LGM : Comment évaluez-vous la politique sociale pratiquée dans l'industrie pharmaceutique ? Omar Tazi : L'industrie pharmaceutique marocaine a créé environ 37.000 emplois directs et indirects. Elle réalise pour le Maroc une économie moyenne annuelle de 1.5 milliards DHS grâce à la fabrication locale. Ceci est un signe fort qui illustre sa contribution à l'équilibre social. Avec une moyenne annuelle d'investissement de 300 millions DHS, le nombre des ressources humaines des laboratoires pharmaceutiques marocains devra naturellement augmenter. Par ailleurs, les laboratoires pharmaceutiques marocains sont connus par leur dynamisme en matière de recrutement. Connaissant une forte dynamique de développement, ces laboratoires recrutent en permanence et absorbent annuellement une importante masse salariale issue notamment des facultés de médecine et de pharmacie. Leur objectif est d'encourager l'enseignement scientifique marocain notamment dans ces deux spécialités. Quelles sont les contraintes auxquelles vous vous heurtez dans le cadre de cette politique ? Il faut savoir d'abord que depuis sa naissance, l'industrie pharmaceutique marocaine a choisi d'être créatrice d'emplois. Sa contribution dans le développement social du Maroc par la création de nouveaux emplois ne peut qu'être félicitée. Vous me direz que c'est normal puisque d'autres secteurs économiques le font déjà ? Je vous réponds que, pour l'industrie pharmaceutique, la question ne se pose pas à ce niveau. Pour la majorité des laboratoires pharmaceutiques marocains, le passage vers des lignes de fabrication automatisées est à portée de main. Le choix des lignes semi-automatiques a été justement fait d'une part, parce que les séries fabriquées sont généralement de petite taille, et d'autre part pour préserver les emplois créés et encourager la création d'autres. Par ailleurs, le profil des ressources humaines d'un laboratoire pharmaceutique n'est pas le même que dans d'autres secteurs économiques. Ce sont des salariés extrêmement qualifiés et spécialisés. Leurs niveaux de rémunération et d'avantages sociaux dépassent, en conséquence, la moyenne pratiquée dans d'autres secteurs industriels. Le SMIG n'est pas pratiqué dans l'industrie pharmaceutique. Si l'on s'amuse à faire une comparaison avec un autre secteur économique, on peut dire qu'avec la masse salariale d'un laboratoire pharmaceutique, on peut recruter deux fois plus de salariés dans une autre usine industrielle. Ceci s'explique par la nature différente du travail au sein d'un laboratoire pharmaceutique où les salariés sont tenus d'être vigilants et de s'imprégner de l'esprit pharmaceutique pour éviter tout geste pouvant avoir des conséquences sur la qualité des produits fabriqués. Ils sont tenus d'être toujours propres, en bonne santé et d'utiliser des matériaux (masques, blouses, etc) directement jetables après utilisation. Aussi, l'encadrement au sein des laboratoires pharmaceutiques est très important et peut atteindre jusqu'à 20 % de la masse salariale. Que direz vous en matière de formation ? Avant de répondre à cette question, je vous rappelle que malgré les efforts fournis par les laboratoires pharmaceutiques marocains dans le domaine social, nous regrettons l'absence d'un soutien effectif de la part des pouvoirs publics et politiques. Nous regrettons aussi l'absence d'une convention collective pour éviter dans le futur des mouvements et des conflits sociaux. Il est très important de comprendre que l'industrie pharmaceutique a besoin de croître. Pour cela, les salariés des laboratoires pharmaceutiques doivent préserver leurs acquis et ceux de cette industrie et la pousser à être compétitive surtout que l'on se prépare à l'ouverture prochaine des frontières. Par ailleurs, je voudrais inviter les pouvoirs publics et les groupes économiques nationaux de soutenir matériellement cette industrie. Une fois que le code de la pharmacie sera mis en application, les pouvoirs publics sont invités à se pencher sur les coûts élevés des facteurs de production ainsi qu'à nouer des liens politiques et administratifs avec les pays amis et partenaires pour encourager l'export. L'industrie pharmaceutique a aussi besoin de partenariats dans le domaine de la synthèse des matières premières. Pouvant prendre la forme de prise de participation dans le capital des sociétés pharmaceutiques marocaines, ces partenariats vont se traduire par une baisse du prix de revient et une augmentation de la valeur ajoutée des produits fabriqués les rendant par conséquent compétitifs sur le marché international. En matière de formation, l'industrie pharmaceutique marocaine reste très dynamique. Les budgets alloués à la formation restent parmi les plus importants en matière de politique RH. Les formations s'adressent à tous les salariés, tous niveaux et grades confondus. Elles couvrent également des formations spécifiques destinées aux cadres qui peuvent avoir lieu aussi bien au Maroc qu'à l'étranger.