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Le tombeau de Sidi Belyout, rescapé de l'histoire de Casablanca
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 07 - 2006

À la fin du XIXe siècle, tout proche de Bab Sidi Belyout, se trouve Er Rah' ba ou marché aux grains. Le tombeau de Sidi Belyout occupe l'angle sud-est de la muraille. La ville est une forteresse dont on ferme les portes au coucher du soleil. Elle est circonscrite dans l´enceinte de l´ancienne médina. Seul le cimetière de Sidi Belyout se trouve en dehors. Et le port de Casablanca n´existe pas. Dans la journée, les maraîchers vendent leurs marchandises, hors murs le long de l´oued.
Pour accueillir les premiers Européens arrivant par la mer, seul un palmier chétif et poussiéreux, pousse contre le mausolée de Sidi Belyout ; leur premier contact avec l'Afrique ! Le lancement de la construction d'un modeste tronçon de chemin de fer à Casablanca, partant de la darse d'un port alors quasi inexistant vers la route de Rabat, met le feu aux poudres. La traversée du cimetière jouxtant le mausolée de Sidi Belyout enflamme les habitants de la Chaouia. Une attaque se solde par la mort de sept ouvriers portugais et espagnols travaillant au chantier de la société Schneider. La France met à profit l'incident pour faire intervenir sa marine de guerre déjà prête. Des bombardements intenses précèdent le débarquement des troupes dans une ville assiégée par les tribus, à moitié détruite par les obus et jonchée d'innombrables cadavres d'animaux et d'humains confondus. La férocité de combats fait de nombreuses victimes de part et d'autre. C'est ainsi que l'histoire de notre rail commence. La gare Casa Port sera fondée par les troupes coloniales, sur l'ancien cimetière de la ville, cimetière de Sidi Belyout, suite au massacre de 1907. Dans les années qui suivent le débarquement de 1907, le processus d'occupation des sols s'engage. Il se traduit par des implantations industrielles dispersées à proximité du port, par des lotissements de sociétés foncières fraîchement débarquées ou par des initiatives privées. L'un de ces nouveaux investisseurs écrit à l'époque : « Il s'agissait de changer d'un seul coup d'œil le vieux bled en pays civilisé. Les pays civilisés… ça se vend et ça s'achète, à tant le mètre carré. Et j'ai été le premier à comprendre qu'il fallait tout de suite acheter beaucoup de mètres carrés, au meilleur prix possible et en vendre encore plus cher que personne n'imaginait… ». Casablanca avec en premier les environs de Sidi Belyout, devient l'eldorado des lotisseurs. Derrière le port, c'est toute la ville de Casablanca qui fait office de porte pour le Maroc utile.
Le goulet d'étranglement du passage obligatoire entre le cimetière de Sidi Belyout et les camps façonne la ville. Les premiers quartiers européens se regroupent autour des terrains militaires qui garantissent une protection éventuelle contre la menace des tribus de la Chaouïa. Ce quartier de Sidi Belyout devient un véritable pôle de développement de la cité. La minuscule Anfa portugaise du XVIe siècle disparaît petit à petit dans la nouvelle ville qui l'enserre, la pénètre et l'efface en la transformant aux abords du port. Dès lors, le dessin adopté pour ce port n'est pas sans conséquence sur le tracé et l'occupation de la ville nouvelle de Casablanca. La grande jetée construite face à la médina n'a pas d'effet sur la ville. Mais une forte pression va s'exercer sur une portion du rivage, délimitée par la jetée transversale, attenante au nouveau port. C'est par cette partie du bord de mer que transitent désormais tous les échanges entre ce principal port marocain et le monde occidental. Mais un problème se pose : près de la moitié du front de la ville est encore occupé par le cimetière musulman faisant face au marabout de Sidi Belyout. Il ferme l'accès à la ville juste face à l'axe du port. Les plans de Prost pour s'étendre vers la mer sont bloqués par cet obstacle infranchissable : le cimetière se situe entre les nouveaux bâtiments et le port. C'est ainsi que dès 1913, la création et le développement du port de Casablanca, passe par une modification des voies d'accès à la ville, attenantes à la médina et encore très faiblement occupées.
L'objectif de faire de cette cité un grand port et une ville industrielle est quasiment atteint au milieu des années 20.
Le déplacement des tombes est à la fin des années 20, la condition sine qua non de la réalisation de projets reliant la ville et son centre commercial, à l'Atlantique. Le quartier situé entre la place de France et la mer prend un statut de centre d'affaires. Il donne à la ville un essor considérable. Le développement combiné de Casablanca et de son port, en fait pour les nouveaux arrivants, le seuil du nouveau Maroc. Ce sas urbain ne cessera de solidifier à la fois, sa fonction de lieu de transit et celle de centre spécifique, fixant les capitaux et les populations. Sidi Belyout ne se limitait donc pas à un simple sanctuaire. Le tombeau était entouré de nombreuses infrastructures sociales inhérentes au fonctionnement d'une zaouia : lieu d'asile pour les gens de passage et les vagabonds, lieux d'enseignement, maison de charité pour les populations avoisinantes… Le sanctuaire de Sidi Belyout était donc à l'origine une véritable et imposante zaouia qui allait de la gare Casa-port actuelle jusqu'aux immeubles et hôtels prestigieux avoisinants. Son périmètre a été réduit à une peau de chagrin dès l'arrivée des premiers colons européens. La rade de Casablanca (et le terrain de la zaouia) étant très convoitée, les Européens s'empressèrent de construire une gare et des immeubles à l'emplacement du cimetière qui entourait le tombeau du saint patron de la ville. En 1948 d'ailleurs, une petite annonce parue dans le journal Le Paris propose un échange d'appartements entre Paris et Casablanca. La pratique est courante. La ville est prisée par tous les chercheurs de rêve. Le marché de l'immobilier s'épanouit et grappille chaque jour plus de terres. Le cimetière de Sidi Belyout est au tout début, le tombeau de trois grands saints de la ville : Sidi Belyout, Sidi Maârouf et Sidi Boulefaâ. Il est le premier à passer sous les bulldozer. Sidi Maârouf est déplacé vers son adresse actuelle. Nul ne sait ce qu'est devenu Sidi Boulefaâ ( détruit ou simplement déplacé ?). Seul Sidi Belyout échappera à ce déracinement. Les décombres du cimetière ont donc accueilli l'avenue des FAR. C'est aussi là que la Métro Goldwyn Mayer choisit de s'installer pour la première fois.


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