Le numéro deux du PJD, Lahcen Daoudi, trace l'approche de son parti et explique les choix du PJD à quelques mois du scrutin du 7 septembre prochain. Il n'est pas contre la participation de son parti au prochain gouvernement, mais préfère attendre les résultats des élections législatives pour se prononcer. La Gazette du Maroc : Tout d'abord, que pensez-vous de l'attentat terroriste du 11 mars à Sidi Moumen ? Lahcen Daoudi : Je ne vois pas de relation entre le PJD et les gens qui ont commis cette horreur. Le phénomène du terrorisme doit interpeller toutes les formations politiques et même toute la société marocaine. Les politiques doivent encadrer les jeunes et avoir des relais dans les zones difficiles. La misère, le chômage et l'exclusion sont des facteurs directs qui poussent les jeunes vers l'extrémisme. Au PJD, nous sommes conscients que nous devons expliquer aux gens que la violence ne mène à rien. Vous êtes un parti à connotation islamiste… Le Parti de la Justice et du Développement est un parti marocain qui a comme référence l'Islam. Je crois que tous les Marocains ont ce même référentiel. En 2003, on vous a accusé d'être, indirectement, responsables des attentats de Casablanca ? Certains partis politiques ont essayé d'utiliser ce drame pour nous affaiblir. D'autres ont même demandé notre interdiction et la dissolution du PJD. Nous avons subi des attaques, mais, Dieu merci, le PJD a pu dépasser cette épreuve. Quand vous dites «certains partis», pensez-vous à l'USFP ? J'ai bien dit certains partis. Et l'USFP ? Sans commentaire. Et l'Etat ? Finalement, les responsables ont compris que nous sommes contre ces actes barbares. Le PJD n'a aucune relation avec les personnes qui ont commis ces attentats. Aujourd'hui tout le monde est d'accord sur cette idée. Je crois qui faut dépasser ces clivages et s'unir contre le terrorisme. Le meilleur moyen est de travailler pour améliorer le quotidien des Marocains et inciter les gens à investir pour créer de l'emploi. Depuis 2003, beaucoup choses ont changé. D'ailleurs, votre parti a choisi d'être présent dans toutes les circonscriptions. Est-ce un changement de cap ou tout simplement une émancipation de la tutelle de l'Etat ? Nous n'avons jamais été sous la tutelle de l'Etat. En 2002, il y a eu des discussions et le fait de limiter notre participation a été le choix du PJD. En 1997, nous sommes rentrés en politique à un moment où les événements en Algérie marquaient toujours les esprits. En somme, nous avons opté pour une présence graduelle au Parlement. En 2002, le Maroc vivait une transition démocratique, et le PJD n'était pas assez mûr pour généraliser sa participation. En revanche, aujourd'hui toutes les conditions sont réunies pour élargir notre participation. On fait partie de la société marocaine et nous sommes une formation qui peut apporter beaucoup à nos concitoyens. Pourtant, votre secrétaire général a déclaré qu'il ne veut pas être Premier ministre ou même ministre. Est-ce que le PJD restera dans l'opposition après septembre 2007 ? Le docteur Saâd Eddine El Othmani a totalement le droit de se prononcer sur ce sujet. Mais c'est les instances du parti qui prendront la décision. Doit-on comprendre que vous êtes partagé sur cette question ? Non, le secrétaire général a exprimé son point de vue personnel. Mais le parti dira son mot le moment voulu. Quand ? Nous allons d'abord choisir nos candidats, préparer notre campagne électorale et attendre les résultats des consultations. En fonction de ce dernier point, nous prendrons une décision. Si les conditions sont réunies pour participer, je crois que cela sera possible. Quelles sont ces conditions ? Une majorité qui nous permettra d'appliquer notre programme. Il est clair que nous allons faire des concessions au sein d'une coalition, mais il y a des points qui sont pour nous indiscutables et sur lesquels nous serons intransigeants. Comme quoi ? Si nous participons au gouvernement, cette majorité doit avoir comme priorité de combattre la corruption et la valorisation de la vie publique. Par la suite, il faudra s'attaquer au chômage. Les deux priorités sont liées. Pour créer de l'emploi, il faut de l'investissement privé. Ce dernier n'est possible que si l'Etat garantit une certaine transparence. Une autre priorité est l'enseignement. Il faut une réforme approfondie de ce secteur et surtout, il faut créer des centres chargés de la formation professionnelle pour permettre à tous ces jeunes qui ont connu l'échec scolaire de se recaser et d'éviter le chômage. Avec qui comptez-vous faire cette coalition ? Nous sommes ouverts à toutes les propositions. Et cela dépendra essentiellement des résultats des élections. Avec l'USFP ? Et pourquoi pas ! Sur le mode de scrutin, nous étions en accord sur le seuil national. Mais idéologiquement vous êtes à l'opposé les uns des autres ? Effectivement. Mais le Maroc a besoin de toutes les forces vives pour gouverner et dépasser les cadences que connaît notre pays. Je pense qu'avec l'USFP, l'Istiqlal et le RNI, nous pouvons sortir une équipe capable d'aller de l'avant. Mais je le redis. Le PJD étudiera l'éventualité de participer s'il pense avoir les conditions d'appliquer son programme. Dans tous les cas, on a besoin de s'engager avec de grands partis si nous voulons être au gouvernement. Le PJD n'est pas présent au sein de la deuxième chambre. Il a donc, inévitablement, besoin d'une majorité à la chambre des conseillers. Vous oubliez que l'Istiqlal et l'USFP font partie de la Koutla. Le PPS qui est membre de cette instance refuse toute relation avec vous. Que représente le PPS sur le terrain ? À mon avis pas grand-chose. Ramid a-t-il démissionné du secrétariat général ? Mustapha Ramid avait mal compris une décision. Avec Saâd Eddine El Othmani, nous lui avons expliqué certaines choses et il a retiré sa démission. Je crois que le PJD a besoin de lui et de ses compétences. C'est un homme honnête, travailleur qui aime son pays. Il sera toujours parmi nous. Pourtant il n'assiste pas aux réunions du secrétariat général ? Il avait boycotté ces réunions parce que le parti avait des contacts avec le ministère de l'Intérieur. Aujourd'hui, il n'y a plus de contact. A quelques mois avant les élections, le PJD a besoin de toutes ses forces et de tous ses hommes.