Il est incontestable que la première rencontre nationale regroupant l'ensemble des collectivités territoriales du Royaume, les 12 et 13 décembre à Agadir sous la présidence effective du Souverain, ait dans le même temps valeur de symbole en rompant définitivement avec les séquelles de l'ancien concept d'autorité d'une part, et de puissant projecteur vers l'avenir en plaidant pour des entités urbaines et rurales plus équilibrées et plus décentralisées placées sous le signe de la bonne gouvernance. Ce fut un moment fort que la présidence effective de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui a tenu à conduire personnellement l'ouverture officielle des travaux du premier forum national des collectivités locales. Un forum qui, faut-il le rappeler, très attendu depuis le second semestre 2005 et qui n'avait pas manqué de susciter certaines «convoitises» hors-institutionnelles dans l'organisation de ces premières grandes assises des affaires locales. Forums ou Salons, mais toujours «le premier» quels que soient les instigateurs, chacun y est allé de sa propre musique mais sans déteindre sur les véritables enjeux qui se tramaient dans les «coulisses» préparatoires de la vraie rencontre d'Agadir initiée par le ministère de l'Intérieur. Soigneusement mise en route, elle a également été placée sous les feux de l'actualité en choisissant pour thème : «Développement des villes ; citoyenneté et responsabilité». De la gestion locale à la «décentralisation» élargie Il est de ces concours de circonstances plus que favorables et qui ne cessent d'étonner le monde sur les sauts et rebonds que le Maroc ne cesse de réaliser pour se conformer aux évolutions des sociétés modernes. Hasard des choses ou déterminisme historique ? Toujours est-il que la cadence de décentralisation et de déconcentration adoptée ces dernières années par le Royaume colle aux mutations les plus récentes des démocraties européennes les plus confirmées. C'est le cas pour le fédéralisme des landers allemands en plein exercice d'extension des prérogatives économiques et financières dans la gestion de proximité. Mais c'est aussi le débat d'actualité dans l'Hexagone lancé par Alain Rousset, président de l'ARF (Association des régions de France) en ces termes : «la nouvelle décentralisation doit s'appeler régionalisation». Notamment en revendiquant plus de transferts de pouvoirs en matière de gestion économique, aussi. Et au Maroc, l'on s'achemine dans le même bon sens en adoptant la recommandation fondamentale que constitue la réforme fiscale locale comme outil d'une gestion plus rationalisée et un stimulant de la productivité accrue des forces productives communales. Trois décennies après la promulgation de la Charte communale de 1976 amendée en 2002, le bilan est, certes, appréciable, mais les défis restent énormes. Mais une chose est certaine, c'est que ces trois décennies de mise en œuvre d'une expérience unique dans le genre en matière de gouvernance locale, tant dans le monde arabe qu'en Afrique, ont permis de placer la barre plus haut pour les trois autres à venir. Et toute la logistique suivra, en conséquence, a assuré le ministre de l'Intérieur en soulignant que «Sa Majesté le Roi a tracé un programme d'action pour toute la politique de décentralisation, puisque le Souverain a évoqué la décentralisation élargie et la déconcentration administrative». Ces nouveaux choix requièrent, bien entendu, une nouvelle stratégie gouvernementale et des plans efficients en matière de transferts des compétences de l'Etat central vers les régions et les provinces. «Il s'agit d'une nouvelle impulsion et d'une feuille de route», a précisé Chakib Benmoussa. Pour sa part, le Directeur général des collectivités locales au Département de l'Intérieur s'est attaché à mettre en relief les pistes d'amélioration et de progrès pour les prochains textes incluant les recommandations du colloque national. D'abord, Noureddine Boutayeb a tenu à mettre en avant le grand acquis politique majeur qui a scellé la nouvelle philosophie de ces journées nationales des collectivités locales en la plaçant sous l'angle de «l'approfondissement de la décentralisation». «Cette régionalisation poussée constitue un processus de déconcentration administrative qui devient un préalable urgent à ce grand chantier qui va impacter le mode de fonctionnement de nos institutions». Les rapports des ateliers ont insisté sur des résolutions orientées vers la croissance urbaine, le développement des services publics, le développement des villes, la gestion de la chose publique….