Savez-vous que les Anglais n'ont pas de constitution écrite ? C'est vrai que la constitution est un rapport de forces politiques écrit ou coutumier qui est approuvé par référendum. Elle est la loi des lois. Le Maroc comme démocratie qui se cherche, a connu une évolution lente marquée par diverses constitutions. Aujourd'hui avec l'avènement de Mohamed VI et les pas en avant, réalisés dans la construction de l'Etat de droit et l'amélioration relative des libertés publiques, certains groupes politiques pensent qu'il faudrait accélérer la réforme de la constitution surtout en limitant les pouvoirs du Roi Article 19, l'article 24 par la nomination du premier ministre ayant obtenu la majorité des sièges au parlement et les articles 81 et 82 concernant la séparation des pouvoirs. Les amazighs demandent aussi la reconnaissance de la constitution de l'amazighité du pays. Si ces reformes trouvent une justification de théorie politique indiscutable, elles restent d'un grand risque de dérapage sur le plan politico social. D'abord, la démocratie politique conjuguée avec l'analphabétisme et la pauvreté ne peut donner que des députés élus soit par ou pour leur argent ou par leur machiavélisme obscurantiste. Ensuite, les partis politiques et leurs élites actuelles sont incapables de gouverner par manque de démocratie interne et par déficit de maturité politique se traduisant non seulement par l'absence de projet de société mais également par népotisme, corruption et clientélisme à outrance. Enfin, la liberté sans démocratie économique est un grand risque de dérapage social. En réalité, avant de parler de la réforme de la constitution, ne serait-il pas plus pertinent de se demander pourquoi celle qui existe n'est pas respectée ? Pourquoi la volonté de changement de sa Majesté trouve une farouche résistance sur le terrain ? Notre pays a vécu pendant plus de 40 ans sous la domination de la culture politique makhzénienne qui a atteint son apogée par la méfiance totale et générale à tous les niveaux. Avant de parler de constitution, rétablissons d'abord la confiance entre les individus, entre les institutions et surtout entre la société et l'Etat. Cette confiance demanderait une nouvelle culture politique dont la base serait une réforme économique et sociale garantissant l'accès à la santé et à l'école à tous les marocains ainsi qu'une justice qui garantirait à tout un chacun, ses droits et sévirait aussi contre celles et ceux qui délaisseraient ou négligeraient leurs devoirs. Il me semble que chercher une réforme de la constitution tout de suite est certes un noble objectif mais qui nécessitera une maturité économique et sociale.