À quelques mois de la date des élections législatives du 7 septembre 2007, deux sondages donnent le PJD vainqueur. Le premier émane du ministère de l'intérieur alors que le second est réalisé par le PJD. La scène politique est chamboulée depuis quelques semaines. Le motif est simple. Des informations sur des sondages concernant les élections législatives prochaines ont été diffusées par la presse. Plusieurs partis ont violemment réagi à ces résultats. Les chiffres annoncés interpellent plus d'un. Le ministère de l'Intérieur chargé d'organiser cette échéance électorale avait mené des sondages. Même si les enquêtes d'opinions reflètent une situation précise dans un contexte particulier, il n'en demeure pas moins que le sondage de l'Intérieur est significatif. Le premier résultat est intéressant à analyser. L'actuelle majorité gouvernementale réaliserait 26% alors que l'opposition serait autour de 16 %. Plus de 45 % des électeurs ont déjà fait leur choix. Sur les 16 % qui voteraient pour l'opposition, 13% seraient acquis pour la cause du PJD. En prenant en compte les 26 % de la majorité gouvernementale, le PJD serait en tête suivi de prêt de l'USFP, l'Istiqlal et le RNI et viendrait, à deux points prêts, le Mouvement populaire. Des chiffres qui laissent présager que l'actuelle majorité gouvernementale serait reconduite en 2007. Mais d'autres chiffres changent complètement la donne. Le sondage de l'Intérieur annoncerait que 13 % des Marocains ne voteraient pas et que 45% seraient toujours indécis. Sur ce dernier chiffre, 45% voteraient PJD. En clair, le parti de Sâad Eddine El Othmani raflerait la mise. Mais, le nouveau paramètre est que le PJD tournerait autour d'un pourcentage de 30 %. Même s'il n'a pas la majorité absolue, il serait largement en tête au Parlement. Les autres partis tel que le PPS et les partis dits de gauche feraient une avancée conséquente. Dès la sortie des prémices de ces résultats, la classe politique a vivement réagi. D'abord, le numéro deux du Mouvement Populaire, Saïd Ameskane a envoyé un démenti au quotidien arabophone Al Ahdat Al Maghribia pour nuancer ces chiffres. Le quotidien avait publié un chiffre alarmant pour le Mouvement Populaire de Mohand Laânser. Selon Al Ahdat, il ne dépasserait pas, les 10%. Difficile à croire surtout après la fusion du MP, MNP et UD. Mais en ajoutant le vote des indécis, les Harakis grimperont et gagneront des galons. Indépendamment des résultats de chaque parti, un chiffre reste très inquiétant. Moins de 5% des Marocains connaissent la classe politique et s'intéressent à la vie publique. Etude sociale Un résultat désolant qui a poussé l'Etat et les partis politiques à se mobiliser pour convaincre les Marocains d'aller voter. Une approche responsable et les résultats suivront. Depuis l'ouverture des inscriptions dans les listes électorales, plusieurs milliers de personnes se sont inscrites. Le pouvoir veut absolument créer l'engouement de toutes les catégories sociales pour réussir le rendez-vous du 7 septembre 2007. Même si le PJD est en tête, d'après ce sondage, le message de ces chiffres est clair. L'actuelle majorité peut rester au gouvernement. Il suffit que l'USFP et l'Istiqlal se mettent en accord. Chose qui risque d'être très difficile. Dans la foulée, le PJD a concocté son propre sondage. En faisant appel à un institut basé à Rabat et à ses militants, il a réalisé une enquête d'opinion dont les résultats restent très secrets. En général, le sondage du PJD confirme les données du ministère de l'Intérieur. Il serait en tête, selon son sondage, avec 37 %. Suivit de l'USFP et de l'Istiqlal. Même le RNI réaliserait un très bon score. Avec ces chiffres, le PJD doublerait le nombre de ses parlementaires. Pis, il aurait des centaines d'élus à l'hémicycle. Un cataclysme politique pour les autres formations. Au-delà de cette information, le PJD a réussi un coup de maître. Ces responsables connaissent aujourd'hui parfaitement leurs points faibles. Avec plus de 2000 sondés sur tout le territoire national et qui comportent toutes les catégories sociales économiques, le PJD a les cartes en main. Les sondeurs ont visé les zones rurales et urbaines. L'information la plus importante est que le PJD n'est plus uniquement un parti urbain qui vise une certaine élite. Bien au contraire, il s'est développé et a, aujourd'hui, une popularité dans les zones rurale. Sur les 95 circonscriptions, il remporterait plusieurs sièges dans les villes et gagnerait même dans des zones ou il n'était pas présent en 2002. Avec ce sondage, le PJD ajustera son discours et proposera les candidats en fonction des attentes de chaque circonscription. Le questionnaire proposé aux sondés par le PJD, comporte plus d'une centaine de questions. Une étude sociale détaillée qui met en avant les caractéristiques des différentes catégories de votants. Les jeunes et les femmes sont spécialement visés. La baisse de l'âge de vote à 18 ans devient un facteur déterminant. Après l'annonce des résultats du sondage du ministère de l'Intérieur, les partis ont essayé de réajuster leur tir. Même si beaucoup de choses devaient changer d'ici à septembre prochain, lesdits résultats ont interpellé les politiques.