diplomatiques, économiques, sociaux ou culturels. Rien n'a été oublié et le tout a été présenté devant les médias, le 3 juillet à Rabat, dans une conférence de presse animée par le Secrétaire général du PPS, Moulay Ismaïl Alaoui. Toutefois, quatre points importants ont été mis en exergue par le patron des Ppsistes. Il s'agit de quatre engagements, que le PPS a l'intention de respecter au cours des cinq prochaines années, s'il reste bien évidemment au pouvoir. Commençons par l'aspect qui intéresse en premier lieu les électeurs : l'emploi. Le PPS promet de créer 400.000 emplois par an à l'horizon 2012, soit un total de 2 millions d'emplois à la fin du mandat du prochain gouvernement. «Nous voulons, non seulement mettre le pays en état de faire face à l'afflux sur le marché du travail, mais aussi résorber le chômage existant», assure Moulay Ismaïl Alaoui. En matière de développement humain (pauvreté, scolarisation, analphabétisme, corruption, place de la femme…), le PPS envisage la progression de 25 places dans le classement de l'Indice de développement humain. Aujourd'hui, le Maroc occupe la 123ème place dans le classement du PNUD et le PPS souhaite le hisser au 98ème rang, occupé actuellement par des pays comme l'Iran, la Géorgie ou l'Azerbaïdjan. Force est de constater que sur ce point, le programme du PPS n'est pas très ambitieux. Mais il a tout de même le privilège d'être pragmatique. La remarque est importante, car elle dénote tout d'abord que le PPS a compris que les électeurs marocains veulent entendre un discours réaliste, et surtout, elle prouve que le PPS a présenté aux électeurs un programme réalisable. A cet effet, le PPS promet une progression significative et spectaculaire du niveau d'intégration de la femme au développement, à travers une stratégie multidimensionnelle. Il envisage également de promouvoir l'approche genre dans toutes les politiques publiques et l'élimination progressive de toutes les formes de discrimination (juridique, politique, économique, culturelle, sociale) vis-à-vis des femmes. Indemnité de formation Sur le plan économique, le programme politique et électoral du PPS, comporte de multiples mesures précises et chiffrées, comme, notamment, les produits des privatisations à venir, estimés à 40 milliards de dirhams sur cinq ans. Mieux encore, le PPS promet, au cas où il continuerait à participer à la gestion de la chose publique, d'affecter les sommes drainées par les privatisations à la réduction de l'endettement, particulièrement interne, dont le taux sera abaissé à moins de 50% du PIB d'ici à 2012. Ce dernier objectif est ambitieux, certes, mais sa faisabilité dépend de plusieurs paramètres techniques, difficiles à évaluer pour le moment. Le PPS a également fait dans l'innovation : mettre annuellement en formation 35.000 jeunes diplômés de l'université, restés sans emploi. Les stagiaires recevront une indemnité mensuelle de stage de 1800 DH. Cette mesure coûtera 800 millions de DH par an et sera financée par un supplément de la taxe professionnelle de 0,6%. Le monde agricole n'a pas été oublié, puisque le PPS prévoit une vaste réforme, notamment des circuits de commercialisation et la réduction immédiate à 3 % des taxes prélevées dans les marchés de gros. «Il n'est ni juste ni normal que les réseaux de distribution s'approprient actuellement 80% de la valeur ajoutée produite par le paysan», a lancé Moulay Ismaïl Alaoui. Aussi, ce dernier prévoit la mise en place, en substitution au fonds de développement agricole, d'un fonds de soutien à l'intensification agricole, alimenté par les taxes fiscales indirectes et impôts supportés par les agriculteurs, soit plus de 4 milliards de Dhs par an. Le secrétaire général du PPS a également souligné, que son parti veut que le prochain gouvernement soit doté d'un ministère de la ville : «Il faut mettre en place une politique nationale de la ville par l'établissement de schémas d'aménagement urbain dans toutes les agglomérations urbaines, de programmes d'animation culturelle, sportive et de loisirs, et leur approbation de telle sorte, qu'ils engagent toutes les parties prenantes dans le domaine de l'habitat et de l'urbanisme : privé, promoteurs immobiliers, communes, pouvoirs publics». Enfin, une refonte profonde du système de formation des personnels médical, para- médical et administratif du secteur de la Santé est programmée. Il s'agit de passer, à l'horizon 2012, de 57 médecins pour 100.000 habitants à 90 médecins pour 100.000 habitants, et accompagner cette action par la formation des infirmiers, pour disposer de 3 infirmiers pour 1 médecin. UMA Une opportunité à saisir Pour le PPS, le Maghreb est un espace régional stratégique, qui n'arrive pas à exister en tant qu'espace économique intégré, et encore moins en tant qu'espace de politique concertée. Pourtant le Maghreb possède un potentiel de développement unique au sud de la Méditerranée. «L'édification d'un espace de démocratie et de prospérité, l'ouverture sur la modernité et sur le monde et la lutte contre les opérations de déstabilisation constituent un impératif des années à venir», peut-on lire dans le programme du PPS. Pour relever ces défis le parti propose une coordination entre les Etats maghrébins et d'une réactivation de l'UMA, instituée en 1989. Et pour cause, les coûts économiques et politiques du «non-Maghreb» sont considérables : inexploitation des avantages comparatifs, faible attractivité des investisseurs étrangers, réduction de la taille des marchés, pouvoir de négociation marginalisé à l'échelle mondiale, manque à gagner estimé à un minimum de 2% par an, en terme de croissance du PIB.