Les Premières Journées nationales sur les collectivités locales à Agadir, en remontant le parcours des acquis capitalisés en trois décennies d'une expérience unique dans le genre au plan régional, arabe et continental, a vite fait de mettre l'accent sur l'essentiel. En effet, plaçant ce premier grand rassemblement des collectivités territoriales, sous le double credo fédérateur de «Citoyenneté» et de «Responsabilité», le ton est donné pour consommer la rupture avec les séquelles des anciennes pratiques d'autorité, en remettant les pendules à l'heure de la démocratie directe et de la bonne gouvernance locale. «C'est l'administration qui doit être au service du citoyen, et non le contraire», avait revendiqué le Souverain, lors de son discours historique d'octobre 1999 de Casablanca, qui fédéra les acteurs de la nouvelle réforme communale autour du «nouveau concept d'autorité». Depuis, bien des mesures de recadrage ont été mises en chantier, des garde-fous contre les dérapages, des audits financiers et comptables se sont mulipliés, bref toute une batterie d'actions qui visait deux lièvres à la fois : moraliser la gestion des affaires publiques locales tout en réduisant progressivement la pression «tutélaire» en stimulant l'essor d'une «décentralisation élargie». C'est le maître-mot qui a symbolisé ces assises auquel a appelé le Souverain et qui s'accompagne impérativement d'une «déconcentration administrative», impliquant dans le même temps, les transferts équivalents en termes de ressources humaines compétentes et financières et fiscales nécessaires. Ces dernières ont constitué la trame des recommandations de la rencontre nationale, en emportant le consensus général autour de la refonte de la fiscalité communale et de la réforme du système financier et comptable des entités territoriales. Ces évolutions qui prennent racine dans le nouveau décor d'une construction démocratique imbriquant intimement Etat et Région, Centralité et Décentration, Global et Local, National et Proximité, configurent assurément, les défis des décennies à venir. Des défis redoutables, complexes et sans cesse renouvelés qui se retrouvent toutes à leurs échelles respectives, déclinés dans les trois grands chantiers de Règne, que sont la Démocratie, l'émergence économique et le Développement humain. Chantiers qui se démultiplient en autant de programmes d'action que nécessitent les besoins et attentes des populations du Royaume mesurées au baromètre du développement durable. Autrement dit, la croissance urbaine, le développement des villes, l'intégration économique du monde rural, la gestion de la chose publique, bref, toutes ces bonnes dispositions manifestées dans les rapports de recommandations à l'issue des journées nationales ne sont plus une question exclusivement tributaire des compétences humaines et de la disponibilité des ressources financières, même d'une extension souhaitée de la décentralisation des pouvoirs et du transfert des centres déconcentrés de décisions. Car le colloque d'Agadir a posé un nouveau jalon dans l'accélération du processus de décentration entamé dans le pays depuis une trentaine d'années, en accordant tous les violons sur le passage de la gestion classique des affaires locales à un mode de «décentralisation élargie». Notre pays a besoin plus que jamais, d'élus intègres, de patriotes sincères et de «stakhanovistes» de proximité, imprégnés des bonnes règles de gestion, exemplaires dans leur conduite, et aptes à la «Bonne Gouvernance». Sur ce registre, le débat est d'actualité dans les démocraties les plus confirmées dans le monde, puisque l'Allemagne débat une extension des prérogatives de ses landers et la France ouvre le chantier de la régionalisation à statut économique plus large. Donc, le Maroc est en plein dans le débat tant au plan domestique avec les assises nationales, qu'international. Et dans les deux cas de figure, les nouvelle résolutions prises reposent toujours sur plus de transparence et de rigueur dans les gestions locales et une gouvernance de la chose publique sans faille. Et au volet de cette décentralisation élargie justement, le Royaume vient de mettre en déroute, à la 4ème Commission onusienne, les adversaires de son intégrité territoriale, en obtenant le soutien ou la neutralité de la communauté internationale sur le projet d'autonomie du Sahara marocain. Seulement là, attention : les confusions sont vite commises lorsque des voix s'élèvent pour réclamer une réforme constitutionnelle avant terme en excipant de la nouvelle donne de régionalisation élargie des provinces du Sud, qu'il faudrait intégrer dans la charte communale ou étendre aux autres collectivités territoriales du Royaume. Une révision de la loi fondamentale du pays, qui n'est envisageable qu'une fois le plan d'autonomie définitivement approuvé par les instances compétentes de droit international.