Cet admirateur de Cartier-Bresson est passé avec bonheur de la photo au cinéma. Tarfaya, son dernier film, est sur les écrans marocains depuis le 13 avril. Le cinéaste Daoud Aoulad Syad passe difficilement inaperçu. Ses dreads partent dans tous les sens, formant autour de lui une sorte d'aura sombre. Celle-ci, toutefois, déteint davantage sur ses personnages, dont aucun n'échappe à une forme de douce mélancolie, que sur sa personne, qui ne se départ jamais de sa joyeuse humeur marrakchie. Dans Tarfaya (2004), sa dernière réalisation, sa caméra suit Meriem, une jeune fille tentée par l'exil. De son histoire, on ne saura pas grand-chose. Le film nous la donne à voir au présent, déboussolée, sans passé ni avenir. Et chacune des séquences où elle apparaît, perdue dans un océan de dunes puis de vagues, est une vraie photo. Pas étonnant, car, avant de devenir cinéaste, Daoud Aoulad Syad a été (et reste) photographe. « Mon premier contact avec l'image remonte à une exposition d'Henri Cartier-Bresson. J'avais 22 ans et j'étais étudiant en physique à Nancy », se remémore celui qui fut le premier dans son quartier natal, Riad Zitoun à Marrakech, à décrocher le bac. « En sortant de cette exposition... "...suite de l'article avec notre partenaire Jeune Afrique..."