Le bruit courait depuis plusieurs mois déjà, c'est aujourd'hui confirmé. Khalid Oudghiri quitte la présidence d'Attijariwafa bank. Il a marqué de son empreinte le paysage financier marocain. Certes la vie de l'entreprise poursuivra son cours, mais l'histoire du secteur financier marocain est à jamais marquée par le passage de Oudghiri à la tête d'Attijariwafa bank. En effet, c'est l'homme qui, en 2003, a réussi ce que personne ne pensait possible, la fusion entre Wafabank et la Banque commerciale du Maroc, qui donnera naissance au plus grand groupe financier du Maghreb. La surprise a été totale; les observateurs s'attendaient à une autre opération. Wafabank dirigée alors par un fin stratège, Abdelhak Bennani, était devenue un actionnaire très important du Crédit du Maroc, contrôlant plus de 35% du capital de cette banque. Visiblement son objectif était de prendre le contrôle du CDM, mais le Crédit Lyonnais qui en était l'actionnaire majoritaire, refusera le coup de force. Wafabank était contrôlée par Wafa Assurance, elle-même appartenant à la famille de feu Moulay Ali Kettani via l'Omnium de gestion marocain (OGM) à hauteur de 70%. C'est donc l'OGM que la Banque commerciale du Maroc, dirigée par Khalid Oudghiri depuis le 6 janvier 2003, soit neuf mois avant l'opération d'acquisition, a acheté pour la modique somme de 2 milliards de dirhams seulement. Ensuite, le reste sera une question de négociation avec les autres actionnaires de référence, notamment le Crédit agricole Indosuez avec 14,72% du capital, le groupe Banco Bilbao Vizcaya (9,94%), la SOGEFI (4,47%). Ensuite, la fusion se fera par une offre publique d'échange à laquelle l'ensemble des actionnaires participeront. Cette acquisition permettra à la BCM, devenue Attijariwafa bank, d'avoir dans son giron des sociétés très importantes souvent leaders dans leur domaine d'activité et de développer d'importantes synergies avec ses filiales. Il s'agit en l'occurrence de Wafa Assurance qui était l'actionnaire de référence de Wafabank, mais aussi de Wafa Gestion, avec le portefeuille le plus important de la place, Wafa Bourse, Wafa Bail, Wafa Immobilier, Wafa Cash, etc. La stratégie sera payante. Non seulement, Attijariwafa bank s'impose comme le premier groupe financier du Maghreb, mais elle est aussi une banque rentable. En 2006, elle a dégagé quelque 2 milliards de dirhams de bénéfice net, grâce au développement de son activité dans tous les domaines. Son bilan cumule 188 milliards de dirhams d'actifs et l'apport des filiales est de plus en plus important. A propos de filiales, la Wafa Assurance viendra bouleverser le marché de l'assurance au Maroc en 2006. Non seulement, elle évincera Axa Assurance Maroc du réseau de sa maison mère, mais elle est sur le point de le reléguer à la troisième place. A la fin de l'année 2006, seule quelques dizaine de milliers de dirhams de primes collectées, séparaient les deux concurrents. Wafa Salaf également s'est approchée du Crédit du Maroc, dont les 35% du capital sont hérités de l'ex-Wafabank. Désormais, certains clients du Crédit du Maroc sont réorientés chez Wafa Salaf. Le rapprochement a aussi touché les sociétés de gestions de portefeuille. Même si Crédit du Maroc Gestion continue de commercialiser des produits financiers, la production se fait chez la filiale d'Attijariwafa bank. Bref, rien dans le secteur financier marocain n'a été comme avant. Oudghiri est aussi l'homme qui a donné à la banque marocaine une toute nouvelle dimension à l'international. Il a acheté la Banque du Sud en Tunisie en partenariat avec Banco Santander Allié de toujours de la BCM et de l'ONA. Enfin en septembre dernier, il a acquis la banque sénégalo-tunisienne dans le but de la fusionner avec Attijariwafa bank Sénégal, qui venait d'être créée. Par ces actions, l'homme en a surpris plus d'un et est très vite devenu incontournable. Jour après jour, il fait preuve d'une poigne et d'une perspicacité que ne laisse pas paraître sa timidité. Beaucoup lui attribuent l'idéologie des champions nationaux. Plusieurs observateurs seront prêt à jurer qu'il a été à l'origine de l'acquisition du pôle énergie du Groupe Amhal par Akwa, celui de la famille Akhannouch. Il est vrai qu'il n'a forcé aucune des parties à signer, mais il a joué de son influence.