L'ONCF a mis tous les ingrédients nécessaires dans l'anti-chambre de la future société anonyme SMCF dont l'avènement est « imminent » selon des sources institutionnelles. Une société anonyme qui s'apprête à entrer de plain-pied avec les futurs concurrents et des partenaires champions d'entreprises dans la nouvelle bataille du rail à l'heure de la libéralisation du secteur ferroviaire avec la promulgation de la Loi 52-03 du 7 janvier 2005. Nous sommes fin prêts pour la transformation du cadre institutionnel de l'Office et tous les préalables à l'avènement de la future société anonyme SMCF dans un cadre de libéralisation du secteur ferroviaire national sont réunis », c'est en ces termes que s'est expliqué le Directeur Général Mohamed Rabie Khlie. Ce changement de cadre institutionnel et juridique transformant l'ONCF en société commerciale opérant en marché libre et concurrentiel est juste une question de signature de la convention de concession Etat-ONCF qui devrait ne plus tarder, très probablement dans les jours ou semaines qui viennent.
Un champion des investisseurs publics C'est dans ce sens que l'ONCF a adopté une politique d'investissements volontariste intéressant le développement de la capacité de transport Voyageurs, marchandises et logistiques du secteur d'une part, et le renforcement de sa contribution en tant qu'acteur majeur du développement économique et social national en termes de recrutement d'entreprises, de sous-traitance industrielle, d'externalisation, de création d'emplois à travers les grands chantiers d'infrastructures, d'autre part. Il faut bien retenir que la politique d'investissements mise en œuvre est confortée par deux. Le programme d'investissements a été entériné dans un contrat-programme 2005-2009 entre l'Etat et l'ONCF mobilisant 15,5 milliards DH destinés au financement de l'extension de ses infrastructures de transport, l'augmentation de sa capacité de transport par les doublements des voies existantes, la mise à niveau de ces infrastructures par le renouvellement de centaines de kilomètres de voie ferrée et autant pour les installations fixes d'énergie de traction électrique, la modernisation des systèmes de sécurité, de signalisation et de télécommunication, la construction, l'extension et l'aménagement des gares ferroviaires, la transformation des passages à niveau et leur remplacement par des ouvrages d'art sécurisés et différenciés Les projets phares inscrits dans le contrat-programme dans le chapitre de l'extension du réseau intéressent la nouvelle ligne ferrée Taourirt-Nador longue de 117 km pour un coût de 2,4 milliards DH et la desserte du nouveau complexe portuaire de Tanger-Med sur une distance de 45 km nécessitant plus de 3 milliards DH en investissements. Ces engagements font incontestablement du mode ferroviaire l'un des tous premiers investisseurs dans le secteur public marocain. Au plan de l'augmentation de la capacité de transport, le doublement du grand projet Casablanca-Fès entre dans sa dernière ligne avec l'accélération des travaux de la dernière tranche reliant la capitale spirituelle du Royaume à Meknès. Ce tronçon sera mis en service fin 2006-début 2007 et permettra un gain de plus d'une heure entre Fès et la capitale économique du Royaume. En outre, l'acquisition de 24 rames automotrices à deux niveaux de fabrication italienne pour un marché d'un montant de 2 milliards DH offrant toutes les garanties de vitesse, de sécurité, de confort et de commodités modernes aux standards européens qui seront mises en circulation sur cette partie du réseau permettront d'augmenter l'offre actuelle entre 35 et 40%.
Une stratégie commerciale volontariste Au registre du transport des Voyageurs, cette politique d'investissements vient soutenir et accompagner la mise en œuvre d'une nouvelle stratégie commerciale sélective, basée sur une refonte de la tarification et visant l'extension du modèle des TNR. Elle repose sur les cinq leviers de croissance que représentent un plan de transport mieux adapté et plus spécialisé, un ciblage des marchés porteurs, une amélioration de l'infrastructure et une communication plus large. Quant à la stratégie Fret, elle table sur des objectifs en 2010 de transport de 12 017 000 tonnes de marchandises diverses hors phosphates générant 788 millions de dirhams de recettes. Cette stratégie intègre l'offre logistique basée sur l'augmentation soutenue du trafic des conteneurs avec tous les services associés (stockage, empotage, dépotage.) combinée aux atouts et avantages qu'offre le transport ferroviaire en matière de sécurité, de respect de l'environnement et de la massification des trafics par la formule des « Trains Complets ». Les sites choisis pour l'édification des zones d'activités logistiques à proximité des zones industrielles sont Casablanca, Fès, Marrakech et Tanger. Ces plateformes logistiques seront aptes à assurer des prestations diversifiées et créatrices de valeur ajoutée à travers le stockage, transit et gestion des conteneurs, la collecte et la distribution des marchandises, le conditionnement, étiquetage, tri et contrôle de qualité. En fin, pour le troisième marché stratégique de transport ferroviaire, la dynamique de partenariat entre l'ONCF et l'OCP a permis d'atteindre, en 2005, un nouveau record de 27 Millions de tonnes de phosphates transportés en 2005 après un premier record de 25 Millions de tonnes réalisées, avec les mêmes moyens et dans les mêmes conditions, en 2004.
L'avenir est à la grande vitesse Dans une projection plus prospective, pour les deux ou trois décennies qui viennent, les chemins de fer s'inscrivent résolument dans une vision globale soutenue par l'adoption d'un schéma directeur de la Grande Vitesse ferroviaire. Les études de faisabilité et les financements afférents sont en cours de finalisation pour adopter définitivement les tracés en LGV (Lignes Grande vitesse) et opérer les montages correspondants. Ce projet de la grande vitesse intéresse les principaux grands axes géographiques du Pays pour relier en TGV, à l'horizon 2030, le grand Sud du pays au Nord et à sa partie orientale. Un choix rendu prioritaire en raison de l'insertion du Royaume dans l'économie globalisée par ses accords de libre-échange avec les grandes démocraties du Globe (Union européenne et Etats-Unis) et ses accords avec l'OMC. En outre, la réactivation du grand projet de liaison fixe Europe-Afrique dont l'option du tunnel ferroviaire sous le Détroit de Gibraltar semble tenir la route nous conforte dans nos choix en perspective d'une intégration des infrastructures de transport par rail entre les deux continents.