Stars d'hier, surmédiatisés, au centre même des arcanes de la décision et du pouvoir… Puis, l'annonce brutale de leur limogeage, que les medias relayent à coups de communiqués. Et enfin, la neige envahit l'écran. Ils disparaissent des circuits traditionnels qu'empruntent les dirigeants du pays. Certains ne trouvent pas de difficultés à se reconvertir ailleurs quand d'autres vivent en mode stand-by. Aujourd'hui, ils ne sont plus sous les feux de la rampe. Mais en fait, personne ne s'inquiète pour eux. Il est de coutume d'entendre des déclarations du genre: «ils ne mourront pas de faim. Ils ont eu l'occasion de faire des fortunes durant leurs mandats !»… Certes. Mais après avoir incarné ceux qui détiennent « le pouvoir», comment vivent-ils cette période de relégation ? S'attendre à ce qu'ils s'expriment sur la question serait pure utopie. Au Maroc, le sujet est encore tabou. Peut-être est-ce du au flou qui entoure les circonstances de leurs départs. A part quelques sorties inédites, appartenant aux annales de l'histoire, c'est motus et bouche cousue. «S'exprimer, c'est se chercher davantage de soucis», annonce-t-on comme une sorte de leitmotiv. Bref, c'est de la culture de la transparence dont il est encore et toujours question. Alors, lorsque l'on persévère et que l'on tente de savoir ce qu'ils sont devenus après l'arrêt brutal de leurs activités, les réactions sont multiples et différentes. Tout d'abord, les intéressés qui n'ont pas encore intégré de nouvelles fonctions se fondent dans un mutisme déroutant. Car, certains, pour un peu de temps, en attendant un nouveau rebondissement, préfèrent avancer qu'ils sont en période d'introspection et arguent du repos bien mérité du guerrier. En revanche, d'autres, limogés, décriés, n'auront de choix que de choisir la voie de la discrétion, créer leurs propres structures ou tout simplement, s'éclipser en vue de jours meilleurs, qu'une page de l'histoire soit tournée. Il faut dire que par moment, les Marocains semblent avoir la mémoire courte. Quand un responsable est éjecté, le débat est houleux, chacun a à sa manière essaie d'en démystifier les raisons. Mais voilà, le passage du temps finit toujours par effacer de mémoire des noms qui auparavant étaient synonymes de damnation, le temps d'un épisode de l'histoire ou à vie. Et puis, il faut tout de même reconnaître que les grands commis de l'Etat, les grands patrons des boîtes privées, sont d'un gabarit certain. Etudes poussées et sanctionnées par des diplômes de grandes universités et écoles, une expérience à l'international au sein des plus importantes structures du monde, un réseau de relations puisé dans les antécédents familiaux, et puis, une façon d'être et de faire qui répond aux «standards internationaux» en la matière. Ils demeurent à jamais des références dans leur métier. Quand toutes les voies se ferment à eux dans leur pays d'origine, ils s'expatrient là où ils n'ont pas d'historique, où ils n'ont pas à se justifier en permanence par rapport à une décision qui, tout compte fait, ne dépend pas toujours d'eux. Mais il y a aussi la voie royale. Suite logique ou facilité non dissimulée, le consulting l'incarne de plus en plus. Un nom sur une carte visite et le tour est joué. Et comme ils connaissent les moindres besoins des secteurs d'activités où ils ont exercé, la formule et la prestation ne peuvent que trouver preneur. « Beaucoup travaillent en freelance. Cerise sur le gâteau, il n'est pas coûteux de monter une entreprise de consulting. C'est de la matière grise, rien de plus », lance un consultant. En revanche, l'expérience a prouvé que lorsque l'on a goûté « au pouvoir de la décision », le mécanisme est toujours présent et ne demande qu'à se révéler. Et ces personnes ne tardent pas à se re-hisser. Le reste n'est qu'une question de timing. Fathallah Berrada Ex-président du directoire de la Bourse de Casablanca fév 2008-déc 2008 Une banque d'affaires en gestation Un nouveau départ se profile pour Fathallah Berrada, ancien patron de la Bourse de Casablanca. Celui qui a fait les frais (avec Hind Bouhia et Omar Drissi) de la descente aux enfers qu'a connue la place financière casablancaise fin 2008 est sur le point de lancer une banque d'affaires en partenariat avec des étrangers. «Je prends le temps d'organiser mon retour de manière professionnelle», déclare-t-il. Et d'ajouter, «ce n'est pas parce qu'on n'est pas au devant de la scène publique qu'on ne fait rien», lance-t-il tout sourire. De toutes les façons, Berrada n'a jamais été du genre mondain. On ne risquait pas de le rencontrer, sauf rares exceptions, dans les soirées VIP, en train de faire son show aux côtés des grands pontes de l'économie et de la politique. Son dada à lui, ce sont les réunions de travail, les longues heures de concentration face à son ordinateur, ou des moments de répit en famille. Une attitude qui ne date pas de la période post-départ de la Bourse, mais qui fait partie de son comportement de toujours. Ce n'est donc pas un hasard s'il s'est davantage éclipsé au moment où on lui imputait la responsabilité de la défaite de la bourse. De ce sujet, il ne parlera jamais. «J'ai fait mon boulot en toute honnêteté», se limite-t-il à dire. «Le plus important pour moi, ce sont mes projets futurs ». En effet, il est prévu que le projet en gestation soit opérationnel à la rentrée. Entre temps, son cabinet FB Conseils et Finances, mis en veilleuse durant son mandat à la présidence de la Bourse, sera réactivé. «J'avais déménagé des locaux, mis par la suite en location, mais la structure juridique de FB existe toujours», précise cet expert-comptable qui a passé près d'un quart de siècle dans les métiers de la finance. Ancien de Price Waterhouse, de Wafa Invest, d'Asma Invest et de la SBVC, il ne compte pas s'éloigner de ses amours de toujours : la finance et la bourse. Les quatre roues dans la peau ! Il a créé son cabinet de consulting, Harvest management, mais il a fini par rejoindre M'dina Bus, ce groupement d'entreprises privées chargé de la gestion du transport collectif urbain à Casablanca. «Je ne fais que ce que je sais bien faire», déclare-t-il. Inutile de rappeler que Benkirane compte de longues années d'expérience dans le domaine de l'automobile. Il a été tour à tour PDG de Suzuki Maroc et de Sopriam. Son départ de la filiale de l'ONA en a surpris plus d'un. « La séparation s'est faite dans de bonnes conditions. Il n'y a pas eu de tensions », tient-il à préciser. Un départ qui a été suivi sans transition par le lancement de Harvest avant qu'il ne fasse partie de M'dina Bus. Une nomination qui date de quelques semaines seulement, mais d'ores et déjà, Abderrahim Benkirane sait ce qui l'attend au sein de cette entreprise en mal d'organisation. Nommé directeur général délégué, il lui revient d'avoir mis sur les rails les jalons d'une restructuration qui s'impose. Car M'dina Bus, c'est d'abord un déficit de centaines de millions de dirhams. «C'est une mission difficile», reconnaît-il de prime abord. Mauvaise gestion financière, état de vétusté des bus, conflits sociaux… La liste des maux qui rongent la compagnie est longue. Une sorte de secret de polichinelle pour l'ex-président de l'Aivam (Association des importateurs de véhicules au Maroc). Du repos, en attendant… «Dounia Tâarji est retournée à CFG». La rumeur a circulé en force durant les dernières semaines. D'autant plus que l'ancienne directrice générale du gendarme de la bourse n'a encore atterri nulle part, officiellement. Un responsable à CFG réagit tout de go : « d'où vient encore cette information infondée ? ». Une façon virulente de démentir des bruits de couloir qui puisent toute leur pertinence dans le statut de Dounia Taârji en tant qu'actionnaire du groupe. « Pas du tout. Elle a vendu toutes ses actions dans le groupe en 2001, soit juste après sa nomination comme DG du CDVM ». Une chose est sûre. Pour le moment, en dehors des cours qu'elle donne dans une université marocaine, Dounia Taârji profite de ses vacances. Et elle ne manque pas de le crier sur tous les toits. « Cela m'étonnerait qu'elle reste inactive longtemps. Elle n'est pas du genre à apprécier l'oisiveté », lance un parent proche de cette quadra. Durant les mois qui ont suivi son départ du CDVM, elle n'a pas manqué de se rendre dans de nombreuses soirées VIP, affichant une bonne mine et un air comblé, comme pour dire qu'elle n'avait rien à se reprocher, rien à regretter, rapporte un jet-setteur. « Elle se sent soulagée de ne plus être sous les projecteurs des médias », ajoute une autre source. Et pour cause, les derniers mois ayant précédé son débarquement du CDVM n'ont pas du être faciles à vivre.La fuite d'informations non publiques relatives au carnet d'ordre de la Bourse, à cause d'une erreur de paramètres au moment de la migration vers le nouveau système de cotation en mars 2008, n'avait pas manqué de nourrir les commentaires les plus virulents. En effet, l'accès à ces informations par le grand public était réalisable à travers le site de Boursomaroc. Une erreur fatale que tout le staff de la Bourse a payé cher, Dounia Taârji aussi. Reconversion dans le consulting Jamais patron de l'ONE n'a suscité autant de controverses. Son départ annoncé officiellement un 14 novembre 2008 n'a fait que confirmer des rumeurs devenues de plus en plus insistantes des mois auparavant. Les investissements électriques qui devaient se faire, et qui ne l'ont pas été, auraient motivé son limogeage. Ce manque de visibilité avait engendré des délestages qui n'ont pas manqué de susciter la colère des industriels et l'inquiétude des foyers qui gardent encore en mémoire les scénarios de coupures répétitives des années 90. Maâmar a tenté de se dédouaner de cette lourde responsabilité en précisant que son ministre de tutelle n'a pas prêté une oreille attentive à ses demandes incessantes de renforcer le budget de l'ONE. Appelé sur son téléphone, Younes Maâmar était en voyage à l'étranger. «Je ne peux pas vous parler maintenant. Attendez que je rentre au Maroc», a-t-il répondu laconiquement. De nouveau expatrié? Va-t-il retenter l'aventure de la banque mondiale, lui qui a passé six années au sein de cette prestigieuse institution internationale? Les informations recoupées infirment un tel scénario. En effet, selon de nombreuses sources proches de l'ex-patron de l'ONE, Maâmar aurait monté une société de consulting. «Il travaille en freelance. Il a créé une structure juridique pour pouvoir travailler à son propre compte», précise un de ses amis. Son besoin d'indépendance a certainement pris le dessus sur son ambition pour les grands postes. Un grand commis de l'Etat qui attend sa réhabilitation Peut-on dire aujourd'hui que Mustapha Bakkoury, l'ex-président directeur général de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), est tombé en disgrâce ? En tous cas, lorsque le Prince Moulay Rachid a fêté son anniversaire, Bakkoury figurait sur la liste des cinquante invités, ce qui a chamboulé tous les calculs des observateurs. Ainsi donc, le grand commis de l'Etat est loin d'être persona non grata. Est-ce là un signal de réhabilitation ? Selon une source proche de ce diplômé des Ponts et Chaussées, Bakkoury est pressenti à un nouveau poste à responsabilité, comme celui de gouverneur de Bank Al Maghrib par exemple. La même source ajoute que «Bakkoury savait qu'il n'était pas inamovible et qu'il était temps pour lui de bouger. Seulement, c'est la façon dont il a été «débarqué» qui l'a particulièrement touché.». En effet, Bakkoury avait appris la nouvelle alors qu'il était en pleine cérémonie de remise des diplômes à l'université Al Akhawayn à Ifrane, en compagnie d'autres grosses pointures du monde des affaires. D'aucuns soutiennent que l'ex-patron de la CDG cherche à développer ses activités en attendant la «réhabilitation». Il serait sur le point de renforcer sa participation dans le capital de l'école de gouvernance et d'économie de Rabat, dont il est membre fondateur et actionnaire. En cherchant les raisons de son départ, une source informée avance que la récente visite du Roi Mohammed VI à Paris a précipité la décision de son limogeage. Le Souverain avait demandé à Bakkoury de convaincre Renault-Nissan de maintenir leur projet à Tanger. Une mission qu'il n'a pas accomplie avec succès. D'autre part, Bakkoury aurait fait les frais de la bataille qui se joue sur l'avenir du capital du Club Med. Détenant un peu plus de 10% du capital du Club, la position de la CDG est stratégique dans la bataille boursière qui se dessine entre le PDG du groupe, Henri Giscard d'Estaing, et Bernard Tapie, homme d'affaires intéressé par le rachat de l'entreprise. La récente levée de fonds du Club Med a coûté cher à Fipar Holding, filiale offshore qui gère ses participations à l'international, au moment même où l'impact de la crise se fait sentir. En tout état de cause, peu importe la manière dont Bakkoury a été limogé, s'il ne fait pas partie de ceux qui sont tombés en disgrâce. Monsieur conseil en télé ! Démis de ses fonctions par le conseil d'administration de la Société nationale de Radiodiffusion et de Télévision (SNRT), le 24 juin 2008, l'ex-directeur général de 2M, Mustapha Benali - poste qu'il a occupé depuis le 10 septembre 2003 -, a du remettre de l'ordre dans ses idées avant de se lancer dans un projet de création d'un bureau de consulting (à Casablanca) en partenariat avec un cabinet français. « Il est difficile de le faire seul. D'autant plus que je m'appuie sur leur savoir-faire et leur expertise », lance Benali. Ce bureau, qui aspire à recevoir ses premiers clients en septembre prochain, se spécialisera dans les études d'ingénierie en nouvelles technologies et innovation. L'ex-patron de 2M, qui demeure attaché au secteur audiovisuel, mène actuellement une mission au Moyen-Orient. Une mission valorisante pour Benali, qui a fait l'objet des commentaires les plus virulents au lendemain de son départ de la chaîne d'Ain Sebaâ. Cette page a été définitivement tournée quand ce doctorant en traitement d'images de l'école des Mines de Paris est entré en contact avec des groupes de chaînes de télévision des Emirats Arabes Unis, afin d'identifier les besoins en conseil dans le secteur. Apparemment, la production audiovisuelle, la communication et la publicité le séduisent encore. Mais a-t-il des projets pour le Maroc ? « Ca m'intéresse, mais malheureusement, le marché est étroit, restreint », affirme-t-il. En effet, ce n'est pas la première fois que Benali s'expatrie. Il a résidé pendant dix ans en France, où, juste après ses études, il a travaillé dans la recherche et le développement pour le compte du ministère de la Recherche et de l'Industrie, le centre de recherche, le département de la défense, et autres départements publics français. Comment a-t-il vécu son départ de 2M ? « Il était faux de dire que je n'avais pas admis la décision de mon départ. Je n'ai jamais pensé que j'allais y rester à vie », confie-t-il. Fair-play ? Benali assure l'être. Mais cela ne l'empêche pas de défendre ses droits. Il attend l'expiration du délai réglementaire dans l'espoir de recevoir ses indemnités, « conformément au code du travail », tient-il à souligner. Seulement, en constatant que la procédure en vigueur a traîné, il este en justice la chaîne publique pour non respect des dispositions dudit code. Un passage en coup de vent Azzouzi n'a pas fait long feu chez Othmane Benjelloun. Quelques mois seulement avant que l'aventure de l'ex-patron de l'ONMT se termine au sein du groupe FinanceCom. Celui qui devait chapeauter le réseau de distribution de prêt-à-porter fraîchement créé par le groupe a levé l'ancre peu après le rachat de la franchise Celio. Tout laissait croire que Azzouzi allait durer quelques années encore. D'autant plus qu'il n'a pas la réputation d'un homme volage. Au sein du groupe, on attribue son départ au fait que Benjelloun n'a pas apprécié qu'Azzouzi développe des affaires personnelles en même temps qu'il travaille pour son temps. Une information que nous n'avons pu ni confirmer, ni infirmer auprès du premier concerné, son téléphone étant constamment éteint. Qu'est-il devenu après son départ de Cap Retail ? Une source proche de Azzouzi lance : « il prend son temps avant de se décider. Après des postes à responsabilité, on ne peut pas foncer tête baissée et accepter n'importe quel boulot ». Disparu de la scène publique, Azzouzi continue par ailleurs à assister aux réunions de l'association Mawazine dont il est membre. Il vient de démissionner. Encore ! Encore une fois, Khalid Oudghiri fait l'actualité. L'ex-président d'Attijariwafabank vient de démissionner de son poste de président exécutif de la plus grande banque saoudienne « Al Jazeera Bank». Dans le communiqué publié par la banque, on apprend que Oudghiri a démissionné pour des raisons familiales. Les actionnaires ont tout de même décidé de lui accorder le titre de président honorifique, en le gardant comme conseiller à distance. Car de source informée, il se serait établi au Canada, après un bref séjour à Paris. Mais ce qui s'est apparemment passé, c'est que les responsables saoudiens de la banque ont placé très haut la barre des objectifs à atteindre, tellement haute que l'ex-président d'Attijariwafabank n'a pas pu suivre et a fini par présenter sa démission. La malédiction poursuit Oudghiri, contre qui un mandat d'amener a été lancé par le juge d'instruction Jamal Serhane fin décembre 2008, suite à une ancienne plainte de l'homme d'affaire Abdelkrim Bouftas pour escroquerie, vol, faux et usage de faux et usage d'influence. Le neveu de Abderrahmane Bouftas, ancien ministre de l'Habitat, accuse Khalid Oudghiri d'avoir fait pression pour lui faire vendre un terrain de 440 hectares, situé dans l'oasis de Sidi Brahim, à la périphérie de Marrakech, au patron du groupe Ynna Holding, Miloud Chaabi, à un prix dérisoire. L'homme qui, en 2003, a réussi la fusion entre Wafabank et la Banque commerciale du Maroc, donnant naissance au plus grand groupe financier du Maghreb, aurait commencé à trop dénigrer la stratégie de l'ONA et sous-entendu que la holding ne reposait que sur la filiale qu'il dirige. Des raisons plus que suffisantes aux yeux des actionnaires de la holding pour exiger le départ du super-banquier. Mis sous pression, Oudghiri a fini par déposer sa démission, qui n'a pas été rejetée, bien entendu. Ce sera le début de la malédiction qui le poursuivra probablement jusqu'à la fin de sa carrière. Même au-delà des frontières du royaume. Il revient à ses premières amours ! Jusqu'en avril 2008, Saâd Bendidi vivait sous les projecteurs. De vice-président directeur général du groupe Finance.com au poste de président-directeur général de la plus grosse holding du pays, l'ONA (Omnium Nord Africain), il avait récolté tellement de succès qu'il n'avait pas droit à l'erreur. Le 11 avril, suite à un conseil d'administration record qui a duré près de 6 heures, on annonce que Saâd Bendidi est congédié. Il cède sa place à Mouatassim Belghazi. Un coup dur ! Mais quelques mois après, il se redresse et crée une société de mobilier de bureau, du nom de l'enseigne américaine Haworth, le n°2 mondial dans l'aménagement des espaces de travail et mobilier de bureau. Constituée d'un showroom de 600 m2 à Casablanca, l'entreprise est la première implantation de cette franchise américaine dans la région. Pour mener le projet à bien, Bendidi s'est associé à plusieurs hommes d'affaires, dont l'actuel directeur général de la société, Jacob Ouaknine. Par ailleurs, l'ex-patron de l'ONA a renoué avec ce qu'il avait fait au début de sa carrière, le consulting. Un retour aux premières amours ! En effet, ce diplômé de l'Institut des études politiques de Paris, qui plus est ingénieur des Arts et Manufactures, avait exercé à Paris en tant que consultant à Booz Allen & Hamilton. Aujourd'hui, il le fait à titre privé, affirme-t-il, sans en dire plus. Saâd Bendidi est considéré comme une tête pensante, un joker gagnant que briguent les grandes holdings du pays. A la tête de l'ONA depuis le 14 janvier 2005, on misait sur ses compétences avérées pour lancer de grands projets, les nouveaux métiers de la holding, notamment les télécommunications. Mais au fil du temps, le troisième opérateur du pays, Wana, après un succès aussi foudroyant qu'éphémère, devient un gouffre financier pour la holding. Le conseil d'administration s'était alors alarmé de la faiblesse du plan d'affaires que lui avait soumis Saâd Bendidi et avait fini par retirer son mandat. « Wana atteindra son équilibre financier d'ici 2010 », avait-il déclaré à la presse en 2007. L'ex-PDG, dont le départ du groupe Finance.com était considéré comme une perte pour Othmane Benjelloun, ne pensait guère alors que son siège était éjectable. Selon une source qui lui est proche, Bendidi aurait avancé qu'il n'est pas responsable de l'échec du départ de Wana et que peu de gens voyaient arriver l'impact du début de la crise internationale. Cette fois-ci, le succès lui est passé entre les doigts. Car du temps où il occupait le poste de PDG de RMA Watanya, la première compagnie d'assurances, d'octobre 2003 à janvier 2005, il avait conduit avec brio la fusion des deux boîtes. Et puis, de juin 1999 à janvier 2005, ce centralien était à la tête du 2e opérateur marocain Méditelecom. Après le coup dur qu'il a encaissé en 2008, Bendidi s'est tourné vers le consulting. Quand on ne sait plus où l'on va, on retourne d'où l'on vient ! Une retraite bien préparée Même après la nomination d'Ali Harraj à la présidence puis à la direction générale du CIH, Khalid Alioua continue d'y siéger comme administrateur. Mais cette situation durera-t-elle ? Rien n'est moins sûr. Les prochains jours pourraient apporter leur lot de surprises, en fonction de ce que révèlera le prochain conseil d'administration qui se tiendra dans les prochaines semaines sous la présidence de Anas Alami, le nouveau patron de la CDG, par ailleurs actionnaire de référence de l'ancien OFS. En effet, il n'est pas exclu que l'ex-président socialiste soit éjecté du conseil d'administration. Alioua, dont l'image a été ternie par la médiatisation d'un cas d'abus de pouvoir, celui de l'appropriation à un prix dérisoire d'un duplexe vendu aux enchères, n'est pas assez dupe pour ne pas se douter de ce qui risquait d'arriver. Celui qui a roulé sa bosse dans le public, puisqu'il a été plusieurs fois ministre dans le gouvernement Youssoufi, dispose d'un filet qui lui permet d'amortir la chute. Selon des informations recoupées par Challenge Hebdo, « Alioua se prépare à réactiver un bureau d'étude et de conseil qu'il avait ouvert il y a quelques années, soit juste après avoir quitté le ministère ». Un cabinet qu'il avait mis en veilleuse mais qu'il comptait rouvrir une fois sa « retraite » prise. Savait-il pour autant que ses jours étaient comptés ? Des amis proches assurent qu'il était prévu que la Caisse d'épargne et de gestion prenne les rênes de la banque pour revigorer son état financier et commercial en continuité du plan de restructuration qu'a entamé Alioua. Il a alors fallu placer un homme des situations difficiles. Qui pouvait faire de l'ombre à Harraj, qui a su mener à bien la liquidation de la BNDE et fait émerger Maroc Leasing, qui a occupé en quatre ans seulement la deuxième place dans son secteur d'activité ? Loin des jugements de valeur, le choix de Harraj s'est fait dans un objectif précis : contribuer à mettre en place un pôle financier public où le CIH jouerait un rôle central.