Les conserveries Cartier Saada et le manutentionnaire Mediaco vont s'introduire en bourse. Il s'agit désormais d'une certitude, puisqu'ils n'attendent plus que le visa du conseil déontologique des valeurs mobilières. Ce serait la petite société de bourse Finergy qui a encore frappé un grand coup. Deux autres introductions seraient dans le pipe. Oui disait que c'était la fin des introductions en bourse 2006 ? Sans doute, quelqu'un qui semblait oublier que les petites et moyennes entreprises étaient décidées à profiter plus que jamais des avantages qu'offrent, actuellement, la bourse des valeurs de Casablanca. En effet, deux PME, l'une de l'agroalimentaire et l'autre des BTP, ont décidé de sauter le pas et de rejoindre les 56 entreprises cotées à Casablanca. Il s'agit de Cartier Saada et de Mediaco basées respectivement à Marrakech et à Casablanca et qui ne sont, jusqu'ici, connues que de leur clientèle auprès de qui elles ont chacune une excellente réputation. Cartier est bien dans un secteur de produit de grande consommation. Cependant, si cette conserverie de fruits et légumes est méconnue du grand public, ce n'est pas tant parce qu'elle est petite que parce qu'elle est orientée vers l'étranger. En effet, cette PME réalise plus de 92% de son chiffre d'affaires de 70 millions de dirhams annuels à l'export. Cartier est le prototype de l'entreprise familiale à la différence près qu'elle a fait le pari de la transparence. La décision de s'introduire en bourse en est la meilleure preuve. Pourtant, Hassan Debbarh, directeur général de l'entreprise et fils de l'un des fondateurs, préfère mettre l'accent sur un autre volet : la qualité des produits de l'entreprise. D'ailleurs, selon lui, c'est cette dernière qui a permis de conquérir le marché international. Mais l'histoire de Cartier Saada est encore plus longue à raconter. Tout à commencer en 1948 à Marrakech. Maurice Cartier, crée la société Cartier, spécialisée dans la confiture d'abricot et le demi-abricot pour la pâtisserie (produits de très haut de gamme). Il faut dire qu'à cette époque, la capitale touristique du Royaume offrait une bonne production agricole pour ce fruit. Ainsi, pendant seize ans, l'entreprise a fait de ces deux gammes de produits sa principale activité. Les produits enregistrent beaucoup de succès sur le marché de l'export. En 1965, elle élargira son activité. Coup du sort ou pas, la société Cartier qui était mitoyenne d'une autre entreprise familiale spécialisée dans les fruits et légumes, Saada, va se rapprocher de cette dernière. Les deux entreprises familiales avant-gardistes vont tout simplement faire tomber le mur qui séparait leurs deux unités de production. C'est cette fusion, pratique inédite à l'époque, qui a donné naissance à la société franco-marocaine « Ets Cartier Saada S.A ». En 40 ans, la petite société Marrakchia devient l'une des meilleures ambassadrices de la qualité des produits marocains à l'export. Actuellement, la marque Cartier est bien installée en France, dans les pays du Benelux, en Allemagne, en Autriche, au Japon, en Amérique du Nord, en Chine, en Nouvelle-Zélande et dans les pays scandinaves ainsi que dans certains pays africains. Si, durant cette période, le métier de l'olive est resté l'activité phare, représentant, à lui seul, 60 % du chiffre d'affaires, l'entreprise a exploité d'autres niches : le concentré de tomate, la distribution. D'ailleurs, cette introduction en bourse aurait un seul objectif : la poursuite de cette stratégie. Il est question du doublement de la capacité de production qui est, aujourd'hui, estimée à 6000 tonnes. Concernant Mediaco, on pourrait, tout autant, en dire autant, sauf que le schéma est légèrement différent. En effet, il s'agit de la société Maroc Métaux qui, elle aussi, a été fondée dans les années 1940 par une famille marocaine. Cependant, en 2000, la société française Mediaco à la poursuite de son développement internationale se tourne vers la PME marocaine et la vente est conclue après de rudes négociations. Il faut dire que le choix du Maroc n'est pas le fruit du hasard. En effet, les nombreux chantiers qui caractérisent les pays en développement, offrent naturellement d'importantes opportunités pour une entreprise comme Mediaco qui fait du Gobal Renting Services, c'est-à-dire la location de matériel de transport, de grues et autres logistiques pour les chantiers de construction en tout genre. En tout cas, depuis cette date, la société Maroc Metaux Mediaco ne fait que gagner de plus en plus de clients parmi les plus grands noms du BTP grâce, notamment, à sa réputation de numéro un en France dans son domaine d'activité. Car, faut-il le rappeler, elle compte dans l'Hexagone quelques 70 agences, 1500 employés et un parc de 500 grues télescopiques de 20 à 800 tonnes, c'est la 3ème entreprise de levage en Europe. Par ailleurs, elle a une forte présence internationale avec ses 30 agences dans les autres pays européens et Mediaco International implantée également en Algérie et en Tunisie. Par ailleurs, l'entreprise développe d'autres activités comme le stockage et le transport de produits liquides. Elle dispose de 100 000 m3 de stockage liquide à Marseille, Béziers, Vitrolles, Imperia, Gênes et Casablanca. Au Maroc, elle est, d'ailleurs, la seule entreprise possédant une grue de 800 tonnes. En matière de chiffre d'affaires, Mediaco Maroc aurait enregistré un chiffre d'affaires 2005 proche de 120 millions de dirhams en croissance de 30% par rapport à 2004. C'est dire que toutes les conditions sont réunies pour aller séduire d'éventuels investisseurs et collecter les fonds nécessaires à son développement. Car l'activité de Médiaco est, sans consteste, promise à un bel avenir, compte tenu des nombreux chantiers d'infrastructures, de transport routier et ferroviaire, mais également des nombreux projets d'aménagement tel que celui de la Marina et de la baie de Casablanca, de Saphira et de Amwaj à Rabat ou encore du développement des 5 zones balnéaires du plan Azur. Aujourd'hui, Mediaco acquiert son matériel grâce au leasing qui reste, malgré tout, très coûteux. Il ne fait donc aucun doute que l'introduction en bourse permettra d'agir sur ces coûts de financement en lançant des emprunts obligataires ou encore en procédant si nécessaire par augmentation de capital.