Le secrétaire général adjoint du Parti de la justice et du développement, Lahcen Daoudi, a annoncé sa décision de démissionner de son poste, à l'issue des travaux du Conseil national clôturés hier à Bouznika. Le secrétaire général adjoint du Parti de la justice et du développement, Lahcen Daoudi, a créé l'événement hier en annonçant sa décision de démissionner de son poste. Le responsable de ce parti, connu pour incarner l'aile modérée de la formation islamiste, ne s'est pas arrêté à cette décision pour le moins surprenante, il est allé jusqu'à révéler son «vœu» de renoncer à la députation. Contacté hier par ALM, il a d'abord annoncé que cette décision prendra effet lors du 6ème congrès du parti, prévu les 19 et 20 juillet prochain. Interrogé sur les raisons de son départ annoncé, le numéro deux du parti en a voulu pour preuve «les effets de la fatigue». Mais ce que ne dit pas ce responsable est, peut-être, plus important que ce qu'il dit. La raison avancée de son départ cache de manière à peine voilée un mécontentement quant à la virulence des critiques qu'il a essuyées lors du récent rassemblement de Bouznika, lui attribuant, ainsi qu'au secrétaire général du parti, Saâd Eddine El Othmani, la responsabilité de ne pas avoir su négocier l'arrivée du parti au pouvoir. Une manière de le pousser à la démission. «Nul n'est indispensable», lance M. Daoudi, dans un élan qui en dit long sur l'état d'esprit qui prévaut actuellement au sein du PJD. «Ce qui me préoccupe, voire m'inquiète, c'est que l'on commence à se dire au PJD: à quoi sert ceci ou cela», a confié le partant, ajoutant qu'il y a aujourd'hui un consensus au PJD sur «l'inutilité des élections», après les «dysfonctionnements» qui auraient entaché le scrutin du 7 septembre dernier, dont notamment «l'usage de l'argent». Mais là encore, «ce n'est qu'un alibi pour maquiller le fond des problèmes internes auxquels est confronté le PJD », explique un analyste. En vérité, c'est la politique modérée du camp de M.Daoudi qui se trouve dans l'œil du cyclone de l'aile dure du parti. La disposition de ce camp à négocier, sereinement, avec les autorités l'arrivée du parti au pouvoir n'a visiblement pas donné ses fruits, ce qui a remis en selle la thèse de l'aile dure du parti selon laquelle il fallait maintenir le cap sur l'endurcissement du discours et de l'action vis-à-vis de l'Etat pour amener ce dernier à «jouer le jeu du PJD». C'est, en tout cas, la tendance qui a prédominé lors des travaux du Conseil national. «Il n'est plus question de faire confiance aux autorités, qui ne veulent pas du PJD au gouvernement», affirme un militant de la Jeunesse PJD, qui a souhaité ne pas être cité. L'actuelle direction du parti est, justement, visée pour avoir pactisé avec les autorités, en vain. Le PJD, en dépit de son classement deuxième lors des législatives de 2007, s'est retrouvé, encore une fois, dans l'opposition. Les membres du Conseil national n'ont surtout pas mâché leurs mots pour faire porter la responsabilité au secrétariat général. Ici, on lui reproche «un retard dans la délivrance des accréditations» ; là, on l'accuse de «naïveté» dans l'évaluation des chances électorales du PJD; ailleurs, on relève le manque de communication autour du programme électoral. Mais tout bien considéré, c'est la «tête» du courant modéré du parti que l'on veut. L'aile dure du parti, représentée par Mustapha Ramid (chef de l'actuel groupe parlementaire) et Abdelilah Benkirane (président du Conseil national) semble avoir relevé son pari. Le congrès de juillet prochain, le sixième, promet bien des empoignades.