* Le projet va donner un coup de pouce aux échanges extérieurs. * La réticence des dockers et des stevedores risque de perturber son application. Dans un contexte marqué par la mondialisation du commerce international, le Maroc a engagé tout un processus de mise à niveau de son économie nationale. Cette mise à niveau devra permettre de répondre aux exigences du développement interne et aux engagements découlant des divers accords de libre-échange contractés par le Royaume avec ses partenaires économiques. Le projet de réforme du secteur portuaire, initié par le gouvernement et conduit par le ministère de l'Equipement et du Transport, s'inscrit parfaitement dans ce cadre. Le projet va démarrer le 5 décembre prochain marquant une nouvelle étape pour les échanges extérieurs du pays. La fin de l'ODEP et de son monopole va marquer l'esprit d'ouverture et de concurrence aux ports marocains. « C'est un projet de réforme globale, intégrant les aspects à la fois juridique, institutionnel, organisationnel, économique, financier et social », a affirmé le ministre Karim Ghellab lors de la présentation du projet à Casablanca devant les opérateurs économiques. Le Maroc assure la quasi-totalité de ses échanges extérieurs à travers les ports, soit près de 97% du trafic avec l'étranger. Ceci implique que ces infrastructures sont amenées à réussir leur mise à niveau afin de répondre aux besoins de compétitivité par rapport aux autres ports de la région et par rapport aux normes internationales. Selon une enquête publiée par la Banque mondiale, les ports marocains sont très mal notés pour ce qui est des prestations de service et de coût de passage. Ainsi, à l'importation, les coûts et délais liés au passage portuaire à Casablanca restent trop élevés. Pour un conteneur, le coût du passage portuaire à ce port (50% du trafic national) est l'un des plus élevés de la Méditerranée. Il est bien supérieur aux tarifs pratiqués en Europe. Dans ces conditions, cela réduit considérablement la compétitivité des produits à l'exportation et renchérit les importations. Mais la réalisation de cette réforme a suscité un vrai bras de fer entre le département de tutelle et certains professionnels du secteur concernés par le projet, notamment les dockers et les stevedores. Une série de réunions ont été organisées pour trouver un accord. Mais chaque partie campe toujours sur ses positons. Même si Ghellab a fait quelques concessions et s'est engagé à assurer l'emploi pour tous les concernés, Saïd El Hairech, secrétaire général du syndicat des dockers, affilié à l'UMT, a indiqué que « la réforme doit prendre en considération les intérêts des 1.090 dockers. Nous ne pouvons signer aucun accord qui ne garantit pas nos acquis, surtout les clauses de la convention collective». Il est à rappeler que la réforme du secteur portuaire a pour objectif de : rehausser le niveau de compétitivité des ports marocains aux standards internationaux ; doter le secteur portuaire d'un cadre législatif et réglementaire adapté aux évolutions futures ; adapter l'offre des services portuaires à la demande du trafic ; mettre à la disposition des opérateurs économiques et des entreprises nationales des infrastructures et des équipements portuaires permettant l'amélioration de leur propre compétitivité. Le projet permet également l'introduction de la concurrence entre ports et au sein d'un même port. « Ceci permettra de créer l'émulation nécessaire à l'amélioration de la compétitivité portuaire et la réduction des coûts », indique-t-on auprès d'une source proche du dossier. Selon la même source, « cela suppose également la régularisation de la situation de monopole de l'ODEP et de celle d'oligopole exercé par les sociétés de stevedoring, conduisant ipso facto à encourager la participation du secteur privé dans les activités du secteur». De même, la consécration du principe de l'unicité de la manutention permettra de mettre fin à la rupture de responsabilité juridique entre le bord et le quai, d'améliorer l'efficacité et l'efficience des opérations de chargement et de déchargement des navires et de réduire les coûts de passage portuaire par une meilleure maîtrise de la chaîne de manutention. Il est à signaler que la loi 15-02 portant réforme du secteur portuaire, et publiée au Bulletin Officiel en date du 5 décembre 2005, prévoit la scission de l'Office d'Exploitation des Ports (ODEP) en deux entités, à savoir : l'Agence Nationale des Ports (ANP) et la Société d'Exploitation des Ports (SODEP), avec toutes les implications en matière de répartition des ressources matérielles et humaines, de séparation des systèmes d'information, d'adaptation au nouvel environnement concurrentiel, de réorientation stratégique, etc. Il est à noter enfin que l'Agence Nationale des Ports exercera ses attributions d'autorité et de régulation sur l'ensemble des ports du Royaume, à l'exception du Port de Tanger-Méditerranée.