Pour le plus vieux des partis marocains, le PPS, faire le plein des candidatures n'a pas toujours été une affaire aisée. Idéologie et centralisme démocratique obligent, les militants ont été, de tout temps électoral, très regardant. Plus jamais ? En fait, le profil du candidat PPS, ne différerait qu'en degré de ceux des autres mouvements de gauche. L'ouverture, voilà le sésame ! Il a mené la bataille contre la loi électorale, aux côtés de la gauche radicale, guerroyé contre les poursuites judiciaires à l'encontre des candidats «véreux» lors du renouvellement du tiers de la 2ème Chambre, en intelligence avec le PI, conclu des alliances parlementaires avec l'ex-PSD et al Ahd, tous deux minoritaires, et compte entamer les élections prochaines en faisant cavalier seul. C'est de la capacité de manœuvre, en effet, que dépend la survie, longue survie, du vieux parti marocain, le PPS en l'occurrence. Ouverture Cette capacité dont il aura immanquablement besoin pour se faire une place lors des échéances prochaines. Pour ce, il aura besoin de ratisser large, essayer de s'imposer sur l'échiquier et négocier des postes lors de la constitution du prochain gouvernement. «Que faire?», aurait demandé le parti communiste marocain à Illich Oulianov, dit Lénine, le grand inspirateur du PPS et son ancêtre. Réponse : s'ouvrir à la société et essayer de composer avec les réalités du moment. Mais, il faut d'abord donner à César ce qui revient à César. Ainsi, le choix pour les candidatures du scrutin de septembre 2007 a d'abord porté sur les «proches». Le PPS n'oublie pas les siens et à tout seigneur tout honneur : la majorité des membres du bureau politique figurera sur les listes. Nabil Benabdallah, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement est déjà désigné candidat du parti à Témara. Selon des sources du parti, le ministre n'a encouru aucune concurrence. Idem pour Abdeslam Zamzmi et Amine Sbihi, respectivement têtes de listes à Salé Tabriquet et Salé Jadida. D'autres membres de la direction retrouveront leur bercail : le cas, par exemple de Rahhou Hilae, qui briguera le siège de Roumani. Madame le maire de Mogador, Asmae Chaabi, mènera les siens pour conquérir le siège d'Essaouira. Vu son aura et son dynamisme, il y a lieu de prévoir un succès. Hors de la liste nationale. Exclusivement féminine, cette dernière n'est, paraît-il, plus acquise à Nouzha Skalli. Femme-courage et battante, Nouzha, comme l'appellent ses camarades, sera concurrencée par une nouvelle recrue : Gajmoula Bent Abbi. Ancienne responsable au sein du MP de Mahjoubi Aherdane, elle a dû quitter le navire après la fusion des Mouvements. Du coup, elle intègre le bureau politique du Parti d'Ismaïl Alaoui. Signe d'ouverture, son adhésion donnera le ton sur la prédisposition du parti à répondre favorablement à toutes les demandes d'adhésion. Autre signe, autre candidat : Ahmed Zarrouf, ancien MPiste, en désaccord avec son parti d'origine, conduira la liste de Taounate. Pour l'heure, le PPS a tranché à propos de 90 listes, c'est-à-dire près du tiers de l'ensemble des sièges à pourvoir. À Fès, les choses semblent plus compliquées, le week-end dernier, deux membres du bureau politique dont Me Khalid Naciri n'ont pas pu venir à bout des résistances et autres divisions qui tiraillent les militants. Des militants pointent du doigt un certain laxisme qui «rompt éthiquement avec l'ouverture». On risque de se trouver dans de mauvaises situations, comme celles qui ont prévalu lors du renouvellement du tiers de la deuxième chambre, note un vieux militant. Et pour cause, «le PPS s'est trouvé dans l'obligation de monter au créneau pour défendre ses députés poursuivis pour corruption», renchérit un autre. Que nenni, rassure la direction. En faisant référence à une déclaration, de Nabil Benabdallah, lors de l'Université d'hiver organisée les 24 et 25 février dernier à Bouznika. «Le Maroc des réformes, de la démocratisation, de la modernisation de l'administration, de l'économie, des structures sociales, des médias ne peut plus se satisfaire d'un environnement profondément pollué par toutes sortes de corruption, de dépravation au niveau de la gestion des affaires publiques», a-t-il déclaré. Quoi qu'il en soit, «la décision finale revient au comité central», note un responsable du parti. Le 19 mai courant, le PPS sera fixé quant à ses candidats. En attendant, et à l'image de toutes les formations en lices, le Parti d'Ismail Alaoui a «respecté toutes les procédures stipulées, soit par ses propres lois, soit par la nouvelle loi sur les partis».