Il était clair que les réseaux de trafiquants de drogue allaient se faire rattraper par d'autres activités criminelles. Sebta étant un terrain de jeu très apprécié, les narcotrafiquants se sont très vite rendus à l'évidence qu'il fallait partager ce même terrain de jeu avec d'autres formations criminelles pour d'un côté éviter les désagréments causés par la rivalité, d'un autre se payer les bonnes grâces des groupes islamistes qui fermeront l'œil sur le trafic de drogue. Il faut ajouter que les nouvelles alliances promettaient de faire fructifier les capitaux douteux du trafic. Sans oublier la raison principale qui réside en fait dans le grand projet du Maghreb concocté par les lieutenants de Ben Laden avec le Groupe Islamique des Combattants Marocains et le Groupe Islamique des Combattants Libyens visant à instaurer un grand émirat musulman allant du Maroc à la Libye. Dans la logique des trafiquants, en cas de victoire des islamistes et des groupes terroristes, ils auraient assuré dans la durée de bons rapports avec les nouveaux maîtres des lieux. Ce qui est une logique déjà expérimentée en Afghanistan où la culture du pavot avait ouvert les vannes du pouvoir au régime taliban. Sur le même registre, le trafic des émeraudes avait déjà financé les campagnes militaires contre l'armée rouge lors de la première grande guerre d'Afghanistan. Ceci n'étant pas le privilège des islamistes d'Al Qaïda, cette démarche est l'apanage de tous les groupuscules pseudos politiques qui préparent dans l'ombre des révolutions et autres cataclysmes géopolitiques. A ce titre, l'Amérique latine où l'alliance entre les cartels de la drogue et les mouvements séparatistes de gauche ou proches des Etats-Unis est un exemple frappant, tout comme les coups d'Etat de l'Afrique noire où les diamants et l'or ont propulsé au pouvoir des énergumènes sanguinaires. Aujourd'hui, «la police espagnole, la Guardia Civil et les services secrets espagnoles se sont penchés sur cette thèse que l'on étudie depuis le 11 mars, mais les récents évènements nous apportent plus d'indices sur les relations entre plusieurs types de criminalités » nous confie un membre de l'audience nationale qui pense, par ailleurs, que le danger viendrai plutôt d'Algéziras, qui s'apparente de plus en plus à un corridor monétaire qui facilite un «bon nombre de trafics».