Avec l'ouverture imminente de la session parlementaire d'automne au titre de l'année 2013, les responsables marocains seront amenés à trancher de manière décisive sur plusieurs questions économiques devenues carrément vitales pour la population, dont la fameuse problématique du déficit budgétaire et celle des caisses des retraites. Le débat ne risque guère de manquer dans les halls et les salles de l'Hémicycle, surtout que certaines questions épineuses, comme la réforme de la Caisse de compensation et l'indexation partielle des prix du carburant sur le cours du baril de pétrole, ont déjà fait l'objet de polémiques au sein des deux Chambres du parlement. Cette session automnale sera également l'occasion idoine de s'atteler sur le prochain projet de loi de finances 2014, qui devrait en fait traduire les orientations de la majorité et décliner la teneur de la Déclaration gouvernementale. On peut dire que le gouvernement est attendu sur plusieurs gros dossiers pour cette rentrée. Des dossiers auxquels il ne saurait se soustraire, tant ils constituent des enjeux capitaux pour le Maroc. Etant des exigences des bailleurs de fonds, notamment du Fonds monétaire international, les réformes des systèmes de retraite et de la compensation constituent des impératifs majeurs pour l'équilibre et la pérennité des finances publiques nationales. Ce sont tout autant des dossiers très complexes, avec des enjeux socio-économiques pour le moins importants. Raison pour laquelle d'ailleurs, tous les gouvernements qui ont précédé celui de Benkirane en ont fait une priorité. Des réformes de cette envergure requièrent certes la prise de mesures pour le moins "impopulaires" et qui ne plairont pas tout le monde et dont les conséquences politiques pour la majorité au pouvoir peuvent être parfois coûteuses. Il en est de même pour la réforme fiscale, très attendue par le patronat et les observateurs, tant le système actuel, en plus d'être complexe, est foncièrement inéquitable. Le patronat attend d'ailleurs avec impatience de voir la mouture du projet de Loi de Finances 2014, laquelle, normalement, devrait au moins contenir quelques recommandations issues des dernières Assises nationales sur la fiscalité. Tous les indices convergent ainsi pour dire que la prochaine rentrée sera "exceptionnelle" de par l'importance des discussions devant ponctuer les questions d'actualité, dont l'élaboration du projet de budget et des lois organiques relatives à la mise en œuvre des dispositions de la Constitution de juillet 2011. Sur le front social, les débats devraient s'articuler autour de la capacité du gouvernement de répondre aux attentes de plus en plus pressantes des citoyens, particulièrement celles prévues par le projet de budget en matière d'emploi, de santé et d'enseignement. Toutefois, au terme des différents débats sur les finances publiques, des décisions audacieuses sont attendues de la part des parlementaires et du gouvernement, surtout que la problématique du déficit budgétaire est devenue impérieuse, alors que plusieurs macro-économistes la lie strictement au budget énorme consacré à la subvention des prix des produits alimentaires de base et du carburant, qui s'élevait à plus de 50 milliards de dirhams (MMDH) en 2012, alors qu'il n'en dépassait par 15 MMDH quelques années auparavant, surtout que le déficit du Trésor est lui-même évalué à un peu plus de 50 MMDH. Cette rentrée parlementaire est également celle du réaménagement stratégique d'un bon nombre de partis, à l'instar de l'Istiqlal, qui a choisi de jeter l'éponge et de rejoindre les rangs de l'opposition, aux côtés de l'USFP, pour protester contre ce qu'il juge être des mesures gouvernementales "antipopulaires, qui pénalisent directement le pouvoir d'achat des citoyens", en référence aux deux augmentations successives qu'ont connues récemment les prix à la pompe, entre autres politiques prises par le Chef du gouvernement, M. Abdelilah Benkirane, "sans prendre en compte l'avis des autres composantes de la majorité". Par ailleurs, à quelques jours du lancement de ladite session parlementaire, les négociations se poursuivent pour la construction d'une nouvelle majorité gouvernementale, le Rassemblement national des indépendants (RNI) acceptant le principe de faire partie de la deuxième version de l'exécutif tout en restant "critique vis-à-vis de plusieurs décisions récemment prises par ce dernier", rapportent certains quotidiens marocains, dont bon nombre d'éléments de la lettre de cadrage de la Loi de finances 2013, qui vient d'être élaborée par M. Benkirane. MAP