L'Agence urbaine veille au grain. A l'intérieur de Marrakech, l'urbanisme suit désormais l'arrêté de mise à l'étude qui interdit les constructions sur certaines zones à préserver et ne les autorise qu'au compte-gouttes dans d'autres. A l'extérieur de la ville, une seule villa doit être érigée par hectare évitant aux communes rurales d'être submergées. "Si Marrakech séduit tant le monde, c'est grâce à son urbanisme. La seule ville-jardin du Maroc, et peut-être l'unique en Afrique, est jalouse de cette harmonie entre ses espaces verts et ses zones habitées et de l'équilibre entre villas et immeubles. Si Marrakech continue à tenir le haut du pavé, "c'est en partie grâce à son Schéma-directeur d'aménagement et d'urbanisme (SDRAU) homologué en 1995», nous rappelle Abdelouahed Fikrat directeur de l'Agence urbaine de la ville. Ce SDRAU constitue le document de référence donnant l'ensemble des orientations de la ville. C'est notamment ce dernier qui propose le développement des villes-satellites, dont Tamansourt est la première concrétisation sous l'impulsion royale. Alors que Casablanca a choisi de ne mettre en application qu'une très petite partie de son schéma-directeur, Marrakech a privilégié la discipline. Mais, la pression urbanistique des 10 dernières années a fait que certains écarts ont pu être constatés. Les autorités ont réagi afin de sauver les parties qui n'avaient pas encore subi les affres de cette intenable demande. Un arrêté de mise à l'étude a été adopté afin de conserver le vrai visage de la ville et de parer à l'anarchie qui guettait la Perle du sud. Marrakech a été divisée en trois zones par cet arrêté de mise à l'étude. Dans la première, les autorisations de construire étaient gelées, dans la deuxième, elles étaient données au cas par cas après une étude minutieuse, alors que dans la troisième, il fallait simplement respecter le plan défini. Par exemple, le centre de Gueliz qui était une zone limitée à R+2 et R+3, l'arrêté a jugé bon d'aller au-delà de quatre niveaux afin d'harmoniser ce que les nombreuses dérogations avaient fini par institutionnaliser. La maîtrise de l'urbanisme a été ainsi érigée au rang de priorité. La Médina devait être sauvegardée vaille que vaille. De grands aménagements sont également projetés et même mise en œuvre actuellement. Concernant les grands aménagements, les environs de la Menara bénéficient ainsi des grands projets touristiques comme celui de Fours seasons qui est sur les rails avec un investissement de 850 millions de dirhams. De même, au niveau de la Koutoubia, le transfert du Consulat de France permettra de repenser les espaces verts et redessiner les routes. La restructuration urbaine a également droit à ses grands projets. Elle touchera le site du marché de gros qui sera transféré, mais également, la cité de police de même que l'ancienne zone industrielle d'Asli. Mais le plus gros de ce travail reste à venir. En effet, Marrakech s'apprête à créer un nouveau pôle urbain de 600 ha à l'endroit où se trouve actuellement le Camp Ghoul. De même, une nouvelle zone touristique sera ouverte à Zahra Nakhil sur près de 180 ha. Mais la question qui se pose est de savoir si la ville pourra résister à la pression malgré l'ensemble de ces mesures. D'autant que l'immobilier devient de plus en plus cher à l'intérieur de Marrakech. Il faut donc impérativement penser à l'extension de la ville et résoudre aussi les poches d'insalubrité dues à des habitats clandestins. Pour ce qui est de l'extension de la ville, il n'était pas question de laisser se développer Marrakech de manière indéfinie. L'extension se fera ainsi grâce à des villes satellites en renforçant notamment les centres existants. Ainsi, à l'extérieur immédiat de Marrakech on ne tolérera que des habitats dispersés qui seront d'une moyenne d'une villa à l'hectare. La promotion immobilière anarchique n'a donc pas droit de cité. Avec les autorités de l'Aménagement du territoire, l'Agence urbaine a déjà commencé à faire émerger des idées concernant ces villes-satellites de Marrakech afin de leur donner une certaine vocation. "C'est tout naturellement que Sidi Ben Othmane pourrait conserver sa vocation industrielle, alors que Tnin Oudaya, aux bordures de l'Oued N'fis, serait agricole. Tahanaout au sud des montagnes de l'Atlas serait quant à lui une ville stellite éminemment touristique", explique Abdelouahed Frikrat le directeur de l'Agence urbaine.