En lançant une grande première publique sur la mise en œuvre de la réforme portuaire, Karim Ghellab a voulu surtout démentir ses détracteurs en démocratisant le débat impliquant tous les acteurs du secteur. Tout en rassurant, argumentaire solide à l'appui, sur les tenants et les aboutissants d'une libéralisation portuaire dans le Royaume promise à une transparence en règle. D'emblée, il faut reconnaître que le projet gouvernemental de réforme portuaire est bien ficelé dans sa conception, limpide dans son énoncé et équilibré dans la répartition des droits et obligations entre les divers intervenants et prestataires du secteur. Il faut seulement rappeler, pour ceux qui s'entêtent encore à controverser la nouvelle loi en menaçant de paralyser les ports du pays, que le processus d'approbation législative a été marqué par l'adoption à l'unanimité au Parlement de la nouvelle loi en date du 15 février dernier. Avec la précision que celle-ci avait emporté l'adhésion volontaire des professionnels et des partenaires sociaux intéressés. Toux ceux qui redoutaient une « dure épreuve » autrement plus rude que l'open sky pour la libéralisation du secteur aérien devront revoir leur copie car l'ouverture des ports marocains à la concurrence est bel et bien engagée sur des bases claires et convaincantes. Et sur ce chapitre, le très entreprenant ministre de l'Equipement et du Transport a réussi, jusque-là, à remporter toutes les batailles qu'il a livré aux partenaires professionnels et sociaux avec force et arguments. Et même si Karim Ghellab ne s'embarrasse pas de considérations superflues pour ne rien sacrifier aux priorités, il sait mobiliser ses troupes et aller droit à l'essentiel. « On ne choisit pas toujours ses combats, aussi durs puissent-ils être, mais le pays a besoin d'un changement vital et nous n'avons pas de temps à perdre », s'est défendu le « chérubin » du gouvernement Jettou avec lequel il constitue un duo de choc dans les réformes stratégiques qui secouent actuellement le pays. Incontestablement, le ministre istiqlalien a pu, en moins d'une législature, séduire et convaincre pour faire partie de tous les projets structurants en voie de métamorphoser la carte des grandes infrastructures de transport dotant le Royaume de réseaux modernes de déplacements et de voyages. L'accélération de la cadence de construction des routes rurales à 1 500 km par an, c'est lui. Le doublement et plus de la production autoroutière, c'est encore lui. La modernisation et extension ferroviaire, c'est toujours lui. Aussi, Ghellab a été de toutes les réformes les plus délicates tellement elles mettaient en jeu des intérêts divergents et bouleversaient de vielles habitudes rentières. Ces changements ont été concrétisés avec beaucoup de sang-froid et de maîtrise des dossiers, en dépit des énormes pressions et menaces de conflits brandies autour de sa personne. Ce fut le cas pour la libéralisation du fret routier et la modernisation des examens à la conduite routière. Il est difficile de pouvoir dénicher plus grand champion que le ministre de l'Equipement et du Transport d'une logique ferme de mise à niveau des opérateurs et professionnels exerçant dans les secteurs qu'il coiffe. Une mise à niveau qu'il revendique sous le signe de la modernisation et de la compétitivité accrue en s'attelant à expliquer les grandes lignes de la réforme portuaire, ce mercredi 11 octobre au siège de la Wilaya de la région du Grand Casablanca. Une refonte déterminante pour l'avenir de l'économie nationale sachant que 98% des trafics d'échanges extérieurs s'effectuent par voie maritime. « Il fallait mettre un terme à la confusion et à l'amalgame dans la distribution des missions et les attributions entre les divers intervenants de l'activité portuaire nationale » a insisté Ghellab. A ces carences à remédier, il faut ajouter le problème de l'unicité de la manutention à bord et à quai et la prolifération d'une main d'œuvre volante parmi les dockers dont le taux de sureffectif est estimé à 60%. Sans oublier les surcoûts dans la tarification des passages portuaires entraînés par le défaut de mise à niveau des ports marocains, estimés à 30%. Des surcoûts aggravés par les ruptures de charge, les longues manutentions et autres coûts de transit ou de séjour des navires dans les ports. Le ministre a annoncé la bonne nouvelle en promettant une baisse de 30% des tarifs de passage portuaire dès l'entrée en vigueur de la loi en décembre prochain. « La réforme portuaire est venue consacrer les choix de libéralisation économique du Maroc avec le libre-échangisme et l'insertion au commerce mondial », a précisé Ghellab pour lequel la nouvelle loi introduit les atouts de séparation des rôles entre exploitants commerçants et autorité portuaire, d'ouverture à la concurrence et d'unicité de la manutention. Les textes sont prêts, les cahiers de charges en voie de finalisation, les organigrammes des nouveaux acteurs publics SODEP et ANP en voie de bouclage…bref tout est mis en œuvre pour que la réforme portuaire entre dans les faits à compter du 5 décembre 2006. Mohamed Benabdeljalil, Dg de l'ODEP