* L'Odep va se transformer en deux entités : l'ANP et la Sodep. * La réforme permettra de réduire les coûts et d'améliorer les services. * Fin du monopole et début de la concurrence entre les ports et à l'intérieur du même port. La réforme portuaire va démarrer en décembre prochain ; c'est ce qu'a annoncé Karim Ghellab. Le ministre de l'Equipement et des Transports a présenté mercredi 11 octobre les grands axes de cette réforme qui est l'incarnation de la loi 15/02 publiée en décembre dernier. La présentation a été suivie d'un débat avec les différents intervenants ou clients du secteur portuaire. Pour Ghellab, «beaucoup de changements vont toucher les ports marocains à partir de décembre». La loi a défini les structures et les organigrammes nouvellement créés. «Il est question, a-t-il dit, d'une opération de mise à niveau à grande échelle pour répondre aux normes internationales en la matière». Ghellab a précisé que «la réforme n'est pas aussi simple que l'Open Sky, surtout que le secteur assure au Maroc près de 98% de ses échanges», et d'ajouter que «cette opération permettra de corriger les défaillances et, pour ce faire, elle a nécessité un effort colossal en matière d'investissements». Le ministre a rappelé que «sur le plan juridique, l'Office d'exploitation des ports (ODEP) va disparaître en donnant naissance à deux nouvelles entités, à savoir la Sodep et l'ANP». En effet, selon le schéma global adopté, les prestations commerciales seront confiées à une nouvelle entité, la Société d'exploitation des ports (SODEP) alors que celles concernant l'autorité portuaire (capitainerie,...) relèveront de l'Agence nationale des ports (ANP). «Pour aboutir à cette réforme, a indiqué Ghellab, différents chantiers ont été menés, notamment : le partage patrimonial, l'organigramme, la séparation des effectifs, l'analyse des compétences relevant des ressources humaines...». Il a noté que «la réforme a pour objectif principal de mettre fin à la dualité de la manutention portuaire; laquelle dualité aboutissait à une dilution de responsabilité entre l'Odep (chargé des opérations à quai) et les steevedores (chargés des opérations à bord des navires)». «Les changements programmés, a affirmé Ghellab, permettront également de définir précisément les rôles dans les ports, l'Odep ne pouvant être juge et partie. L'Office cumule à la fois des attributions d'autorité portuaire tout en étant lui-même exploitant». En effet, si un équipement portuaire de l'Odep venait à occasionner des dégâts à un navire par exemple, c'est la capitainerie qui relève de l'Office qui se trouverait chargée de dresser le constat. Le ministre a, par ailleurs, soulevé les différentes défaillances de l'ancien système. Il a expliqué que «le secteur portuaire reste très monopolistique et a un impact sur la facturation et, bien sûr, sur le client». «Il y a des surcoûts de passage portuaire par rapport à la moyenne mondiale. L'arrivée de la concurrence permettra d'améliorer les services et de tirer les tarifs vers le bas». Ghellab a avancé «une baisse de 30% des tarifs avec la nouvelle réforme». Pour ce qui est des enjeux de cette réforme, le ministre a affirmé qu'«il y a un décalage de la situation et de la gestion des ports avec la politique de libéralisation adoptée par le Royaume. «L'ancrage du Maroc à l'économie mondiale, surtout avec la signature de plusieurs accords de libre-échange (Etats-Unis, Union européenne, Turquie, pays arabes), exige des ports modernes et une gestion adéquate». «L'ouverture de Tanger Med, a-t-il souligné, accroît la nécessité de mettre à niveau les ports. Ce qui va engendrer une réelle concurrence entre ce port et celui de Casablanca. Le coût de passage à Tanger serait la moitié de celui effectué à Casablanca». Ghellab a insisté sur le fait que «la compétitivité de Casablanca est fondamentale. La réforme a pour finalité de challenger Tanger Med et défendre la place de Casa». «La concurrence, a relevé le ministre, devrait être aussi bien à l'intérieur du port qu'entre les ports. Dans le même port, l'opérateur peut trouver plusieurs quais similaires en terme d'activité, mais ils diffèrent en termes de service et de tarifs. Ce qui va engendrer une différence de coût entre les prestataires». Pour ce qui est de la réforme, «elle doit répondre aux insuffisances par une séparation des missions et une clarification des rôles», a signalé Ghellab. Il a jouté que la Sodep sera mise à concurrence avec d'autres intervenants et qu'il y aura une unicité de la manutention. La Sodep a certes un savoir-faire hérité de l'Odep, mais a un retard sur le plan commercial auquel elle devra remédier. Alors que l'ANP aura le rôle de régulateur à savoir les missions de police, de contrôle des concessionnaires et surtout de veiller à ce que les opérateurs respectent le cahier des charges. Le ministre de l'Equipement et des Transports a rappelé que «le Maroc a un grand potentiel en terme de logistique mais qu'il a besoin d'être exploité de façon adéquate». Mohamed Abbdeljalil, Directeur général de l'ODEP, a affirmé dans son intervention que «l'Office va se transformer en société anonyme et sera soumis à la rude épreuve de la concurrence». Il a reconnu que «le projet a suscité une forte inquiétude, surtout en ce qui concerne les acquis sociaux et l'avenir de certains métiers. Une telle réforme est difficilement acceptable». Abdeljalil a indiqué qu'aujourd'hui le climat social est serein et qu'il y a la confiance des partenaires sociaux. La loi devrait préserver l'équilibre. Le projet a prévu que l'entreprise soit privatisable avec des objectifs de résultats».