La Comanav a été cédée au prix de 2,25 milliards de dirhams au troisième groupe mondial de transport maritime à conteneur, le Français CMA-CGM. En renforçant ses activités au Maroc, le groupe contribuera au développement du transport et surtout à la réduction des coûts. Contrairement à Maroc Télécom et à la Régie des Tabacs, la Comanav sera vendue sans trop de surenchère. Le Trésor public n'engrangera que 50 petits millions de dirhams de plus que le prix initialement fixé par l'évaluation du cabinet Masnaoui Mazar. C'est au prix de 2,25 milliards de dirhams que le groupe Français CMA-CGM a été adjudicataire de la Compagnie marocaine de navigation, contre une valeur de 2,2 milliards de dirhams initialement fixés par l'organisme d'évaluation. Aucune autre entreprise n'a donné plus, pour la simple raison qu'il n'y a pas eu d'autres concurrents à l'appel d'offres. Pourtant les intéressés ne manquent pas. Des noms d'armateurs tels que l'Espagnol Transmed, l'Italien Grimaldi ou encore le géant Maersk, déjà présent à Tanger Med, avaient été annoncés comme des prétendants sérieux. Les autres prétendants ont préféré se retirer car ils n'ont pas pu obtenir un délai supplémentaire d'un mois, demandé à quelques jours de l'ouverture des plis. Certes, le Trésor public aurait pu gagner davantage, mais ce serait au prix de la crédibilité du Maroc. Donc il n'est pas du tout question de repousser les délais. Néanmoins, il convient de rappeler que c'est la première opération de privatisation ou de cession de licence pour laquelle l'Etat n'amasse qu'une faible plus-value. En effet, pour la privatisation de la Régie des Tabacs, l'évaluation avait fixé un prix minimum de 6,4 milliards de dirhams. Cependant, Altadis offrira plus que le double de ce prix en mettant 14 milliards de dirhams sur la table. En remontant un peu plus loin en 1999, lors de l'attribution de la seconde licence de téléphonie mobile également, le groupement formé de Telefonica, Portugal Telecom, la BMCE Bank, Afriquia et la CDG avait offert plus de 3 milliards de plus. Mais, les contextes ne sont pas les mêmes, car le groupement piloté par CMA CGM n'est finalement entré en compétition qu'avec un autre groupement constitué d'opérateurs saoudien, égyptien, indonésien et marocain. Mais le vrai gain du Maroc est d'avoir attiré cet investisseur de taille à renforcer ses activités au Maroc. Implanté sur le territoire national en partenariat avec le groupe Navimar, CMA-CGM a fait l'acquisition de Dextra Maghreb et Dextramar en 2005, ce qui lui a permis de se positionner sur le marché des conteneurs réfrigérés. Elle a renforcé sa position en participant (à hauteur de 20%) dans le 2e quai à conteneurs de Tanger Med. Un partenariat avec MSC (20 %), Eurogate (40%) et Comanav (20%). Mais dans le rachat du groupe Comanav, CMA CGM serait surtout intéressé par le fret pendant que son allié espagnol lorgnerait les lignes et le matériel. Quoi qu'il en soit, l'Etat qui table sur moins de 5 milliards de DH de recettes de privatisation pour cette année a déjà de quoi se mettre sous les dents. Aujourd'hui, CMA-CGM exploite une flotte de 305 navires et génère un chiffre d'affaires de 6,68 milliards d'euros, d'après les chiffres de 2006. Toujours, durant l'exercice qui vient de s'écouler, le groupe Français a transporté près de 6 milliards d'EVP. Par ailleurs, l'acquisition de la Comanav lui permettra de dégager une synergie entre ses différentes activités au Maroc. Le fait de contrôler la Comanav permettra de faire bénéficier les entreprises marocaines de coûts de transport bien moins élevés qu'actuellement. Pour l'heure, il sera difficile de le faire, mais avec la mise en exploitation du nouveau port de Tanger Med d'ici deux ans, cette baisse des coûts sera une réalité.