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Le bistouri comme solution
Publié dans La Gazette du Maroc le 28 - 10 - 2002


Mal dans sa peau
En l'absence de critères objectifs pour définir la frontière entre la chirurgie réparatrice (au sens propre du terme), et la chirurgie esthétique, le scalpel s'exprime comme bon lui semble.
Aller chez un chirurgien esthétique ? Non, je n'en ai pas besoin ! Je me trouve bien dans ma peau !". A vingt quatre ans, elle n'a peut-être pas besoin de se refaire la "frimousse". Quelle sera sa réponse dans 15 ans, le visage ridé, les seins ballants, le ventre flasque…
Une sœur musulmane, elle, nous répond que c'est "hram" alors qu'un chirurgien esthétique nous avoue qu'il reçoit quotidiennement des femmes voilées et que certains de ses collègues, au Moyen-Orient, ont "lyposuccès" des "mollah" iraniens. Entre la théorie et la pratique, le fossé n'arrête de se creuser.
Alors que l'Islam interdit toute intervention chirurgicale dans un but purement esthétique, les praticiens et patients évoquent la chirurgie réparatrice qui, elle, est tolérée par notre religion. Quelle est donc la frontière entre l'esthétique et la réparation des handicaps physiques? Les interprétations restent aléatoires puisque dès que le psychique de l'individu entre en jeu, le subjectif prend le dessus. Toutefois, sachant que la chirurgie réparatrice inclut le volet esthétique, tous les coups sont permis. La fin justifie les moyens!
Quand les “cintres” imposent leur loi !
Est-ce que les critères de beauté sont objectifs ? Sont-ils figés ? Existe-t-il des normes internationales définies et acceptées par tous ? A priori, non. En termes de beauté, l'objectivité fait défaut. «Les goûts et les couleurs ne se discutent pas», un adage qui résume bien la situation. Si, sous certains cieux, une taille fine à la Cindy Crawford ou autres est le synonyme de perfection, ailleurs les vergetures et le double ventre (voire triple) sont synonymes d'épanouissement et de beauté sans égale. Les exemples n'en finissent pas. Les contre-exemples non-plus. Sur ce, les passionnés de la précision resteront sur leur faim.
Depuis quelques années, une nouvelle mode fait fureur au Maroc :la chirurgie esthétique. Elle s'est tellement répandue que «liposuccion» est devenu un terme particulièrement anodin, alors que vingt ans auparavant… «Ils sont fous ses romains» ( à adapter au contexte marocain SVP).
On assiste bel et bien à un chamboulement de la mentalité marocaine. Où sont passés les adeptes de « j'aime les femmes bien enveloppées» ou ceux de «être chauve signifie être riche»… ? Sommes-nous arrivés au point d'exiger que nos femmes maigrissent, ou que nos hommes se fassent implanter des cheveux pour mériter nos faveurs ?
Nous sommes tout simplement victimes de la mondialisation !
Avez-vous déjà vu, dans une publicité quelconque, une obèse, un chauve, un nez déformé, un visage ridé? ça frôle le ridicule. Mieux encore, pourquoi les mannequins sont tous maigres (on ne parlera pas des visages, faute d'objectivité).
Pour la petite histoire, les stylistes eux, quand ils cherchent un modèle, ce n'est pas forcément parce qu'il est beau, mais tout simplement parce qu'il est mince et grand de taille. Pourquoi ces critères ? Les stylistes cherchent à mettre en valeur leurs créations. Un modèle (mince et grand de taille) est en fait une sorte de «cintre» à deux jambes.
Monsieur et madame tout le monde ne le voient pas du même oeil. Pour eux, être belle, ou beau, c'est ressembler aux «cintres humains» (mannequins).
Ainsi, pour plaire ( le mot généralement utilisé est : se sentir mieux dans sa peau), on n'hésite plus à se «liposuccer» le surplus de graisse, à lifter le visage histoire d'éliminer ces horribles rides, et se refaire le nez à la «Cléopâtre», à se re-refaire le nez ( parce que le premier résultat n'était pas satisfaisant)…
Mais il y a une chose que la majorité oublie : les gens aiment «frimer» avec des mannequins, pas épouser des mannequins. Allez savoir pourquoi ?
En l'absence de critères objectifs pour définir la frontière entre la chirurgie réparatrice (au sens propre du terme), et la chirurgie esthétique, le scalpel s'exprime comme bon lui semble.
"Aller chez un chirurgien esthétique ? Non, je n'en ai pas besoin ! Je me trouve bien dans ma peau !". A vingt quatre ans, elle n'a peut-être pas besoin de se refaire la "frimousse". Quelle sera sa réponse dans 15 ans, le visage ridé, les seins ballants, le ventre flasque…
Une sœur musulmane, elle, nous répond que c'est "hram" alors qu'un chirurgien esthétique
nous avoue qu'il reçoit quotidiennement des femmes voilées et que certains de ses collègues, au Moyen-Orient, ont "lyposuccès" des "mollah" iraniens. Entre la théorie et la pratique, le fossé n'arrête de se creuser.
Alors que l'Islam interdit toute intervention chirurgicale dans un but purement esthétique, les praticiens et patients évoquent la chirurgie réparatrice qui, elle, est tolérée par notre religion. Quelle est donc la frontière entre l'esthétique et la réparation des handicaps physiques? Les interprétations restent aléatoires puisque dès que le psychique de l'individu entre en jeu, le subjectif prend le dessus. Toutefois, sachant que la chirurgie réparatrice inclut le volet esthétique, tous les coups sont permis. La fin justifie les moyens!
Que répondre à ceux qui se présentent apparemment déprimés par une partie de leur physique ? Doit-on qualifier cette intervention comme étant une chirurgie esthétique ? Difficile d'émettre un avis objectif. Doit-on imposer au patient de vivre avec son handicap ? Ou doit-on agir et réparer le mal ? Autant de questions qui ne trouvent comme réponse que le bistouri du chirurgien.
Alors que les chirurgiens esthétiques interprètent leur intervention comme un moyen efficace d'alléger les souffrances physiques et psychologiques du patient, les psychiatres, eux, ont une autre façon de voir. Pour eux, guérir le trouble par un traitement est la première étape à suivre. L'intervention physique peut être superflue si le trouble est la source de la disgrâce.
Ceci étant, face à cet engouement que connaît la chirurgie esthétique au Maroc, notre enquête se propose de vous en démontrer les causes avec l'instauration de nouveaux critères de beauté (lire article : quand les cintres imposent leur loi). Nous traiterons aussi le code éthique des professionnels de la chirurgie esthétique (article: mode d'emploi) ainsi que l'avis des psychiatres sur le sujet (article : dysgrâce physique?). Enfin, nous vous présenterons les points de vue de la religion sur la chirurgie esthétique.


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