« Après l'heure, ce n'est plus l'heure » dit le vieil adage français. Approchant la cinquantaine, une institutrice accepte avec ferveur une invitation au mariage. Elle y laisse la peau des…C'est un gendarme, croit-elle, qui a su l'embobiner ! Une institutrice, exerçant dans une école privée à Casablanca, en mal d'amour, a noué contact avec un fonctionnaire. Un homme, gendarme de son état. Les rencontres suivaient d'autres et voilà que l'institutrice en question se montrait complètement disposée au mariage. Elle ne voulait plus de ce statut de vieille jeune fille. Les sorties se multipliaient et le couple décida le mariage. Juste établir l'acte de mariage autour d'une table, à la maison, au milieu de membres au nombre très restreint et très proche de la famille. Ils en ont décidé ainsi parce qu'ils ne voulaient pas faire trop de tapage et préféraient garder l'argent de la fête pour compléter la somme d'achat d'un appartement au lieu, disent-ils, de gaver des ingrats. Ainsi, l'institutrice, après la conclusion de l'acte de mariage et les moments de bonheur qui l'ont suivie, sort toutes ses économies de vieille célibataire endurcie, vend ses bijoux et donne le tout à son mari. Celui-ci cherche et en moins d'une semaine trouve et achète un appartement qu'il met en son nom. Pourquoi pas ? Après tout, ils sont mari et femme ; ils s'aiment et l'argent n'a aucune valeur devant ces moments joyeux que l'institutrice vient enfin de vivre dans la légalité et le plein respect des membres de sa famille. Elle ne pipe mot. Au contraire, elle meuble l'appartement et commence sa vie d'épouse convenable et avenante malgré les tracasseries de la classe surtout de l'enseignement dans le privé. Passent quelques jours de bonheur et de douceur et voilà que le mari, en bon gendre, suggère à son épouse d'aller rendre visite à sa mère. Une façon de revenir fraîchement au foyer parental, après les moments de joie intense. L'institutrice passe l'après midi, puis la nuit, puis le week-end… Le mari ne donne pas signe de vie et elle se dit que ce devrait être l'une des contraintes du travail… Le lundi, elle s'en va à ses cours et à midi elle rentre le plus naturellement du monde chez elle, dans son nouvel appartement. Ce nid d'amour dont elle a rêvé depuis toujours. La clé coince. Elle refait la tentative et essaie toutes les clés de son trousseau. Aucune n'était la bonne. Voilà que la porte s'ouvre de l'intérieur et apparaît une dame en tenue de chambre. Elle demande à l'institutrice, qui était ébahie, les raisons de son acharnement ! - Quoi, chez toi ? Ton mari ? Mais depuis quand ? La bonne femme s'insurge et fini par imposer sa qualité d'épouse du gendarme, acte de mariage à l'appui. L'institutrice a été traitée de tous les noms. Et assommée, elle rebrousse chemin et ne va pas à l'école l'après-midi. Elle rentre chez ses parents et essaie de trouver des explications à ce qui lui arrivait. Mille et mille versions ont été faites. On lui conseille cependant d'aller chercher l'acte de mariage qui devait être rédigé dans sa version finale. De traces, il n'y en avait point, parce qu'il n'y en a jamais eu. Elle ne sait plus à quel Saint se vouer. Elle cherche encore et fait tourner l'histoire dans sa tête plusieurs fois. Elle laisse tomber les cours et fait le tour des commissariats de police et des enceintes des tribunaux pour comprendre à la fin que ceux que son mari a ramenés le soir de l'acte n'étaient pas des Adouls ; mais seulement des amis avec un registre noir acheté pour l'occasion. Ce qui est bizarre, c'est que ni elle ni personne des membres de sa famille ne savaient que dans ce genre de liaison, une enquête de l'état major est nécessaire. L'institutrice a été virée de l'école à cause de ses absences répétitives. Elle se retrouve sans mari, sans appartement, sans travail, sans honneur, sans bonheur… Elle court les tribunaux pour prouver qu'un soir, un homme est venu chez ses parents demander sa main !