Trois cents détenus islamistes marocains en grève de la faim depuis le 2 mai ont "suspendu" leur mouvement après des négociations avec le ministère de la Justice. L'accord obtenu porterait sur une solution politique définitive pour leur libération par étapes et sans conditions, et ce dans les plus brefs délais. L'épilogue est rassurant, ne serait-ce que pour la santé de 300 détenus islamistes condamnés pour terrorisme, suite aux attentats du 16 mai de Casablanca. Ceux-ci ont accepté finalement de mettre un terme à leur grève de la faim entamée depuis le 2 mai 2006. L'annonce de ce début de dénouement, vital, c'est le moins que l'on puisse en dire, a été faite jeudi 1er juin par l'association Ennassir de soutien aux détenus islamistes, après un mois d'abstinence alimentaire volontaire. La veille, lit-on dans le communiqué d'Ennassir, les deux parties, à savoir les représentants des grévistes et les responsables du ministère de la justice, sont parvenues à un accord mettant fin à une grève de la faim qui n'a que trop duré. «Des promesses, qualifiées de sûres, nous ont été données concernant notre libération par étapes et sans conditions, dans les plus brefs délais», peut-on lire dans le communiqué de l'association Ennassir. Les détenus grévistes affirment qu'une commission du ministère de la Justice leur a signifié que leur dossier «est entre les mains des plus hautes autorités du pays qui cherchent un règlement et une solution politique définitifs». «Nous suspendons notre grève pour permettre aux concernés de concrétiser ces promesses loin de toute tension», expliquent les détenus dans leur communiqué rendu public. Tentation de récidive Quels que soient les faits qui leur sont reprochés, les détenus islamistes ont réussi donc à obtenir des promesses des pouvoirs publics pour que leurs dossiers soient réexaminés et leurs procès révisés. Leurs revendications vont de la libération immédiate à l'ouverture d'une enquête neutre et transparente sur les attentats du 16 mai, en passant par l'octroi de garanties de conditions de détention dignes dans les prisons, en attendant l'élargissement. Dans leur communiqué, qui porte la signature des prisonniers d'opinion et de foi, les grévistes déplorent «la détérioration de leurs conditions de détention dans les différents établissements pénitenciers du pays». Jusqu'à aujourd'hui, ils ne sont que 700 détenus de la Salafiya Jihadiya sur 2000, à peu près, à purger des peines d'emprisonnement pour leur implication directe ou indirecte dans les attentats de Casablanca. Selon l'administration pénitentiaire, les détenus islamistes qui ont bénéficié des mesures de la grâce royale, prononcées à l'occasion des fêtes nationales et religieuses, sont au nombre de 315. Bien qu'ils aient été, eux, poursuivis pour des chefs d'accusations qui ne sont pas, pourtant, légers, ils ont été toutefois, relâchés dans la nature avec le risque d'une tentation de récidive qui n'est jamais définitivement évacuée.