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La fibre sociale
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 07 - 2002


Programmes de la gauche
La question sociale demeure une priorité absolue pour la Gauche. Mais-au delà de la surenchère, cet épineux problème ne peut être appréhendé que par le réalisme.
Mot phare : le social. Il y a une vieille tradition mentale qui veut que la gauche s'identifie au peuple. Mouvement ouvrier, avant-garde, parti du prolétariat, toutes ces appellations participent de ce même principe. En ce moment de l'histoire du pays, la situation économique et sociale exige plus que jamais que la gauche soit le porte-étendard des précarisés, exclus, pauvres et autres moins salariés. D'ailleurs, le nombre effarant des Marocains vivant en deçà du seuil de pauvreté sonne l'alarme. Et la gauche s'est toujours voulue l'expression politique des déshérités. Programmes.
Que faire ? Voilà une question, vieille d'un siècle, qui a toujours plu à la gauche. Toutes tendances confondues. C'est une question qui a plu, mais qui a surtout motivé et guidé les hommes et les femmes de la gauche. Ici et ailleurs. Aujourd'hui encore, c'est la réponse à cette question qui donne une idée des programmes des partis marocains de la gauche. Leurs enjeux sont multiples, certes. Mais la variable dominante reste, cependant le volet social. La gauche, USFP, PPS, FFD et PSD surtout, est consciente qu'il faut aller au-delà du programme de gouvernement de transition piloté par Abderrahman Youssoufi. D'où le réflexe et la réflexion presque identiques de ses composantes. Il y a, là-dessus, au moins trois priorités qui se croisent. A tout le moins, trois engagements : Etat de droit, emploi et monde rural.
USFP : au-delà du consensus
L'électorat est sans doute transclassiste ou interclassiste. Mais, il va sans dire que c'est l'audience populaire qui tranche. La majorité des Marocains doit se reconnaître dans le programme des amis de Youssoufi. Ce dernier ne le sait, lui aussi, que trop bien. Pour mieux faire face aux exigences de l'après-transition. Ce qui renvoie en termes du programme USFP, à une politique d'action sociale, publique, solidaire. Le premier engagement, à cet égard, c'est Youssoufi lui-même qui l'a formulé, lors de la présentation des candidats usfpéistes à Rabat : “les grandes lignes du programme que s'engage le parti à mettre en œuvre, a déclaré le secrétaire général de l'USFP, s'appuient sur la question de l'emploi, de la femme et du monde rural”. L'USFP était l'une des premières formations politiques, si ce n'est la seule, à donner un chiffre pour l'emploi dans l'avenir. Les amis de Youssoufi s'engagent à changer, à la baisse, le taux du chômage. Ils prévoient une diminution de 2,5 % d'ici 2007. Le maintien et le développement des services publics ne sont pas le seul atout du programme. La santé, l'éducation et les prestations sociales, dont les chantiers prioritaires ont été ouverts avec l'AMO et la réforme, doivent trouver leurs structures palpables. Autrement dit : l'application et la réalisation in vitro des résolutions qui ont été prises. Tout un programme qui passe par une “distribution équitable des ressources et des fruits du travail”.
PPS-PSD : l'épreuve commune
Deux voix pour un programme. Mais une seule voie : les urnes. Il faut les gagner. En attendant, les camarades d'Ismaïl Alaoui et d'Aïssa Ouardighi s'engagent à mener une économie sociale du marché. Axé sur trois volets, économiques, un rôle plus favorable de l'Etat dans la promotion du secteur privé. Plus que par le passé.
Grosso modo, les programmes de la gauche dite gestionnaire fait la distinction entre l'économie de marché et la société de marché. Où la citoyenneté “passe par la réalité de l'utilité sociale”.
La “consanguinité” , jadis idéologique, qui lie les partis de la gauche marocaine est aujourd'hui d'ordre social. Le PPS, l'USFP, le PDS et le FFD savent beaucoup plus par la gestion des affaires que par la satisfaction idéologique du passé que la crise socio-économique résulte de la déferlante néo-libérale sauvage et triomphante. Que faire revient à mener une politique de proximité qui “réconcilie” le citoyen avec le politique et le rural, le programme précise cinq engagements, dont les deux premiers font un dénominateur commun avec les autres composantes de la gauche. A savoir, l'intégrité territoriale et l'enracinement de la démocratie. Quant aux trois autres engagements, ils ont trait à la formation à la vie quotidienne et à la culture. Ils visent le “développement de la formation des jeunes et l'épanouissement du potentiel humain, les droits sociaux de la femme et de la famille et enfin le respect des valeurs fondamentales et le sérieux dans le travail”.
FFD : social-libéral ?
Les grandes lignes du programme des amis de Thami El Khyari ne diffèrent pas en nature, car elles s'inscrivent dans le même esprit. Un tantinet libéral, l'engagement du FFD s'ouvre plus à l'entreprise. Il entend le présent”. Cette réconciliation passe par le travail : résorber le chômage serait une révolution prolétarienne d'une autre nature. Car créer un emploi, c'est créer un citoyen. Tout un programme.


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