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La grande guerre des petits partis
Publié dans La Gazette du Maroc le 26 - 06 - 2006

Que voilà la guerre qui risque d'être la grande bataille des petites formations. À l'origine de cette mobilisation, le code électoral et notamment les dispositions ayant trait au seuil requis pour la redistribution des sièges et autres conditions liées aux prochaines élections. Les partis, dont la minceur avérée, depuis qu'ils participent aux élections, ne fait pas de doute, crient déjà au scandale, sinon a l'exclusion. Certains agitent déjà le boycott. Récit.
La majorité, faut-il le rappeler, s'est mise d'accord sur le mode du scrutin qui régira les prochaines législatives. On en retient essentiellement un seuil de 7 % aussi bien au niveau régional que national. Pour les partis de la gauche dite non gouvernementale, c'est une sentence mûrement réfléchie de la part des grands partis, pour au moins les pénaliser, sinon les condamner à disparaître. Donc, il y a volonté de nuire. Ils auraient aimé trouver dans le PJD un allié de circonstance, rien de tel n'a eu lieu. Lui-même présent lors de la séance de travail ayant réuni les partis de l'opposition et le ministre de l'Intérieur, le parti islamiste a, au contraire, fait peu de cas des soucis de la gauche. Il n'en a cure, en fait. Pris de court, les hommes de la gauche radicale ont profité de l'occasion pour descendre en flammes les partis de la majorité. "Désormais, laissent-ils entendre, le PJD ne fait pas l'ennemi numéro un de la coalition, mais ce sont au contraire les partis minoritaires qui servent de cibles". En fait, les petites formations sont loin de donner les leçons, car elles-mêmes fruits de scissions, toujours élitistes, elles se sont trouvées au pied du mur. Les majoritaires autoproclamés se sont trouvés sans défense.
Que faire ? La question fétiche, d'un maître à penser des radicaux, Lénine, revient sur toutes les langues. Une partie, déjà citée, tente de faire le choix le plus facile certes, mais qui plus est, n'est plus de mise : le boycott. Les plus avisés, eux, songent à demander l'arbitrage royal. Une certaine presse qui a pris l'habitude de faire écho à leurs coulisses a même laissé entendre que les partisans de l'arbitrage ont été " implicitement encouragés pour le faire ". Ballon d'essai ou réelle alternative ? Quoi qu'il en soit, l'essentiel est peut-être ailleurs : dans un réflexe fédérationniste autour d'un grand parti de gauche. Ce choix a, au moins, le mérite de mobiliser toutes les sensibilités de gauche. Aussi, les rancunes, qui ont, selon toute vraisemblance, la peau dure, ne servent pas un aussi grand dessein que celui de l'unité des forces de progrès. Au lieu de céder à un prirut particulariste, il vaut mieux, peut être, rêver grand. Il y va d'ailleurs de l'avenir de la chose politique au pays, mais aussi de la politique au sens noble du terme. Garder un statu quo n'est, en ce sens, pas la meilleure manière de faire évoluer l'échiquier politique vers une polarité qui sauvera la gouvernance des démons de la balkanisation. Un destin collectif de la gauche serait peut-être un passage obligé pour que la gauche reste dans la course. A méditer.


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