Les premières Assises nationales de la production audiovisuelle et cinématographique organisées par le ministère de la Communication, l'Association des entreprises du secteur de l'audiovisuel (ASESA) et la Coalition marocaine de la culture et des arts, qui se sont tenues à Casablanca le vendredi 7 juillet, ont été l'occasion de soulever de nombreuses questions, et surtout proposer des solutions pour le secteur de l'audiovisuel et du cinéma. C'était prévu. On ne pouvait regarder en spectateur les intempéries qui balayent le secteur de l'audiovisuel et de la cinématographie. Il y avait surtout les prémices d'un véritable travail de fond que laissaient prévoir les changements au niveau de la télévision marocaine, la radio, le fonds d'aide à la cinématographies, la HACA et d'autres indices efficaces. Les assises nationales sont donc dans la lignée logique de tout ce travail de longue haleine. Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdallah, a annoncé, vendredi 7 juillet à Casablanca, la création du Fonds de soutien à la production audiovisuelle nationale qui sera financé par les autorités publiques et la coopération internationale. Benabdallah a précisé que son département contribuera à ce fonds, qui s'inscrit dans le droit-fil des avancées notables réalisées par le secteur, par un montant de 10 millions de dirhams. Rien de plus concret. Il ne s'agit pas de donner dans la littérature la plus béate, mais proposer par des actes, des solutions. Chose faite, et ce n'est « qu'un début » nous dit le ministre. Dans ce sens, l'argent, nerf vital du secteur, devra être le moteur pour plus de sérieux, plus d'implication, une réelle réflexion sur l'avenir de l'audiovisuel et du cinéma au Maroc. Et là, on ne peut échapper aux risques, aux problèmes que connaît ce domaine. Chose salutaire, et le ministre et le directeur de la SNRT, Fayçal Laârichi, sont conscients, qu'il faut agir, dans l'urgence. On a donc identifié les obstacles, le diagnostic étant des plus réaliste, reste à œuvrer pour guérir, apporter les soins qu'il faut à un secteur très malade. Passer en l'espace de quelques années de plus de 200 salles de cinéma en action, à 73 salles ouvertes aujourd'hui, au Maroc, c'est un constat qui fait peur. Cela, les responsables le savent. Et c'est rassurant. Fayçal Laâraïchi, président-directeur général de la Société nationale de la radio-télévision (SNRT) et de SOREAD-2M, a mis en exergue les réalisations enregistrées dans le secteur, soulignant que ce domaine compte désormais parmi les secteurs industriels les plus en vue, à travers une attention particulière à la qualité, à la formation et à la formation continue de ses ressources humaines. Laâraïchi a mis en évidence l'ouverture indéniable sur les boîtes privées de production qui sont passées, en un laps de temps, de 5 ou 6 à plus de 25 sociétés de production, soulignant que cette ouverture est le fruit d'une nouvelle politique basée sur la création de nouvelles chaînes. Il a aussi mis l'accent sur les rapports entre les deux sociétés (SNRT et SOREAD-2M) et les producteurs extérieurs qui se sont multipliés par trois ces dernières années, annonçant dans la foulée la mise en oeuvre prochaine du système numérique. Autre sujet important de ces assises, la production audiovisuelle et cinématographique amazighe. On a insisté sur la volonté de poursuivre la coopération fructueuse avec l'Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM) et de déployer davantage d'efforts afin de surmonter les entraves pour donner à la langue et la culture amazighes la place qui leur échoit dans le champ audiovisuel et cinématographique nationaux. Un bon point qui vient boucler la globalité de la culture marocaine dans sa diversité. Au cours de cette journée, les workshop ont été importants. Des thèmes débattus comme les ''relations production/diffusion : état des lieux et perspectives'', la ''production et collaborateurs à la création'' ou le ''financement et soutien du secteur'', autant de sujets cruciaux pour mettre le doigt sur ce qui doit être fait dans les plus brefs délais. Le piratage, ce fléau Le piratage, comme on s'y attendait, a fait l'objet de longues discussions lors de ces assises. Lors de la séance tenue sous le thème: les "" « relations Production/Diffusion : état des lieux et perspectives"", plusieurs intervenants se sont mis d'accord sur le rôle néfaste joué par le piratage au Maroc. Le piratage qui constitue un problème majeur auquel font face les producteurs, les distributeurs, les auteurs et les artistes et qui entrave le développement de l'audiovisuel et du cinéma. Ce développement est également affecté par la réduction aussi bien du nombre de salles de cinéma que du public cinéphile, l'augmentation des impôts et l'importation des films, ont indiqué des participants à cette séance, insistant sur la nécessité d'intégrer les professionnels au comité de lutte contre le piratage et de les exonérer d'impôts. D'autres questions liées à la problématique du développement du secteur de l'industrie en matière d'audiovisuel, dont celles de l'assurance, du financement, de l'investissement et de la relation avec les banques, ont été également abordées, lors de la même séance. On a aussi mis l'accent sur le recul du soutien des institutions financières aux activités culturelles, en dépit de la contribution de ces institutions au développement économique du pays. Sans oublier la nécessité de définir la relation entre le producteur, le distributeur et les chaînes de télévision, relation qui doit être à base contractuelle. Les recommandations Les participants aux premières assises nationales de la production audiovisuelle et cinématographiques, ont clos leurs travaux vendredi soir à Casablanca, par l'adoption de recommandations visant à stimuler le secteur de l'audiovisuel et cinématographique. Les participants ont ainsi recommandé la mise en place d'une charte pour la production nationale définissant les règles essentielles à respecter par les parties concernées par le secteur de la production, ainsi qu'une convention collective entre les producteurs et les collaborateurs dans le domaine de la création. Ils recommandent également l'institutionnalisation des relations entre les producteurs de la radio et de la télévision, et la possibilité pour les sociétés de la production de bénéficier du Fonds de garantie, la création d'un Institut national de formation pour les métiers de l'audiovisuel, la création d'un fonds de soutien pour la production audiovisuelle et la mise en place d'une stratégie pour la mise à niveau des salles cinématographiques. Les participants ont aussi appelé à l'application des textes et des clauses des cahiers de charges qui régissent le domaine de l'audiovisuel et à l'encouragement de la production nationale amazighe en la matière.Ils ont proposé également le soutien de l'art de la musique et la chanson nationale, la mise en application des règlements régissant la propriété intellectuelle et la lutte contre le piratage, ainsi que la promulgation d'un guide regroupant tous les textes réglementaires du secteur. Ils ont aussi recommandé la tenue d'un festival national pour impulser la production nationale audiovisuelle. Il a aussi été décidé la mise en place d'un comité de suivi chargé de la poursuite de l'exécution des recommandations.