Le Maroc vient de célébrer, ce jeudi 11 juillet 2007, une date-symbole qui avait marqué, il y a de cela 63 ans maintenant, un acte patriotique et une volonté fondatrice de l'indépendance nationale. En effet, le Manifeste de l'Indépendance, préparé dans le plus grand secret entre SM Mohammed V et les nationalistes, et à la barbe des puissances occidentales et occupantes, avait sonné la mobilisation générale du peuple marocain et donné le coup d'envoi à la résistance et à la lutte armée pour la libération nationale. Depuis, ce haut fait d'armes historique a permis à la nation d'accéder à son indépendance politique et de consolider, par étapes, son émancipation économique et socioculturelle, à travers l'œuvre d'édification d'un Etat fort et indépendant et le lancement des chantiers de Règne que sont la démocratie et le développement humain. Poursuivant sa marche dans la réalisation du projet de société moderne et démocratique, l'architecture institutionnelle a été parachevée dans l'optique de la séparation des pouvoirs, l'organisation d'élections tendant vers la transparence la plus complète et la réforme de la loi suprême, dont les deux révisions constitutionnelles de 1992 et 1996. Ces dernières, qui ont permis de franchir un pas supplémentaire dans l'élargissement des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, sont l'aboutissement des luttes menées par le Mouvement national et la Koutla démocratique. Un bloc démocratique, réduit à trois composantes, dont l'alliance stratégique entre les socialistes de l'USFP et les nationalistes de l'Istiqlal, qui maintient le cap du front commun pour les échéances à venir. A l'approche des législatives, probablement en septembre 2007, la pyramide des alliances de la majorité actuelle regroupant tous les démocrates partisans et de la société civile derrière la Koutla élargie aux formations de la majorité gouvernementale et parlementaire, tient bon. Et cherche même du sang neuf en quête de lifting en menant campagne de recrutement dans la pépinière de la jeunesse. Ces alliances centrent leurs revendications sur le credo du «Changement dans la continuité» en ouvrant le débat national autour d'une refonte de la Constitution centrée sur un élargissement des prérogatives du Premier ministre, le renforcement des pouvoirs législatifs de la Chambre des représentants ainsi que la révision des missions dévolues à la Chambre des Conseillers. En effet, celle-ci devra cesser d'être une «chambre des députés bis». C'est à ce prix que le Royaume aura effectué un saut décisif consacrant le passage de la transition démocratique à la normalité politique qui privilégie la décentralisation élargie des pouvoirs, encourage l'exercice de la démocratie de proximité et renforce les capacités d'autonomie régionale. Autrement dit, seul le mot d'ordre de bonne gouvernance, à tous les niveaux et tous secteurs confondus, doit prévaloir sur toutes les autres considérations «politiciennes» et seules les compétences et les potentiels méritants doivent se voir confier les responsabilités adéquates. Ces perspectives d'une démocratisation plus avancée de la société marocaine, ne peuvent progresser davantage sans l'avènement d'un scrutin honnête et transparent, reflétant fidèlement la carte politique du pays et apte à faire émerger un gouvernement fort et responsable. Il est, en effet, impératif, de normaliser définitivement la vie politique et le fonctionnement institutionnel du Royaume, en décidant de ce bond en avant, d'ailleurs préconisé dans le rapport de l'équipe Belfkih, relatif au cinquantenaire sur le développement humain et encouragé par le transfert des recommandations du rapport IER vers le CCDH, propice à une salutaire réconciliation générale de toutes les composantes de la nation. Les choix stratégiques du modèle de société sont tranchés, la volonté existe, il reste maintenant à opérer l'adéquation entre les lois et les discours devant nécessairement se conformer aux pratiques réelles de tous les jours. Et là, c'est un autre défi, autrement plus redoutable et plus complexe que tous les chantiers réalisés et ouverts, celui de doter le pays des conditions objectives et subjectives inhérentes à une démocratie pleine et entière. C'est la meilleure réponse qui serait apportée à nos vaillants résistants et combattants de l'indépendance, signataires du Manifeste de l'Indépendance dont les aspirations à la liberté et à la démocratie ont toujours été pleinement réaffirmées.