Les discothèques sont connues pour être un endroit de divertissement et d'amusement. On y danse, on y boit, on fait des rencontres et… on rentre. Malheureusement, ce n'est souvent pas le cas. Ce genre d'endroits devient une véritable invitation à la mort, plutôt qu'à l'arnaque. Une affluence particulière caractérise les discothèques en cette période d'été. Jeunes immigrés, simples visiteurs ou habitants même de la ville se rafraîchissent le corps et la mémoire avec des sorties en boîte. Ceci, certes, est vrai pour toutes les villes du Maroc. Cependant, à Casablanca, vu sa grandeur et les multitudes de ses bars, cabarets et discothèques, il s'agit d'une ambiance toute particulière. Il est vrai que l'infrastructure de ses débits de boissons est meilleure qu'ailleurs. Il est vrai aussi qu'on y a l'embarras du choix. Mais on se demande bien à quel prix. Il y a un an, sur la Corniche casablancaise, au restaurant « La Réserve », joliment transformé en bar de luxe et en dancing, un jeune homme a été sauvagement tabassé par les portiers. Il a succombé à ses blessures une fois dans une clinique et l'établissement a fermé ses portes depuis. Il se présente maintenant dans le paysage de la côte casablancaise, agréablement aménagée, comme une ruine. Ce qui en reste, est un semblant d'immeuble délabré où squatteront encore des S.D.F. en quête d'un abri pour siffler leur alcool à brûler. Il y a quelques semaines, un jeune homme marié, père d'une fillette, a été lui aussi tabassé à la sortie d'une autre boîte de nuit. En face de ce même établissement, à la sortie d'une autre boîte de nuit, deux Espagnols, hommes d'affaires, un avocat et sa femme dirigeante d'une société, ont été battus par deux ogres. Ils ont appelé la police, sont allés aux urgences, ont eu des certificats médicaux et ont porté plainte. Les deux videurs ont été arrêtés pour être relâchés le lendemain, sans souci aucun. Les plaintes sont restées lettre-morte au commissariat de police. Tous les soirs, à la sortie des bars, il suffit de faire un tour pour voir des êtres humains se faire jeter comme du poisson pourri par des « bulldozers » à la tête rasée. Ce qui est curieux, c'est que cela n'arrive qu'à la fin, à l'approche de la fermeture. Quand le mauvais alcool fait perdre au client le nord et lorsque le patron et ses filles de joie lui ont vidé les poches, tous les prétextes sont bons pour en faire un ivrogne perturbateur, un indésirable à jeter comme un mouchoir en papier. Ces scènes aussi horribles que dégoûtantes sont devenues monnaie-courante devant les bars et les cabarets. Lorsque les victimes de ces portiers, engagés pour tuer, gardent les pieds sur terre et s'en vont déposer une plainte, celle-ci n'aboutit presque jamais. Ce n'est que lorsqu'il y a décès que la licence est retirée et l'établissement fermé. Si l'on a cité les exemples des établissements de la Corniche, ceux du centre ville ne sont pas à l'abri. Il n'y a qu'à faire un tour du côté du boulevard Allal Ben Abdellah, la rue Mohammed Smiha, l'avenue Hassan II, Mers Sultan, le boulevard Mohammed V… pour ne citer que ceux-là. On sent la mort tout simplement, à la place du diverstissement et de l'amusement !